Le lycée-CFA agricole de La Peyrouse près de Périgueux vient de se doter d'un simulateur de conduite d'engin agricole. Une solution d'avenir aux multiples avantages
"Ça permet de s'exercer. Là, au moins, si on touche quelque chose, c'est juste dans la simulation, ça met un message d'erreur, et c'est tout. Alors que dans la rue, si on touche, ça peut vite être cher." En quelques mots, Antoine, élève en première professionnelle au lycée agricole de Coulounieix-Chamiers, près de Périgueux, résume le principal avantage de cet engin dernier cri.
L'accident, la casse et la sécurité lors de la conduite des engins agricole, sont une des hantises des enseignants ici. Grâce à cet outil, les élèves peuvent se familiariser avec des engins dont ils n'ont pas encore l'habitude, comme des pelles mécaniques ou des fourches téléscopiques, et confirmer leurs connaissances avec les tracteurs dont ils ont un peu plus l'habitude.
Mastodontes agricoles
Il faut dire que les engins que conduiront plus tard ces élèves sont devenus de véritables monstres de puissance et de technologie. Dans les mains de ces jeunes élèves-agriculteurs, le danger n'est pas négligeable. Parmi les plus beaux tracteurs du marché, certains mastodontes coûtent plusieurs centaines de milliers d'euros, dépassent les 500 chevaux et atteignent la quinzaine de tonnes. Des paquebots.
Sans parler des faucheuses, semoirs, moissonneuses-batteuses, ensileuses de plusieurs mètres de haut et de large, et de la multitude d'ustensiles et de remorques spécialisées que peut manipuler l'agriculteur du 21è siècle. Pour le moment, les étudiants se penchent sur la manipulation virtuelle d'une pelle mécanique, déjà assez compliquée lorsqu'on n'a pas l'habitude.
Le sujet France 3 Périgords - Anaïs Lebranchu & Vanessa Fize
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Jeu de simulation pour gamers agricoles ?
Cet appareil fait partie de la modernisation de l'enseignement agricole du département. "C'est une stratégie sur l'agro-campus du Périgord sur tout ce qui est nouvelles technologies, bonnes pratiques et nouvelles manières de faire," explique Olivier Herber, enseignant en agroéquipement. "On a investi sur un tracteur pédagogique, on a investi sur des drones, et là on investit sur un simulateur. Ça nous permet en tant qu'enseignants ou formateurs d'avoir une palette d'outils qui est vraiment très adaptée, surtout avec une population plus réceptive aux outils numériques".
Les étudiants n'ayant jamais touché à un écran ou à un joystick de jeu vidéo sont effectivement de plus en plus rares.
Prise en main virtuelle
Même si le simulateur est moins impressionnant qu'une vraie machine en marche, la prise en main n'est pas pour autant une évidence. Le siège, les pédales, les commandes réactives, le volant, la ceinture de sécurité ont tout d'une vraie machine. On a très vite l'impression d'être à bord. "D'abord il y aura toute la découverte de la machine, toutes les pièces, le moteur, tout ce qui est relevage arrière, la cabine," détaille Olivier Herber. "Ensuite on va apprendre les manœuvres très simples pour pouvoir se diriger, et petit à petit, on va sur l'attelage, guider une remorque, dévider du grain dans une moissonneuse, on peut aller très très loin. On peut, avec un téléscopique, aller ranger des balles de foin". Pas évident.
"Il y a des moments où on se fait de frayeurs", confirme Antoine. "Il y a des erreurs qu'on peut faire sur le simulateur et on les reproduira pas dans la vraie vie". Impression confirmée par son collègue Lucas. " Ça nous apprend à être en sécurité avant d'aller sur le vrai matériel. Les règles de sécurité, on les connaît déjà mais c'est surtout pour les mettre en pratique et mieux les apprendre."
Ça nous permet de gagner du temps et en même temps de travailler sur les réflexes.
Olivier HerberEnseignant en agroéquipement
Olivier Herber ne voit que des atout dans ce jeux vidéo d'un nouveau genre. "Il y a une progression pédagogique pour chaque élève, ils vont faire un, deux, trois exercices. L'objectif, c'est de valider des bonnes pratiques, des bonnes règles de sécurité, ce qui va nous permettre d'aller après sur des machines et de comprendre ce lien entre la théorie et la pratique. S'ils ont pratiqué quelques heures sur le simulateur, dès qu'ils vont arriver sur la machine, ils seront déjà dans un environnement qu'ils connaissent," se réjouit-il.
Enfin, dernier avantage, les heures de formation sur simulateur, même si elles nécessitent un investissement conséquent à la base, sont en suite très vite rentabilisées et n'ont presque aucun impact environnemental.