Après la démolition d'un hangar, le bras de fer continue entre Darwin et Bordeaux Métropole Aménagement

Le bras de fer continue entre l'écosystème Darwin et Bordeaux Métropole Aménagement. Un hangar de 4 000 m² a été détruit début juin par un promoteur immobilier. Le tribunal du commerce avait en effet ordonné la suspension du chantier en février dernier.

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Sur la rive droite de Bordeaux, à Darwin, la colère a remplacé la stupeur. La semaine dernière, le hangar des ateliers, d'une superficie de 4 000 m², a été entièrement rasé par un promoteur immobilier.

Plusieurs associations utilisaient ce hangar, comme La Brigade, qui y stockait du matériel recyclé pour skateboard. "On avait un pipe [structure pour glisser en skateboard ndlr] qu'on avait construit pour le festival Climax. Il faisait six mètres de haut, avec une rampe en tube. Cela représente un sacré budget en termes de bois aujourd'hui", déplore Sébastien Daurel, responsable entretien de l'association. 

Un chantier contesté

La destruction de ce bâtiment s'inscrit dans un chantier " illégal " selon le fondateur de Darwin, Philippe Barre, qui assure que le tribunal du commerce de Bordeaux avait ordonné la suspension des travaux le 7 février dernier.

Ce qui pose problème, c'est qu'ils avaient interdiction de démolir. C'est une ordonnance de justice. On voit qu'ils peuvent continuer en toute impunité. Nous réclamons que la justice soit respectée.

Philippe Barre, fondateur de Darwin

à France 3 Aquitaine

Contacté, le propriétaire du terrain, Bordeaux Métropole Aménagement, assure "ne pas avoir demandé la reprise des travaux ". De son côté, la mairie de Bordeaux affirme que le promoteur a décidé de " suspendre son chantier jusqu’au délibéré de la décision de justice, attendu le 20 juin prochain ".

Ce mercredi 7 juin, Philippe Barre observe le chantier qui se poursuit malgré tout. " On nous dit que le chantier est arrêté. Mais là, je vois une pelle mécanique en train de charger des camions-bennes ", s'agace-t-il.

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La démolition de ce hangar est jugée illégale selon le fondateur de Darwin, Philippe Barre. ©Sylvie TUSCQ-MOUNET

Un bras de fer qui perdure

Cet incident survient alors que le dialogue avait enfin été retrouvé entre l'écosystème Darwin et Bordeaux Métropole Aménagement (BAM), propriétaire du terrain. En effet, depuis le début des travaux de la zone d'aménagement concertée (ZAC) en 2017, où les hangars de l'ancienne caserne devaient être détruits pour construire de nouveaux logements, les tensions s'étaient exacerbées entre les deux parties.

Après six années de discorde, le 28 janvier dernier, une résolution avait été adoptée à l'unanimité au conseil municipal de Bordeaux, actant la création d'une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) pour acheter et gérer les hangars de Darwin, où sont installées quarante associations. Un dialogue enfin renoué, compromis par la démolition de l'un de ces hangars.

Darwin écosystème est un lieu alternatif installé dans l'ancienne caserne Niel. Espace de détente et de culture, c’est aussi un lieu de travail, le premier espace de coworking de France, où 230 entreprises se côtoient sur un immense plateau de bureaux. Avec 700 000 curieux par an, Darwin constitue également l'un des sites les plus visités de la ville. 

La journaliste de France 3 Aquitaine a contacté le groupe Marignan, en l'occurrence, la chargée de communication qui avait demandé l'envoi d'un mail. Il est resté sans réponse. 

Droit de réponse

Suite à la publication de notre article, le groupe Marignan, par la voie de son président, a demandé un droit de réponse que nous publions intégralement ci-dessous le 19 juin 2023.

« La société Marignan souhaite apporter des éléments de réponse objectifs aux propos tenus dans l’article du 7 juin 2023 publié sur le site internet du journal Franceinfo Région Nouvelle Aquitaine, qui mettait en cause la légalité du démarrage des travaux de démolition du hangar situé sur l’ilot B031 de la ZAC Bastide Niel.

 

En premier lieu, notre société a acquis en 2022 la pleine propriété de ce hangar auprès de l’aménageur de la zone, la SAS Bastide Niel représentée par Bordeaux Métropole Aménagement (BMA), après avoir obtenu un permis de construire devenu définitif pour l’édification de bâtiments d'habitation comportant 119 logements, dont 40 logements locatifs sociaux.

Les travaux de démolition entrepris le sont, donc, sur la propriété de la société Marignan. Ces travaux interviennent en application d'un permis de construire délivré par les autorités locales, déclaré légal par le tribunal administratif de Bordeaux et le Conseil d’État en cassation, ces deux juridictions ayant rejeté les recours notamment de la SAS Darwin Evolution.

En second lieu, l’ancien hangar dont Marignan s'est rendu propriétaire, ne disposait d'aucune couverture depuis plusieurs années et n’accueillait pas de matériel au moment du démarrage des travaux. La zone des travaux étant protégée et clôturée afin d’en empêcher l'accès aux personnes non-autorisées sur site, aucune menace pour la sécurité des personnes n'était à craindre.

Enfin, comme avant toute opération de construction d'importance, une « expertise avant travaux » s’est tenue sous l’égide des tribunaux judiciaires, à la demande de la société Marignan. Cette précaution d’usage permet à un expert indépendant d'effectuer les constatations nécessaires sur les immeubles voisins du projet afin de garantir à leurs propriétaires un constat contradictoire en cas d'éventuels dommages causés pendant les travaux.

L’ordonnance prononcée par le tribunal de commerce à la demande notamment de la SAS Darwin Evolution, désignant le même expert, prévoyait une suspension des travaux uniquement dans le but de permettre à ce dernier l'exécution de ses missions qui se sont achevées, dans les faits, à la suite d'une réunion contradictoire, en présence de l’ensemble des parties, organisée sur site le 6 avril 2023.

 Cette expertise ayant été dûment réalisée, le démarrage des travaux était donc parfaitement légal. L’ensemble des parties à l'expertise, dont la SAS Darwin Evolution, a été informé oralement et par écrit au mois d'avril 2023 (au cours desdites opérations d'expertise qui réunissaient sur site l'ensemble des parties), du démarrage imminent des travaux de démolition.
Président du Groupe Marignan, Cyrille DES VALLIERES »

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