Périgord : les fouilles archéologiques souffrent aussi du coronavirus

Impactées par la crise actuelle, de nombreuses campagnes de fouilles, programmées ce printemps et cet été en Périgord, devront être remises à plus tard. Les archéologues doivent réfléchir à la façon de reprendre leurs activités de terrain, tout en les conciliant avec les impératifs sanitaires.

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La fin du printemps est généralement une période propice pour les fouilles. En Dordogne, les sites archéologiques se remplissent et les truelles entrent en action pour dégager ossements, silex, et autres vestiges dont le Périgord est riche.

Mais cette année, aucune campagne n'a encore commencé. Et l'incertitude plane sur le moment où elles pourront avoir lieu. En Périgord, 25 opérations étaient programmées ce printemps et cet été. "Quasiment toutes devront être reportées à l'automne" déplore Gérald Migeon, le conservateur régional de la DRAC (la Direction régionale de l'action culturelle).

Des sites souvent exigus

Si la question ne se posait pas en période de confinement, reste désormais à savoir comment organiser la reprise quand les équipes pourront de nouveau se rendre sur place. D'abord parce qu'il n'est pas sûr que les hôtels et restaurants puissent les accueillir durant leur mission. Ensuite parce que la configuration des sites elle-même, selon Gérald Migeon, pose un vrai problème :

En Dordogne, beaucoup de fouilles ont lieu dans des grottes. La promiscuité est donc inévitable. Et même en plein air, certaines équipes sont parfois concentrées sur une zone de 3m²... comment faire ?"

Tant que le virus circulera et que les règles de distanciation devront être respectées, difficile d'engager des fouilles dans leur configuration habituelle.

Une nécessaire réorganisation

Sur les lieux qui le permettront, les archéologues envisagent donc de revoir leur façon de travailler. Car, même si les opérations sont décalées au mois de septembre, il est fort probable que les règles sanitaires soient encore strictes à ce moment-là.

Il faudra séparer les personnels : ceux qui fouillent seront à 2m les uns des autres, le tamisage se fera à l'écart, etc. La taille des équipes sera aussi réduite.

Des ajustements déjà délicats sur les chantiers classiques, qui regroupent en moyenne 5 à 10 personnes, mais d'autant plus ardus sur les chantiers-école qui, avec les étudiants, grimpent à 20 ou 25 personnes. Le cas de ces derniers a déjà été tranché : le nombre de jeunes accueillis sera divisé par deux. Un crève-coeur, pour Mathilde Regeard, du service d'archéologie départemental de la Dordogne :

Leur cursus a déjà été fort impacté par l'arrêt des cours, et cette expérience du terrain est indispensable. Cette génération d'étudiants va être vraiment pénalisée.

De l'analyse et des études préventives

Les chercheurs vont-ils rester désoeuvrés tout l'été ? Certainement pas car, même si on l'oublie souvent, une bonne partie de l'archéologie s'effectue en laboratoire.

Nombreux sont ceux qui profitent de cette période pour se plonger dans une réactualisation des prélèvements déjà effectués, c'est à dire à analyser de manière plus précise des objets déjà collectés.

Quid des travaux, conditionnés à l'exécution d'un diagnostic archéologique préventif ? "Il y en a peu de prévus, et devraient pouvoir reprendre rapidement" assure Mathilde Regeard. "Ce sont davantage des études que des fouilles, ajoute Gérald Migeon, et comme ces diagnostics ne regroupent généralement que 3 ou 4 personnes, ils sont beaucoup plus simples à organiser".

Dans ce cadre, l'activité du service départemental devrait reprendre dès cette semaine.
 
Les journées de l'archéologie annulées
Chaque année, plusieurs sites de Dordogne participent aux Journées européennes de l'archéologie. Cette année, les Hauts-Fourneaux de la Forge d'Ans ou encore le Bastideum de Monpazier devaient accueillir les amateurs de vieilles pierres. Initialement prévues les 19, 20 et 21 juin, ces trois journées sont annulées.
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