Crise du logement. "On avait jamais vu une demande aussi importante" : à la campagne aussi, les locations à l'année sont difficiles à trouver

Le phénomène n'est pas propre aux stations balnéaires : en Dordogne aussi, il est difficile de trouver à se loger à l'année, alors que les locations saisonnières abondent. Les logements sont rares... et chers. Quant aux logements sociaux, trop peu nombreux pour répondre à la demande, ils sont pris d'assaut.

 Le phénomène se ressent aussi bien en ville qu'en zone rurale. Une location de vacances se trouve sans difficulté, une location à l'année est devenue rarissime, et extrêmement coûteuse.
Les propriétaires-bailleurs ont tous le même objectif : valoriser leur bien au mieux, avec la meilleure rentabilité et le moins de contraintes possibles. Dans un département touristique comme la Dordogne, il se passe la même chose que dans les stations de bord de mer, ils préfèrent de plus en plus souvent louer à la saison ou pour de courtes durées plutôt qu'à l'année. 

"C'est en tension, dû au nouveau DPE (Diagnostic de Déperdition Énergétique, ndlr) et dû au fait qu'il y a beaucoup de locations saisonnières sur le Sarladais et alentour", confirme cette agente immobilière du Périgord Noir." Il y a de plus en plus de gens qui ont le couteau sous la gorge pour pouvoir partir", explique-t-elle, devant un classeur gonflé des demandes de location qu'elle a reçu récemment. "Des fois, sur Leboncoin, on ne met les annonces qu'une demi-journée parce qu'on a tellement de demandes que pour les gens, c'est au forcing !"

Disparition des locations bon marché

Les familles les plus impactées sont celles aux revenus modestes. Dans un marché raréfié, les bailleurs privilégient de solides garanties et ont augmenté les tarifs. Une maison isolée en campagne peut désormais se louer 800 euros, contre 500 il y a quelques années à peine. La chasse aux passoires thermiques, via le diagnostic énergétique DPE, a aussi fait disparaître du marché les logements les plus abordables. Les propriétaires préfèrent les transformer en locations estivales, moins contraignantes, ou bien, ils ont fait les travaux et veulent rentabiliser avec un loyer plus élevé, ou encore, ils ont vendu. 

Des logements sociaux pris d'assaut

Conséquence : la demande de logements sociaux explose en Dordogne. Dans le département, on estime que 80 % de la population serait potentiellement éligible au logement social. Les 9 600 logements de Périgord Habitat, de loin le plus gros bailleur du département, ne suffisent plus à la demande qui a littéralement explosée ces dernières années. "Au début des années 2020, on était à 5 000 demandes en attente, un chiffre assez régulier depuis plusieurs années, explique Séverine Genneret, la directrice de Périgord Habitat. Depuis 2021-2022, le chiffre ne fait que monter, pour arriver en début d'année 2024 à plus de 8 000 demandes en attente. On n'avait jamais vu une demande aussi importante ni aussi rapide, et ça s'est accéléré en 2023."
Des chiffres bien plus élevés que la moyenne nationale, l'augmentation est de 30 % en Dordogne contre 16 à 18% au niveau national.

Dans les années 2020, le délai d'attente pour obtenir un logement social en Dordogne était de 4 à 6 mois. Là, on vient de passer à un délai d'attente qui a dépassé les huit à douze mois.

Séverine Genneret

Directrice de Périgord Habitats

Pas de renouvellement

Appauvris par l'inflation, les bénéficiaires actuels de ces logements les libèrent de moins en moins, faute de pourvoir se payer une location dans le privé. Ceux qui quittaient leur logement social pour devenir propriétaires se font aussi de plus en plus rares, en raison de la hausse des crédits immobiliers. Ces derniers sont passés de 1 à 4 % en quelques mois, et les aides de l'État restent insuffisantes pour les primo-accédants.  "Il y a une rotation qui est beaucoup moins importante qu'il y a quelques années, confirme Yohan Grangier de Périgord Habitat, avec des gens qui restent plus longtemps, ce qui ne fait qu'accentuer le phénomène. On a commencé à tirer le signal d'alarme sur le dernier trimestre 2023 auprès des instances, en indiquant que cette tendance n'était pas près de s'inverser, et effectivement, on a dépassé les chiffres des années précédentes. Les demandes actuelles sont sans précédent.", alerte-t-il.

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