Civelle, anguille ou encore grande alose, ce samedi 8 avril, les règles de la pêche en Aquitaine changent. Le point sur les nouvelles autorisations et interdictions.
L’annonce est tombée ce 7 avril. Le Conseil d'État suspend temporairement les dates de pêche de l'anguille jaune, ainsi que de la civelle dans certaines zones, car elles "ne sont pas conformes au droit européen".
Modification des calendriers
Deux ONG de défense de l’environnement (l'Association française d'étude et de protection des poissons et l'Association de défense des milieux aquatiques) ont saisi en urgence le Conseil d'État, pour demander la suspension des calendriers de pêche de l’anguille, établis jusqu'en 2024.
“Les calendriers d'autorisation de la pêche à la civelle et de la pêche à l'anguille jaune dans certaines unités de gestion de l'anguille (UGA) ne sont pas conformes aux périodes imposées ou aux plages calendaires fixées par le règlement européen", a finalement conclu le Conseil d'État.
Conséquence : la pêche à l’anguille jaune dans les UGA est immédiatement suspendue, “en raison de l’urgence qui s’attache à la conservation de l’anguille”. En France, ces zones représentent 7,5% des pêches d’anguille jaune.
Si la décision satisfait l'Association de défense des milieux aquatiques, l’une des associations requérantes dans le dossier, elle ne souhaite pas s’arrêter là.
“Le jugement invite l'État à revoir sa copie le plus rapidement possible. De son côté, l'association va muscler ses conclusions au fond en ce qui concerne l'anguille jaune méditerranéenne et espère durcir le jugement au fond à venir en faveur de toutes les anguilles adultes”, précise le communiqué de l'association.
La civelle, c'est fini
Autre mesure prise par le Conseil d’État : l'interdiction de la pêche à la civelle, l’alevin de l’anguille, dès aujourd'hui.
“Ses quotas de pêche pour la consommation prévus pour la campagne en cours, entre le 1er novembre 2022 et le 25 mai 2023, sont épuisés. Elle ne peut donc plus être pêchée aujourd'hui pour la consommation", déclare le Conseil d'État.
En revanche, les périodes de pêches concernant l’anguille argentées ne sont, elles, pas impactées par ces décisions.
Aloses et lamproies davantage protégées
En Aquitaine, les grandes aloses et les lamproies marines sont aussi concernées par des changements. Seize associations ont obtenu l’annulation des arrêtés annuels de pêche aux engins et filets des migrateurs du bassin de l’Adour fluvial.
Ces arrêtés fixaient dans les Landes et dans les Pyrénées-Atlantiques les conditions d’exercices de la pêche en eau douce. La décision a été rendue par le tribunal administratif de Pau le 5 avril dernier.
La fin, semble indiquer l'association, d'un bras de fer entre les associations et les préfectures après des années de lutte. “Les Préfectures des Pyrénées-Atlantiques et des Landes persistent aujourd’hui encore et refusent, dans un déni à la fois juridique et scientifique, d’appliquer les jugements qui s’imposent à elle, en violation du droit effectif des associations et de la protection de la biodiversité”, précise l’association Défense des milieux aquatiques, dans un communiqué.
Elle accuse les préfectures d’avoir, malgré leurs alertes “depuis deux ans”, autorisé les pêches “d’espèces en danger et danger critique d’extinction”.
“Des filets dans l'Adour, en pleine zone Natura 2000, que ce soit dans le port ou plus en amont, barrent la route des poissons migrateurs qui arrivent de l’océan pour se reproduire en rivière, et interrompent ainsi le cycle de vie de ces espèces au pire des moments”, illustre l’association dans son communiqué.
Reste désormais à appliquer ces nouvelles règles, tant pour les préfectures que pour les pêcheurs. À noter que la pêche de la civelle pour repeuplement est quant à elle encore autorisé, jusqu'au 25 mai.