Ce samedi, les familles des victimes et survivants du drame se sont réunies en hommage aux 43 personnes décédées, le 23 octobre 2015. Six ans après, la douleur est encore vive pour ces familles qui ont parfois perdu plusieurs membres de leur entourage. Le non-lieu prononcé par le juge ne passe pas.
"Ils étaient partis pour faire la fête... l'inattendu s'est produit". Les visages sont graves et contrastent avec le bleu du ciel de Puisseguin, ce samedi. Six ans jour pour jour après la catastrophe de cet accident de car contre un grumier et surtout le terrible incendie qui s'est déclenché, piégeant 43 personnes dans les flammes.
L'heure est à la commémoration pour évoquer un père, une soeur, des amis. Un dépôt de gerbe est organisé par les familles des victimes à Puisseguin devant la stèle de commémoration , et un moment de recueillement au cimetière de Petit Palais.
Un non-lieu "inadmissible"
Mais l'actualité c'est aussi, six ans après, le non-lieu prononcé dans cette affaire il y a quelques jours.
En janvier, le parquet de Libourne avait déposé des demandes d'auditions et de mises en examen supplémentaires, mais ces demandes ont été rejetées. Le juge d'instruction en charge de l'enquête a prononcé un non-lieu, fermant ainsi le dossier. Il estime que seul le conducteur du camion, décédé dans l'accident du 23 octobre 2015, pouvait être mis en cause.
Les avocats de la partie civile et le Parquet de Libourne vont faire appel.
Pour les survivants ou les familles de victimes croisés ce 23 octobre à Puisseguin et Petit Palais, cette annonce n'est pas acceptable. Ils estiment que la responsabilité du chauffeur n'explique pas tout.
Regardez le reportage de Gilles Coulon, Jaël Gallichet et Sylvie Tuscq-Mounet.
Pour Michel Vigier, Président du collectif des victimes de Puisseguin : "le juge dit c'est la vitesse la cause de l'accident, c'est une faute humaine. Je suis parfaitement d'accord, on le savait depuis le début. Mais la cause de l'incendie on ne la connaît pas".
Raymond Silvestrini est l'un des rescapés de l'accident. Il était au fond du car et serait mort aujourd'hui s'il ne s'était pas défenestré. Il a perdu quatre membres de sa famille ce jour funeste : "quatre de la même famille... dans des circonstances comme on les a vécues... c'est traumatisant", explique-t-il pudiquement. Alors, cette annonce de non-lieu, il semble ne pas comprendre: "On a le rapport qui nous fait sentir que pour l'incendie, il pourrait y avoir eu un effet de lance flammes du gaz réfrigérant (...). Un non-lieu ?... Mais qu'est-ce que vous voulez qu'on dise ? Pour moi, c'est inadmissible". Et puis, comme résigné : "On verra bien... Ça changera pas grand chose pour nous..."
Jean-Michel Pasquon, maire actuel de Puisseguin, estime que "des choses ont été laissées de côté". "Le coupable ? On dit que c'est le chauffeur... Il n'y a pas que ça (...)c'est pour ça d'ailleurs que le parquet fait appel".
Pour le maire de Camps-sur-l'Isle, David Resendé, des défaillances techniques avaient été pointées (réservoir additionnel, des freins ABS, des tissus inflammables notamment) et "ne pas les mettre au grand jour, c'est ne pas donner la possibilité de faire évoluer les choses sur le plan technique".