Lorsqu’un patrimoine historique part en fumée, la peine et la perte financière sont généralement lourdes. Pourtant, des solutions existent pour prévenir ce risque. Un rappel nécessaire en Dordogne : le département compte près de 1000 châteaux.
Des tapisseries d’Aubusson, un cabinet mythologique classé ou encore des plafonds à la française. Le château de Puymartin recèle un trésor inestimable. Aussi exceptionnel soit-il, ce patrimoine, comme dans tant de monuments périgourdins, est fragile face au feu. “C’est une richesse historique qui serait impossible à refaire si elle était détruite. Ce serait une perte importante”, avance Marie-Sophie Rouchon, la propriétaire du château.
Vulnérables face aux flammes
Le risque incendie est revenu de plein fouet dans les esprits de ces propriétaires de châteaux et monuments historiques il y a cinq ans, lorsque Notre-Dame de Paris perdait un bout de son histoire dans les flammes. Plus récemment, c’est la Bourse de Copenhague, vieille de 400 ans, qui a subi un incendie, le 16 avril dernier.
Dans le département pourtant, les incendies ont déjà frappé. En 1968, au château d’Hautefort ou plus récemment en 2015, au château de la Tour Blanche. “Un certain nombre de châteaux sont très vulnérables malgré la richesse de leur patrimoine. Leurs installations électriques ne sont pas conformes, il n’y a pas extincteur ni de point d’eau, les accès sont difficiles”, énumère Alain Rivière, le directeur départemental des pompiers de Dordogne.
Ces lieux d’exceptions, Dominique de la Fouchardière les connaît bien. Il en assure 2000 sur le territoire français. “Est-ce que vous avez vu les pompiers ? C’est la première chose que je demande aux propriétaires. Souvent, ils sont étonnés et me disent que c’est une bonne idée, mais qu’ils n’y avaient pas pensé”, explique Dominique de la Fouchardière, assureur spécialiste en assurance de monument historique. Vrai, concède la propriétaire du château de Puymartin. “On est pris dans nos activités et par moment, on en oublie les drames que l’incendie peut causer”, reconnaît Marie-Sophie Rouchon.
Gagner de précieuses heures
Il fallait donc agir, et vite. Ce 16 avril, les premières assises du patrimoine se sont ainsi tenues à Bourdeilles, l’un des 897 châteaux du Périgord. Une centaine de propriétaires et gestionnaires de châteaux ont répondu à l’appel. Face à eux, des assureurs, mais surtout, les pompiers du département, venus rappeler l’importance de l’anticipation dans ces événements. “Ici aussi, il y a un riche patrimoine architectural et mobilier. L’idée, c’est de faire prendre conscience à l’ensemble des propriétaires et conservateurs que tout cela est vulnérable”, explique Alain Rivière.
Si les pompiers ont pu découvrir les châteaux en amont, c’est deux à trois heures de gagnées sur un incendie.
Dominique de la FouchardièreAssureur spécialisé dans les monuments historiques
Première étape : mieux sécuriser les lieux. “Il faut absolument des systèmes de détection incendie, des extincteurs”, liste Alain Rivière. Reste à préparer l’intervention des pompiers, grâce notamment à un plan de sauvegarde qui répertorie à la fois les établissements historiques et leurs trésors. “Ce plan de sauvegarde permet de répertorier et prioriser les œuvres présentes. On détermine aussi celles qui doivent être évacuées, où les regrouper, et celle que l’on doit protéger sur site”, détaille le directeur départemental du SDIS.
Un véritable gain de temps qui pourrait sauver des milliers d’œuvres patrimoniales. Le château de Bourdeilles devrait rejoindre la liste prochainement. Il ne sera pas le dernier, après le message délivré lors de ces assises.