"Non à l'expropriation". Quand un collectif de riverains s'oppose à un projet de logements sur un terrain agricole

Terre agricole contre terre constructible. Un collectif de riverains se mobilise depuis des mois contre la possible expropriation d'un terrain voué à l'agriculture sur la commune de Sourzac en Dordogne. La mairie veut se servir de la parcelle pour accueillir quinze nouveaux logements sur la commune.

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Thierry Feytout connaît sa parcelle sur le bout des doigts. Il l'exploite depuis 2000, y a planté du tabac, maintenant du colza, et en connaît les moindres recoins. Mais l'agriculteur de 70 ans risque de se faire bientôt exproprier de ce terrain, au profit de nouveaux logements.
"On voudrait comprendre pourquoi, alors qu'il y a des logements vacants sur la commune, on veut exproprier et artificialiser une terre agricole à haut rendement", explique Lydie Camailhac, membre de l'association constituée pour s'opposer à ce projet. 

La mairie de Sourzac, petit village de 1 100 âmes en Dordogne, souhaite accueillir de nouveaux habitants. Décision a donc été prise d'ordonner l'expropriation du propriétaire, et de l'agriculteur locataire du terrain, pour diviser la parcelle de 2,7 hectares en quinze terrains constructibles.

Une pétition recueille 127 signatures

Les riverains se sont immédiatement opposés au projet, et ont décidé de monter en juillet dernier l'association "Touche pas à la campagne", afin de militer pour la préservation des terres agricoles sur la commune. Une pétition a circulé. Elle a déjà recueilli 127 signatures.

Les riverains reprochent à la mairie un manque de dialogue et d'informations en amont.

De son côté, l'édile défend sa volonté d'accueil de nouvelles personnes dans son village, alors que celui-ci "connaît une crise du logement assez importante". "On m'a déjà demandé au téléphone si je voulais bien louer des mobil-homes pour accueillir des gens à l'année, raconte Philippe Perlumière, maire de Sourzac. Ce n'est pas possible d'accueillir des gens comme ça."

Ce terrain agricole a alors été choisi, car il dispose déjà des raccordements en eau, en électricité, au réseau d'assainissement collectif, ainsi que différentes routes pour y accéder. Jean-Marc Villechanoux, nuciculteur installé en face de cette parcelle, à 25 mètres à peine, regrette ce choix.

Les terres agricoles, on ne peut pas les déplacer, on doit les exploiter là où elles se trouvent. Pourquoi ne pas mettre les gens ailleurs ?

Jean-Marc Villechanoux

Nuciculteur à Sourzac

Selon cet agriculteur, qui exploite ses noyers depuis 1999, implanter des logements à côté d'une parcelle agricole posera aussi, à coup sûr, des problèmes de voisinage. "C'est compliqué de vivre à côté d'une exploitation, on n'a pas d’horaire, pas de week-ends… C'est difficilement compréhensible quand on ne fait pas ce métier."

L'association "Touche pas à la campagne" est soutenue localement par l'association de défense de l'environnement, la SEPANSO et les Jeunes agriculteurs. Elle a récemment saisi un avocat afin d'obtenir un recours à l'amiable contre le projet. De son côté, la mairie annonce qu'elle "se pliera" aux conclusions de la procédure, si celle-ci venait à donner raison aux défenseurs de la parcelle agricole.

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