Erosion : la côte aquitaine a été durement frappée durant l'hiver

Moins spectaculaire que celui de 2013/2014, l'hiver 2019/2020 a pourtant été destructeur par endroits. Le Nord Medoc, le sud du bassin d'Arcachon et le front de mer de Biscarosse ont reculé, parfois jusqu'à 20 mètres. L'Observatoire de la Côte Aquitaine évalue les dégâts des tempêtes hivernales.

Les observations sur le terrain sont très contrastées. Les ingénieurs du BRGM ( Service géologique national ) sont à pied d'oeuvre depuis le 11 mai, armés de leur DGPS (GPS différentiel), sur les côtes aquitaines. Et leurs relevés, dont la précision est de l'ordre du centimètre, font parfois froid dans le dos. La côte a reculé sur certaines zones de 20 mètres. L'Observatoire de la Côte Aquitaine a publié un rapport d'après leurs premières conclusions. 
 



En Gironde, les zones les plus fragilisées sont le littoral entre l'embouchure de l'estuaire et Soulac (plus de 10 mètres de recul), la côte sableuse comprise entre l'Amélie et le Signal sur la même commune, la plage centrale de Montalivet (de 5 à 10 mètres) et le sud du bassin d'Arcachon (20 mètres).
 

Ailleurs, le recul est modéré (autour d'un mètre). Le réengraisement naturel des plages cette fin de printemps et cet été peut laisser espérer que les cicatrices hivernales s'effaceront. 

Il est à noter que les communes de Lacanau, Le Porge, Hossegor, Ondres et Tarnos ont été, cette année, préservées de l'érosion.

 
 

La côte plus fragile par endroits

 

Les zones les plus impactées cet hiver sont celles qui connaissent une érosion chronique depuis une dizaine d'années.
Alexandre Nicolae Lerma - ingénieur de recherches en risques côtiers au BRGM.


La pointe de Grave est soumise à de fortes pressions liées aux courants qui balaient l'estuaire et la réserve de sédiments se tarit. 

L'érosion très forte sur le linéaire de côte entre l'Amélie et l'immeuble du Signal à Soulac est due à la forme des fonds marins et les courtes plages à cet endroit ont une capacité moindre à se réengraisser. La dune ici perd 4 mètres par an depuis une décennie. 

A la Teste-de-Buch, c'est une falaise de sable que les ingénieurs ont découvert sur la plage de la Lagune. Des arbres sont tombés obligeant les agents de l'ONF à réaménager le site en prévision de la saison estivale. Les passes sud du bassin d'Arcachon affectent fortement cette partie de la côte. L'année dernière, ce processus complexe lié aux déplacements d'eau a frappé plus au nord, sur la plage du Petit Nice. Ce phénomène se ressent jusqu'à Biscarosse.

 

Deux points noirs dans les Landes : Biscarosse et Mimizan


Biscarosse a payé le plus lourd tribut à l'érosion cet hiver. La commune a procédé en urgence a des rechargements en sable. Ces opérations ont lieu tous les mois en cette saison mais la situation très dégradée du front de mer à la fin de l'hiver a imposé en mars une accélération des rotations de camions qui acheminent des sédiments du sud vers le nord. 

Le sud des Landes a été aussi assez fortement touché par les tempêtes de novembre et décembre. Les fortes houles de février ont maintenu un niveau de plage très bas entre Mimizan et Capbreton. Mais ici, la couche de sédiments est importante et le pied de dune n'a pas été grignoté. Le sable regroupé dans des bancs plus au large devrait faire son retour dans les mois à venir. 

Le gouf de Capbreton, cette fosse marine qui descend en dessous de 1000 mètres, en retiendra toujours une partie.

Les falaises du pays basque seront scrutées au cours du mois de juin par les équipes du BRGM.

L'érosion s'étudie sur un temps long. L'Observatoire de la Côte Aquitaine rendra son rapport définitif en septembre pour déterminer la part de cet hiver 2019/2020 dans le recul inéluctable du trait de côte . 

Les missions de l'Observatoire de la Côte Aquitaine en vidéo
 

Voir ou revoir l'émission NoA sur Mer consacrée à l'érosion sur les côtes de la Nouvelle Aquitaine >

 



 
L'hiver 2019/2020 parmi les plus énergétiques de ces dix dernières années
Cet hiver aura été très actif sur les côtes au point d'être le deuxième plus impactant sur nos côtes depuis dix ans après celui de 2014. 5 tempêtes ont été recensées : Amélie, Sébastien, Atiyah et Fabien en novembre et décembre 2019 puis Ciara en février 2020. Elles ont, pour deux d'entre elles, coincidées avec de forts coefficients de marée. L'effet destructeur sur la côte sableuse a été décuplé.

Exemple : la tempête Sébastien s’est déroulée dans la nuit du 26 au 27 novembre. Des vents moyens de 60-70 km/h ont été mesurés au Cap-Ferret, avec des rafales comprises entre 80 et 109 km/h. Des hauteurs de vagues moyennes jusqu’à 5 m ont été enregistrées par la bouée au large du Cap-Ferret. Cet évènement a coïncidé avec une marée de coefficient 99 atteinte vers 5 heures du matin.

Le reste de l'hiver a été plutôt clément. Mais de fortes houles en fin de saison ont maintenu les plages à un niveau assez bas.
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