Au terme de trois mois de concertation et cinq réunions publiques, le projet de télécabines à Bordeaux se dessine. Les premières traversées au-dessus de la Garonne sont prévues pour 2028.
Prendre de la hauteur, gagner du temps et ménager l’environnement. Ce sont les principaux objectifs du vaste projet de réaménagement des transports en commun à Bordeaux. La métropole espère mettre en service, d’ici 2028, une ligne de télécabines reliant les deux rives de la Garonne.
Concertations publiques
Entre le 28 novembre 2022 et le 13 février 2023, près de 400 personnes se sont exprimées sur le sujet, au cours de réunions publiques coordonnées par la CNDP, la Commission nationale du débat public. Plusieurs variantes du projet ont été étudiées et débattues par les assemblées. Neuf différents tracés ont été présentés en concertation. Un est retenu et concerne trois communes : Bordeaux, Cenon et Lormont. Car dans cette zone, la population croît, et les déplacements se multiplient d’année en années. Selon les estimations, le nombre d’habitants passera de 23 000, en 2023, à près de 30 000 en 2030.
Réduire le flux des voitures
Pour répondre à cette hausse démographique, mais aussi aux défis écologiques, la Métropole de Bordeaux a donc choisi de s’inspirer de grandes villes, comme Brest ou Toulouse, pour mettre en place ces télécabines reliées à des pylônes par des câbles électriques. Aucune nouvelle pollution émise, et une réduction du flux de voiture de 10 %. Pour la métropole, le contrat environnemental est respecté. Enfin, autre avantage exposé : à 70 m au-dessus du fleuve, aucun obstacle qui ne puisse ralentir la circulation. Les lignes devraient s’étendre sur deux à trois km de longueur.
Entre 7 et 10 minutes pour franchir la Garonne
Il y a actuellement cinq franchissements entre la rive droite et la rive gauche, le sixième, le pont Simone Veil sera livré dans le courant de l’année 2024. "Le projet de télécabines est une merveilleuse opportunité pour les riverains s’enthousiasme Jean Touzeau, le maire de Lormont et vide président de Bordeaux métropole.
Aujourd’hui, pour aller de la Buttinière jusqu’à Lissandre Sud ou Achard, il faut compter 45min et un changement entre le bus et le tram; avec les télécabines, il faudra entre 7 et 10min". Un gain de temps précieux pour les utilisateurs des transports en commun, qui sont un peu plus nombreux d’années en années. Selon les estimations, les télécabines pourraient transporter chaque jour près de 15 000 personnes
"Nous avons choisi le tracé médian qui valorisait le plus d’éléments en termes de retombées économiques ", explique Jean Touzeau.
Grâce à ces nouvelles stations, tous les lieux stratégiques seront facilement et rapidement accessibles. Les lycées, la clinique, les centres culturels.
Jean Touzeau, maire de Lormontà rédaction web France 3 Aquitaine
L’élu PS se félicite du bilan des concertations populaires. Il y a selon lui bien plus d’avis favorables au sein des assemblées, que de réticences.
"Un gadget " selon certains riverains
Pourtant, cette révolution des transports ne fait pas l’unanimité. Philippe, habitant de Bordeaux depuis plus de 30 ans, considère ces télécabines comme "un gadget, un outil pour touristes, tout au plus". Car selon lui, les zones desservies ne sont pas stratégiques pour les travailleurs. "J’aurais préféré qu’on investisse tout cet argent dans l’allongement de certaines lignes de tram qui ne vont pas assez loin" explique Philippe, qui n’a pas d’autre solution que de prendre sa voiture pour aller travailler en dehors de la ville. "Le tram s’arrête à peine à l’entrée de la zone aéroparc, alors que c’est une zone d’emploi qui nécessiterait plus de stations "
Ce n’est pas tant l’idée des télécabines qui rebute ce riverain, mais bien le tracé choisi.
Partir d’une rive pour arriver directement à la Cité du vin, je ne vois pas qui ça intéresse au quotidien à part les touristes.
Philippe, habitant de Bordeauxrédaction web France 3 Aquitaine
Philippe a exprimé son mécontentement sur Twitter. Comme lui, des dizaines de riverains ne sont pas convaincus par le projet, et ne se privent pas de le faire savoir en ligne. Habituellement impliqué dans la vie communale, le Bordelais n'a pourtant pas fait connaître son point de vue lors des réunions publiques. "J'ai tenté d'y participer, mais face au manque d'informations pratiques, j'ai abandonné", reconnaît-il.