Dordogne : l'emblématique statue de l'Homme Primitif des Eyzies, 5 tonnes, nettoyée à la brosse à dents

Elle est l'emblème du Musée National de la Préhistoire. Une sculpture monolithique monumentale de trois mètres de haut, qui n'avait jamais subi de rénovation depuis son installation en 1931. Pour rajeunir le géant de pierre, on le rénove à la vapeur d'eau, et à la brosse à dent !

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Paul Dardé  (1888-1963), sculpteur héraultais viveur et excentrique, aimait le massif et la taille directe. On lui doit notamment un faune égrillard de 14 tonnes qui hante malicieusement le musée de Lodève.

Les canons de l'époque

Concernant l'Homme Primitif, il a été réalisé en 7 ans et pour 50 000 francs de l'époque. En 1931, lorsqu'elle fut érigée en présence du respectable Ministre des Beaux-Arts Paul Léon, la statue fit polémique. L'Homme Primitif symbolisant un néandertalien ne cadrait pas vraiment avec le style auquel on était habitué. En lui accordant une posture et une musculature relativement simiesque, Paul Dardé avait pourtant respecté la vision qu'avaient les chercheurs de Néandertal en 1900.

Quand Néandertal devient Cro-Magnon

Avec le temps, et un certain mépris envers son créateur, l'esprit populaire toujours taquin s'arrangea donc pour préférer voir dans ce Néandertalien un Homme de Cro-Magnon. Il s'y habitua, et finit par en faire le symbole massif, emblématique et internationalement connu du Musée de la Préhistoire sur la terrasse duquel il trône, à hauteur respectable, et avec une vue à 180 ° imprenable sur la vallée de la Vézère.

90 ans de veille, ça use

90 ans plus tard, l'Homme était toujours debout, mais il avait un peu perdu de sa superbe. La faute aux intempéries, aux lichens, aux incontinences ornithologiques et aux pots d'échappement qui ont fini par ternir la pierre blonde de Lodève affectionnée par Paul Dardé. C'est là qu'interviennent Nathalie Mèmeteau et Caroline Botbol, restauratrices chargées de prendre soin de la peau de l'Homme.

À l'eau, quoi

Pour cela, quatre ingrédients magiques : vapeur d'eau, huile de coude, scalpel et brosse à dent. Depuis le 6 septembre et pendant trois jours, les deux femmes sont aux petits soins pour l'Homme, décapant en douceur chaque centimètre carré de surface, n'utilisant que des produits naturels doux pour remettre la pierre à neuf. Un chantier sécurisé et en hauteur, alors que le Musée reste ouvert à la visite. Comme un baume protecteur, l'Homme sera ensuite enduit d'une fine couche à base de chaux. Un lifting et un soin de la peau à 7 000 euros. Parce qu'il le vaut bien.

 

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