La Première Guerre mondiale a fait un million et demi de morts, dont 16 000 Périgourdins. Peu de familles ont été épargnées par cette tragédie. Et aujourd'hui, beaucoup de gens sont à la recherche d'informations sur leurs ancêtres impliqués. Quelles sont les ressources disponibles, comment faire pour trouver de la documentation ? Un journaliste de France 3 a fait les recherches.
Comment faire revivre l'histoire de nos ancêtres soldats morts pour la France il y a plus de cent ans ? Votre première démarche pourrait être de consulter les archives départementales. Le site des Armées est aussi une source d'information qui vous renseignera sur votre ancêtre.
Registres matricules des soldats
Les archives départementales de la Dordogne, situées à Périgueux, disposent de 800 registres matricules. Les noms de tous les appelés y sont consignés sur des fiches individuelles depuis 1878. Les documents sont consultables sur place ou bien en ligne sur le site des archives, les documents ont tous été numérisés.
On trouve souvent le signalement physique de l'homme en question, et même parfois des remarques sur son niveau d'instruction. Et ensuite, toute sa carrière militaire.
Maïté Etchechoury, directrice des archives départementales de Dordogneà France 3 Périgords
Les fiches contiennent de manière détaillée toutes les affectations du soldat.
Site des Armées
Notre journaliste Bertrand Lasseguette s'est mis à la recherche de son arrière-grand-père qui vivait dans les Pyrénées-Atlantiques. "Il s’appelait Gratien Daugareilh. Il était paysan, je ne dispose d’aucune photo le représentant. Il est né dans une ferme au bord de l’Adour, à Sames. Son nom figure sur le monument aux morts de son village, mais on ne savait rien de ce qu’il est devenu. Pour m’aider dans ma recherche, j’ai demandé l’aide d’un collègue journaliste, féru de généalogie. En quelques clics, il a pu faire la lumière sur le destin de Gratien", explique notre confrère de France 3 Périgords. "Dans la famille, on disait qu'il était parti à la guerre et qu'il n'était pas revenu".
Pour leurs recherches, nos journalistes se sont documentés sur le site Mémoire des hommes qui est le portail culturel du ministère des Armées mettant à disposition du grand public de nombreux documents numérisés issus du fond des armées.
Gratien Daugareilh a été recruté à Bayonne et il est mort de ses blessures à l'hôpital militaire de Périgueux le 11 octobre 1915.
Florian Rouliès, journalisteà France à Périgords
La famille de Bertrand Lasseguette n'est pas originaire de Périgueux. "Cette première information est un choc. À part moi, notre famille n’a aucun lien avec le Périgord. Gratien est donc mort à Périgueux. Dans un lieu devant lequel je passe tous les jours. L’espace Mitterrand qui fut un hôpital militaire. Sa sépulture se trouve au cimetière du nord".
Grâce à internet
Notre confrère décide de partir sur les traces de son arrière-grand-père jusque dans la Marne où il a été blessé. Grâce encore à internet, il a pu obtenir d'autres informations sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France. "J'apprends où il a été blessé. Au bois Baurain, dans l’Argonne, aux confins de la Marne. Dans cette vaste forêt. On peine aujourd’hui à discerner l’empreinte des tranchées", raconte Bertrand Lasseguette sur son ancêtre.
Le 14 juillet 1915, Gratien a participé à un assaut terrible qui a tué ou blessé 1350 hommes. Sur internet, on peut trouver le rapport sur cette boucherie.
Bertrand Lasseguette, journaliste
Gratien Daugareilh y fut blessé à la cuisse. Évacué à l'arrière jusqu'à Périgueux. Il meurt trois mois après.
Cette année, pour la première fois à la Toussaint, ce poilu mort pour la France en 1915 a eu droit à des fleurs. Bertrand Lasseguette était ému de retrouver la tombe de son ancêtre et d'avoir pu faire revivre un pan de l'histoire familiale. Sa grand-mère en revanche n'aura jamais su où était enterré son père.