Piscines et stade nautique : les projets foisonnent pour développer les activités aquatiques en Dordogne. Mais le département à l'origine d'un ambitieux "Plan Piscine" et de projets de développement se heurte à des écueils

Deux villes, deux projets... et deux problèmes. Pour développer les activités nautiques, et assurer l'apprentissage (obligatoire) de la natation, le Département a lancé le 9 avril dernier un vaste Plan Piscines doté de 4 Millions d'euros.

Le but : rénover ou créer de nouveaux bassins d'ici 2022. La Dordogne ne compte actuellement que 5 piscines couvertes* et les piscines découvertes sont vieillisssantes, quand elles ne sont pas déjà hors d'usage. Dans les cartons, deux projets font des vagues : celui du stade nautique en eaux vives à Bergerac, et celui de la piscine à Sarlat.

Le serpent de mer de la piscine de Sarlat

Le serpent de mer flotte depuis au moins 30 ans. La ville touristique et son bassin de population d'environ 80 000 habitants (dont 3 000 scolaires) ne disposent pour l'instant que d'une piscine municipale estivale. L'idée d'une piscine couverte annuelle a été remise à flot en 2015, lorsque le Président du Conseil Départemental Germinal Peiro annonçait l'intention du département de financer en partie ce projet d'environ 6 M d'euros.

En avril dernier, deux mois avant les élections départementales, Germinal Peiro enfonçait même le clou. Il annonçait finalement la prise en charge totale des coûts de la construction d’un Centre Nautique Départemental couvert à Sarlat dont il transférerait ensuite la gestion à la communauté de communes du Périgord Noir. Mais la Préfecture avait réagi et dénoncé le projet devant le tribunal administratif, au motif qu'il ne rentrait pas dans le domaine de compétence du département, limité depuis la loi NOTRe à l'action sociale, aux collèges et à la voirie départementale.

Le Département a préféré revoir rapidement sa copie plutôt que de la mettre à la poubelle. Il a donc voté ce lundi 27 septembre une nouvelle délibération, en prenant soin cette fois de motiver plus clairement son projet et en annonçant qu'il prendrait en charge également le fonctionnement du futur établissement.
Une bagatelle estimée à 450 000 €uros annuels. Le même principe que pour le dojo départemental de Coulounieix-Chamiers et le Centre départemental du Tennis de Trélissac qui, eux, avaient été agréés par la Préfecture. 

Reste à savoir qui participera effectivement à l'ardoise finale, et à quelle hauteur. La balle est dans le camp de Sarlat et des communautés d'agglomérations concernées en Périgord Noir, dans un périmètre d'une trentaine de kilomètres alentour, débordant des limites de la Dordogne. Toutes ayant intérêt à voir se finaliser le projet.

L'ambitieux stade d'eau vive de Bergerac

Deuxième projet aquatique agité, celui du parcours d'eau vive à Bergerac. Le chantier, dont le Département prendrait en charge la maîtrise d'œuvre, pourrait débuter en 2025. Germinal Peiro, lui-même ancien champion de Canoë-Kayak, en rêve depuis au moins deux décennies. L'opération à 10 Millions d'€uros implantée près du barrage de Bergerac en bordure de rivière Dordogne permettrait aux Périgourdins de pratiquer et d'accueillir des manifestations de canoë ou de kayak, et une multitude d'autres activités nautiques.
Une vague artificielle destinée au surf est même prévue.

L'idée consiste à détourner une partie de l'eau du dernier barrage de Bergerac pour lui faire suivre un parcours sinueux de 300 m sur lequel les sportifs pourront pratiquer les sports en eau vive. Inédit à 200 km à la ronde. La configuration des lieux s'y prête particulièrement bien, avec une déclivité naturelle et une retenue d'eau suffisamment abondante assure EDF.

Face au parcours, le site pourrait accueillir 3 000 spectateurs sur ses gradins, et serait équipé de vestiaires, de salles de sport et de restaurant. Pour accueillir tout ce monde, un camping.
Côté infrastructure, la construction d'une passerelle piétonne, l'amélioration des axes routiers, la création d'une passe à poissons et des turbines destinées à produire de l'énergie verte complèteraient l'ensemble. Un projet vertueux, ingénieux et ambitieux qui fournirait pour des années un aimant touristique considérable à tout le Bergeracois, et bien au-delà. 

Le spectre d'un nouveau Beynac ?

Mais en Dordogne, l'histoire a déjà montré que les projets ambitieux se heurtent parfois à la réalité et qu'il ne fallait surtout pas confondre vitesse et précipitation. C'est du moins ce que martelle Lionel Frel, élu d'opposition Europe Écologie Les Verts à la mairie de Bergerac, qui n'hésite pas à faire le parallèle avec l'exemple qui fâche au Département : Beynac.

C'est-à-dire un vieux projet ressorti des cartons, voulu on dirait, par un seul homme, pour des sommes, des investissements qui là se chiffrent aussi à des dizaines de Millions d'€uros et qui porte une atteinte environnementale importante à un site qui est protégé.

Lionel Frel, élu d'opposition EELV, mairie de Bergerac

Autant dire que Germinal Peiro peut s'attendre à voir se reformer les vieilles alliances ennemies, prêtes à disséquer au microscope les études d'impact sur l'eau et l'environnement.
Une menace à laquelle ne veut pas croire Frédéric Delmarès. Le Président de la communauté d'agglomération du Bergeracois est bien conscient de l'importance de ce projet pour l'avenir de son territoire. "Faire les choses correctement, avec précaution, oui. Renoncer, non !" affirme-t-il.
Et il n'est pas le seul à voir l'intérêt "économique, environnemental et sportif" du projet comme le souligne Germinal Peiro. Le Président du Département est convaincu qu'il pourra mener cette fois ce nouveau projet à bien et il fera sans doute attention au moindre détail pour y parvenir. Chat échaudé, dit-on, craint l'eau froide.

 

* dans l'agglomération de Périgueux l' Aquacap et la piscine Bertran-de-Born, l'Ovive à Saint-Martial-de-Valette la piscine de Saint-Astier et l'Aqualud de Bergerac.

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