Extrême Cordouan : à la conquête du roi des phares

Trois jours de courses, des dizaines de kilomètres au large du plus grand estuaire d’Europe et des conditions climatiques capricieuses, c’est le challenge qu’ont relevé 300 navigateurs sur les plages de Charente-Maritime le week-end du 03 et 04 juillet.

Bienvenue à l’Extrême Cordouan où, pour sa troisième édition, le festival de la voile et de la glisse a rempli sa mission : concilier régates extrêmes et ouverture au grand public.

Kitefoil, Windfoil, Wingfoils, ces noms ne vous disent rien ? Pas de panique, on vous explique ici. Ces nouvelles disciplines ont toutes comme point commun d’être équipées d'une voile mais surtout d'un foil. Un foil est une aile positionnée sous la planche et profilée de façon à engendrer, par son déplacement dans l'eau, une force de portance qui agit sur sa vitesse et sa stabilité. Cette technologie existe depuis une petite dizaine d'années. 

Avec ces disciplines, on est en train de vivre une révolution. Nos parents ont connu les bateaux qui flottent, nous on commence à connaître les bateaux qui volent, que ce soit dans la voile légère ou les gros bateaux, le foil est la nouvelle voile et on a hâte de la faire découvrir.

Brieuc Pernes, organisateur et fondateur de l’Extrême Cordouan

Pour comprendre comment la magie opère, il faut aller à la rencontre des pratiquants amateurs ou professionnels et surtout prendre le temps de les observer tant leurs sports sont spectaculaires.

L'ingénieur de la planche

On prend le large avec Benoît Merceur, pensionnaire du club du Pilat. À 20 ans, il fait partie des grands espoirs du windsurf français. Si le champion du monde jeunes en funboard revient pour la troisième fois sur l'Extrême Cordouan, il a choisi cette année de courir en windfoil. Le windfoil est similaire au windsurf (une planche à voie rapide), mais augmenté d’un foil plutôt que d'un aileron :

Avec le foil, on vole à un mètre au-dessus de l’eau, donc on a pas le contact de ‘eau ou alors quand on l’a c’est mauvais signe. Avec la sensation de vitesse, on a l’impression de voler et on s’en lasse jamais.

Benoît Merceur

Une passion prenante et exigeante.

Du lundi au mercredi j’ai cours en école d’ingénieur toutes la journée le jeudi je m’entraine autant que je peux sur les eaux Bretonne jusqu’au dimanche. J’envisage de faire la coupe du monde adulte mais je fais ça avant tout pour le plaisir.

Benoît Merceur

Une championne modeste

Pour ce week-end de régates en deux manches, Claire Durand est arrivée bien résolue à conquérir le phare de Cordouan. Pari réussi puisqu'elle a décroché la première place.

Les sensations étaient géniales ; c'était long et le vent était faible mais il n'y avait pas houle. Et puis, il y a le phare !

Claire Durand

Cette championne d'Europe Formula Kite qui enchaîne les compétitions à travers le monde s’est élancée en kitefoil, une planche tractée par une grande voile qui flotte au vent et que la navigatrice doit guider comme un cerf-volant. 

Il y a quelques années, Claire a été initiée à cette toute nouvelle discipline par son compagnon Jean-Romain Morel également compétiteur au niveau mondial. Le couple s’entraîne toute l’année sur le bassin d’Arcachon. L’occasion aussi de rendre hommage à l’un des pionniers de la discipline sur le bassin récemment disparu.

Je dédie cette compétition à Jean-Marc Lefebvre qui a rendu accessible cette discipline à pas mal de monde.

Claire Durand

Une compétition hors norme

L’Extrême Cordouan, comme d’autres régates, réunit amateurs et professionnels sur une même ligne de départ. En réussissant sa course, chaque rider accumule des points sur toute la saison. Chaque compétition bénéficie d'un coefficient qui augmente le résultat. Pour l’Extrême Cordouan, le coefficient est de 2. Pour les Jeux Olympiques, il est de 10. Donc, si un participant se classe parmi les quatre premiers dans une régate comme l’Extrême Cordouan, il améliore durablement son classement national.

Mais la particularité de l’événement se décline avant tout en deux points. Le premier réside dans le fait que les concurrents enchaînent 24 kilomètres au grand large pour chacune des deux manches. Partant de la plage de Saint-George-de-Didonne, les "voileux doivent effectuer le tour du phare de Cordouan à 7 km de la côte, où ils virent une bouée, pour ensuite revenir vers la plage. Pour les kayaks de mer, le départ se fait aussi bien de Meschers ou de La Palmyre. Cette course longue distance à la fois simple et directe n'en reste pas moins technique car il faut composer avec les marées et autres courants montants et descendants.

Le samedi, par manque de vent, les navigateurs ont dû tirer les bords et chercher la bonne voie pour aller vite. Le dimanche, en revanche, c’est sur une mer bien formée qu'ils ont défié les éléments. Des conditions extrêmes, notamment pour les pagayeurs de Va'a, les pirogues polynésiennes, qui ont bénéficié d’un important dispositif d'encadrement grâce aux 50 embarcations dédiées à leur sécurité.

La seconde particularité de cette réunion est de proposer des initiations car auprès du grand public ces nouvelles disciplines restent encore méconnues. Les organisateurs ont ainsi crée un véritable village dédié à la glisse et à la voile pour satisfaire les curieux comme les aficionados. 

Quand on va faire de la voile, des régates, personne ne nous voit. Mon envie était que l’on profite de ces évènements pour voir des gens, leur montrer ce qu’on aime, les initier et les passionner. Notre rêve serait que tous les Français apprennent à naviguer.

Brieuc Pernes

Une bande à part

Mais LE phénomène de cette 3e édition fut sans aucun doute l’équipe féminine de pirogue polynésienne, le Va’a. Les six navigatrices pensionnaires du club Médoc Va’a, à bord de leur V6, allient l'esprit de bande et un coup de pagaye hallucinant.

On est toutes devenues copines grâce à la rame. Il a une forte cohésion d’équipe pour ce sport car on s’entraîne l’hiver et dans toutes conditions, même quand on n’a pas toujours envie donc ça crée de la solidarité entre nous.

Lorraine Manlay

Les piroguières ont fini troisièmes au classement général cette année. Parmi elles, Iloha Eychenne s'est formée à la pirogue à Huahine en Polynésie française. Puis elle a rejoint la Nouvelle-Aquitaine pour diversifier les surfaces d’entrainement et concilier son travail de kinésithérapeute.

Il y a un noyau dur de Polynésiens dans la région et un va et vient constant depuis la Polynésie. Beaucoup sont étudiants en médecine et viennent s’entraîner ici, en mer ou sur  lac de Carcans-Maubuisson.

Iloha Eychenne

Mini-pousse et grand champion

Enfin, le coup de cœur de cette compétition revient au jeune Félix Dary. À seulement 14 ans, Félix Dary est le nouveau  prodige du wingfoil qu’il pratique au large des Sables d'Olonne, en Vendée. Le Wingfoil Son embarcation est constituée d’une planche équipée d’un foil et tractée par une aile qui ressemble à un grand cerf-volant.

Le Wingfoil, ça va vite et ça vole sans faire de bruit ; c’est assez magique comme sensation !

Félix Dary

Félix à découvert cette discipline il y a tout juste un an en visionnant des vidéos.

Avec un vent faible, Félix a dû tirer les bords, pomper sur sa planche et jouer de malice pour prendre un peu de vitesse. La course fut technique et physique. Il a fallu composer avec les marées, les courants montants et descendants. Sous l’œil avisé de son père, le jeune Félix termine 2e au classement général. Une performance qui le projette désormais parmi les meilleurs espoirs mondiaux.

Nos championnes et champions de Nouvelle-Aquitaine ont tous fait la différence lors de cette compétition. Quant à l’Extrême Cordouan, il s’est résolument installé, dans le haut niveau de la Glisse et du Nautisme. Un pari réussi pour tous ces passionnés de sensations fortes et de transmission.

Découvrez en images ce festival de glisse unique et spectaculaire ; un magazine France 3 NoA de Timothy Mirthil et Alexandre Berne (diffusé le 10/7 à 20h sur NoA)

 

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