Dordogne : pour relancer la filière palmipèdes gras, les producteurs gavent les canettes

En Dordogne, les épisodes de grippe aviaire ont décimé de nombreux élevages de la filière palmipèdes gras. Pour relancer la production, certains éleveurs se sont remis à gaver les femelles. Une pratique contraire au cahier des charges de la charte interprofessionnelle, adoptée de manière exceptionnelle.

C'est une situation plutôt exceptionnelle, destinée à relancer une filière en difficulté. Après les abattages massifs de 2022 en raison de la grippe aviaire, des producteurs de palmipèdes se remettent au gavage des canettes. Cette pratique, qui n'était quasiment plus de mise depuis environ 30 ans, a fait son retour au sein de la filière à l'été 2022. 

"Dans les années 90, pour des raisons économiques, le secteur industriel avait fait interdire le gavage des canes", rappelle Jean-François Roudié, producteur à Saint-Avit-de-Vialard.

Lui qui a réadopté cette pratique, en loue les bénéfices. "Il n'y a pas lieu d'euthanasier les femelles, parce que le résultat est très positif", assure-t-il. Les femelles sont pourtant réputées comme étant plus difficiles à élever. Leur foie est aussi considéré comme de moins bonne qualité, car il présente davantage de nerfs et de veines. 

L'emploi des canes ne répond d'ailleurs ni au cahier des charges de la charte interprofessionnelle, ni aux exigences du label Indication géographique protégée. Une demande de dérogation est en cours. 

Une pratique qui suscite le débat

En attendant, il a donc fallu changer les étiquetages. C'est notamment le cas pour le confit de canard produit au lycée agricole de Périgueux. "Il n'y a aucunement référence au terme Périgord sur la boîte. Les anciennes boîtes mettaient en avant les couleurs du Périgord, avec ce symbole de certification et de garantie de l'origine", détaille François Héraut, directeur de l'atelier technologique du Lycée agricole de Périgueux. 

Cette réintroduction des canettes suscite le débat au sein de la filière, chez les éleveurs comme les industriels. Certains se demandent s'il ne serait pas temps de changer les règles et de pérenniser cette pratique.
"La question, c'est de savoir si cette période particulière, qui nous a obligés à nous intéresser aux femelles, n'est pas l'occasion de se questionner sur l'arrêt de leur euthanasie en couvoir", souligne François Héraut. "C'est un sujet sensible sur le plan sociétal", poursuit-t-il.
Sélectionner uniquement les mâles pour la production implique en effet de devoir se séparer, à leur naissance, des cannettes, la technique de sexage dans l'œuf n'étant pas encore au point. Traditionnellement, les femelles sont ainsi broyées dès leur naissance. 

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