Ce vendredi, le premier ministre Gabriel Attal s’est rendu en Haute-Garonne pour annoncer ses premières mesures, après une semaine de mobilisation. Des "mesurettes" pour les agriculteurs, déçus de ne pas avoir été écouté. Des actions devraient se produire dans la soirée.
Après une semaine de mobilisation, le premier ministre Gabriel Attal, accompagné par les ministres de l’Agriculture, Marc Fesneau et de la Transition écologique, Christophe Béchu, a fait ses annonces au monde paysan, en colère depuis une semaine. "On a reçu le message cinq sur cinq", a entamé le premier ministre.
Pourtant, au sein des manifestants, la déception est omniprésente. "Il nous a mis un peu de pommade", lance Karine Duc, co-présidente de la Coordination Rurale du Lot-et-Garonne. "Ce sont des mesurettes", répètent les manifestants.
"Il nous a dit ce qu'on voulait entendre"
Dans les zones de blocages, les agriculteurs sont songeurs. Un mot revient régulièrement. "Le flou". "On est à moitié convaincu, on sait que le ministre nous a écoutés. Mais il nous a effectivement passé de la pommade", indique un représentant de la coordination rurale du Lot-et-Garonne.
On espère que les mesures annoncées arrivent rapidement, et que le soutien du grand public qu’on a actuellement perdure.
membre de la Coordination Rurale du Lot-et-Garonneà France 3 Aquitaine
Aussitôt dit, aussitôt fait, le syndicat a été reçu dans la soirée par le préfet. Pour autant, il appelle les agriculteurs à vider leurs bennes de lisiers et fumiers. “Vous n'allez pas rentrer à la ferme avec ça”.
Même constat dans les Pyrénées-Atlantiques. “Aujourd'hui, ce sont des paroles orales, on a entendu des signes encourageants. Ils ont bien senti quelle était la pression du terrain et l’urgence de répondre à cette pression-là”, s’est félicité Sylvain Bordenave représentant des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques, qui veut positiver sur la suite.
Poursuite de la mobilisation
Bastion de la mobilisation en Aquitaine, Agen continue à manifester. "Ce que je retiens, c'est qu'Attal s'est défaussé sur le préfet", ironise Serge Bousquet-Cassagne, figure de la coordination rurale et président de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne.
Nous, on va aller voir le préfet et lui dire d'arrêter de nous emmerder.
Serge Bousquet-Cassagne,président de la chambre d'Agriculture du Lot-et-Garonne
Parmi ses annonces, Gabriel Attal a en effet demandé aux préfets de se mettre autour de la table avec les agriculteurs pour revoir, ensemble, un certain nombre d'arrêtés afin de "simplifier" leur métier.
Au niveau national, la Coordination rurale appelle à maintenir les blocages "le temps de se poser et de réfléchir".
En Gironde, la FDSEA indique qu'elle va lever son blocage. "Mais cela ne marque pas la fin de la mobilisation", indique Samuel Eynard, le président du syndicat en Gironde. Une manifestation à paris ets en effet en préparation.
Taxation du GNR annulée
Mesure phare de la mobilisation et déclencheur du mouvement, le premier ministre a accédé à la demande des agriculteurs au sujet du GNR (gazole non-routier). La taxe sur ce gazole routier devait augmenter de 3 centimes chaque année jusqu’en 2030.
Elle est finalement annulée, malgré une validation, il y a plusieurs jours, avec la FNSEA. "C'est totalement cohérent avec ce que l'on attendait", reconnaît Sylvain Bordenave, des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques.
Indemnisation des filières
En difficulté face aux différents épisodes climatiques et viraux, deux filières ont été visées par le Premier ministre. La filière bovine, touchée par la MHE qui donnera lieu à une indemnisation à hauteur de 90% pour les exploitations impactées. "On se réjouit", confirme Sylvain Bordenave, membre des Jeunes agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques.
Autre filière, les viticulteurs. D'ici à quelques jours, un plan concernant la crise que traverse le secteur devrait être présenté.
dernier point, l'eau, au coeur des tensions dans le monde agricole. gabriel Attal a annoncé un plan de
Renforcer les "pressions" sur la loi Egalim
Pour préserver l’agriculture française, le monde paysan demandait également la fin d’une concurrence déloyale entre les pays européens.
“Notre fin sera votre faim”, “asphyxie de la profession”, depuis une semaine, la rémunération des agriculteurs est au centre des revendications. L’une d’entre elles, l’obligation d’appliquer la loi Egalim a été entendue.
Le Premier ministre a annoncé la mise en place de 100 inspecteurs supplémentaires et l'augmentation des pressions sur les négociations". Trois entreprises vont d'ailleurs être sanctionnées prochainement.
S'il fait vraiment appliquer la loi Egalim c’est un bon signe. C’est très très important pour nous.
Panpi Sainte-Mariesyndicat agricole ELB, situé dans le Pays Basque
La "souveraineté" de la France au cœur du discours du Premier ministre, ce dernier a par ailleurs annoncé sa volonté de proposer en priorité des produits français dans les cantines des institutions de l'État.
Inquiétudes chez les défenseurs de l'environnement
Parmi les annonces les plus attendues, le volet écologique cristallise les tensions. ZNT, taxation de certains pesticides, normes environnementales, les requêtes sur ce volet étaient nombreuses. A l'exception des zones humides, elles n'ont pas été abordées.
Pour autant, les associations écologistes restent en alerte, notamment sur les questions de la révision de certains arrêtés."On est inquiets par ce qu'on ne sait pas bien sur quels arrêtés précisément ni le contenu de ce qui pourrait changer.", s'inquiète Nadine Lauverjat, déléguée générale de Générations Futures.
Le problème, c'est d'avoir une discussion bilatérale entre préfet et agriculteurs, sans autre interlocuteur.
Nadine Lauverjat,déléguée générale de Générations Futures.
Autre point d'inquiétude des associations, le placement sous tutelle des agents de l'OFB. "Il y avait déjà des pressions, on leur demande de limiter leurs contrôles sur les pesticides", rappelle Nadine Lauverjat, qui promet de rester "très attentive aux futures annonces" notamment concernant les produits phytosanitaires.
Seul point positif pour les défenseurs de l'environnement, l'annonce d'un fond de 50 millions d'euros pour la filière biologique, "qui a déjà beaucoup investi".