C'était l'une des entreprises phares du périgord. Au lendemain de sa liquidation judiciaire les salariés se sont retrouvés une dernière fois sur le site. Le coeur gros.
"C'est un gâchis, on avait l'outil, on avait tout ce qu'il fallait. C'est insensé" se désole Nadège Begaule, représentante des employés.
Ce vendredi 29 avril une partie des 236 salariés des Nouvelles Menuiseries Grégoire se sont rendus une dernière fois sur leur lieu de travail. La veille, le tribunal de commerce de Périgueux avait prononcé la liquidation judiciaire de cette société emblématique du périgord vert.
Une fin brutale que personne n'osait imaginer. "On a toujours eu une petite lueur d'espoir" reconnaît Michel de Resende l'un des dessinateur-métreur de l'usine. "Des entreprises avaient visité les locaux donc on s'attendait à avoir quelques offres même jusqu'à jeudi. Et en fait, non, rien".
Une solide entreprise familiale
L'histoire des Menuiseries Grégoires remonte au début du siècle dernier.
En 1907, un certain Francis Grégoire ouvre un atelier où il fabrique notamment des cercueils. L'entreprise prospère et connaît un fort développement dans les années 80 et 90 avec l'industrialisation de la fabrication de fenêtres en bois, en alu et en PVC.
Toujours dirigée par la famille Grégoire, elle emploie jusqu'à 700 personnes dans les années 2000. Avant d'être vendue à des investisseurs.
"Je suis entré ici le 18 avril 1983" témoigne, au bord des larmes, Serge Cové l'un des plus anciens ouvriers de l'usine aujourd'hui proche de la retraite.
J'ai commencé en bas de l'échelle, je termine ouvrier qualifié. J'ai une boule au ventre. Cette entreprise elle m'a fait vivre, j'ai connu sept dirigeants qui m'ont donné de l'argent pour pouvoir m'habiller, avoir une maison, tout simplement vivre. Et arrive ce qui nous arrive. C'est triste. Moi je suis né ici, c'est une page d'histoire qui se tourne.
Serge Cové - 39 ans d'anciennetéSource : France 3 Aquitaine
Ultimes livraisons
"Quand on a connu l'entreprise à la belle époque on a du mal à croire que tous ces bâtiments seront vides lundi" confie Michel de Resende, du bureau d'étude.
Dans les ateliers, nombre de fenêtres sont posées, inachevées. Elles ne seront jamais terminées.
Au stock, un agent logistique s'active. "On est en train de livrer tout ce qui peut être livré aux clients qui ont payé des acomptes. La marchandise est fabriquée donc on leur envoie" explique t-il en chargeant un camion.
Son téléphone ne cesse de sonner. Les clients s'inquiètent. "Je ne sais pas quoi leur répondre" avoue t-il. "Tout ce qui n'est pas sorti de fabrication, c'est mort. Et la fabrication est terminée depuis hier soir donc il n'y a plus rien qui sort".
Dans un bureau du site, certains ont déjà rendez-vous avec des professionnels de Pôle Emploi.
"Aujourd'hui c'est fini, c'est fini. Il faut se tourner vers l'avenir" nous dit un des opérateurs machine, Xavier Banier, tout en reconnaissant être très affecté par cette "grosse page qui se tourne".
Il espère, comme ses collègues, retrouver rapidement un emploi ou pouvoir suivre une formation pour se réorienter. Il attend désormais de recevoir sa lettre de licenciement.
Voir le reportage de Colyne Rongere et Bertrand Lasseguette :