Bordeaux : de docteur à acteur, Il n'y a parfois qu'un pas !

Il n'est jamais trop tard pour accomplir ses rêves. A sa retraite, le professeur Horovitz, gynécologue-obstétricien réputé du CHU de Bordeaux, a décidé de devenir acteur à 70 ans. Sa fille, elle, a décidé de le filmer. Papa s'en va, une comédie comme une ode à l'aventure, à découvrir absolument*.

Le professeur Jacques Horovitz a fait toute sa carrière au CHU de Bordeaux en tant que chef de service de gynécologie-obstétrique. Il fait partie de cette génération qui a consacré toute sa vie au travail, à sa carrière, à ses patientes, à ses étudiants, sans s'accorder de répit pour sa "propre" vie parce que son travail, "c’était toute sa vie".

Et maintenant, quoi faire ? 

Mais, malgré cette vie professionnelle bien remplie, il y a un temps pour tout, même celui de prendre la retraite, même s'il le ne le souhaitait pas. Tout comme de ce pot de départ dont il ne voulait pas non plus, organisé par l'hôpital dans un club de tennis où il n'avait jamais mis les pieds.

Entre la retraite et la mort, je ne vois pas la différence.

Jacques Horovitz

Et donc, vient le moment de se demander ce que l'on va bien pouvoir faire de cette vie qui se poursuit, sans blouse blanche toutefois. Alors, comme tout retraité, il est temps de trouver de nouveaux hobbies, qui sait...
 


Le golf  ? Peut-être une bonne idée alors qu'il a retrouvé par hasard chez lui un équipement flambant neuf offert par ses confrères lors de son agrégation de médecine...  Mais, malgré quelques cours, les essais ne sont pas convaincants.

Et le théâtre alors ?

Finalement, il décide de s'inscrire au Cours Florent dans l'optique de devenir un acteur, un vrai, comme Francis Huster qu'il a vu à la télé et dont les parents voulaient qu'il devienne médecin. Tout en parcourant des ouvrages comme "Le guide du comédien" ou encore "Le pouvoir de l'acteur", il émet toutefois quelques réserves.

 

Je serai peut-être un mauvais acteur car j'aurai du mal à être dans l'émotionnel.

Jacques Horovitz


Son père, son "héros" 

La décision de devenir acteur pour cet éminent professeur, bien qu'originale, aurait pu rester des plus discrètes. Mais il s'avère que le professeur Horovitz est aussi le père de la cinéaste Pauline Horovitz et c'est en cela que se fait toute la différence...

Ma préoccupation constante avec ce film est de garder à l’esprit ce qu’Alan Berliner a réussi dans Ça n’intéresse personne : intéresser tout le monde avec une histoire intime, et dans laquelle chacun puisse se reconnaître.

Pauline Horovitz


Car pour Pauline, son père est devenu le "héros" de plusieurs de ses documentaires, le filmant depuis 2009. Et dans cette nouvelle étape de sa vie, l'occasion de la retraite et l'envie d'embrasser une carrière artistique, l'occasion était trop belle. Un nouveau film était né !

 

Dans mes premiers films, j’ai donc filmé mon entourage, essentiellement familial. Parmi eux, mon père. Ce dernier est devenu un de mes héros récurrents, protagoniste de plusieurs courts-métrages. De film en film, il a créé un personnage d’universitaire dans la lune, accumulateur compulsif, qui rappelle à la fois Monsieur Hulot de Jacques Tati et le professeur Tournesol de Tintin, en version ashkénaze.

Pauline Horovitz


En suivant les premiers pas de cette retraite émancipatrice, la fille-cinéaste suit la nouvelle vie du père-acteur, de son pot de départ de l’hôpital jusqu’à son premier rôle (de cardiologue) dans une super production chinoise tournée à Bordeaux.


Moi qui suis cinéaste, je vois ma créature m’échapper et s’émanciper. 

Pauline Horovitz

Dans l'intimité d'une vie

La caméra s'immisce discrètement, tel un membre de la famille, au beau milieu de l'appartement de Jacques Horovitz, derrière l'hôpital, où il vit depuis quarante ans. 

Un décor naturel aux papiers peints psychédéliques dans ce logement particulièrement "encombré" d'années d'accumulation de stocks, "des réserves en cas de guerre avec lesquels on devrait pouvoir tenir deux ans" précise-t-il.

 


Et depuis quelques temps, il héberge sa vieille soeur malade, Suzanne, un personnage du film sans le vouloir puisqu'elle s'invite régulièrement, plus ou moins discrètement, dans le champ de la caméra et qu'il faut donc faire disparaître et faire taire lors des scènes de tournage. Comme une comédie burlesque de la vraie vie.

Et parfois, c'est elle qui s'impose face caméra en donnant la réplique au frère pour ses répétitions de textes ou en répondant aux questions de sa nièce. Elle se prend aussi à rêver quelques instants d'être elle-même actrice mais, aussitôt rabrouée par son frère, elle change alors immédiatement d'avis. Tout cela devant la caméra. Touchant.

 


La fille s'adresse à son père comme si la caméra n'existait pas, la laissant notamment tourner hors-champ, sciemment.

Elle fait face à un père-acteur qui ne semble, ni se soucier de la caméra, ni de son intérieur et de sa vie qui vont se retrouver prochainement en l'état à l'écran. 

 

Mais papa tu pourrais ranger le salon quand même !

Pauline Horovitz

Et bien qu'elle lui donne régulièrement la parole pour qu'il puisse évoquer sa position de nouveau retraité, c’est surtout elle qui, en voix off, dépeint la situation de son père et précise les éléments fondamentaux de sa vie.
Lorsqu'ils ne sont pas dans l'appartement, Pauline le suit dans ses répétitions de scène au Cours Florent ou encore dans un atelier d’improvisation dans lequel il s’est inscrit pour essayer de "lâcher prise", ce qui n'est pas sans peine pour l'ancien médecin...

Il se mêle pour cela, sans grande conviction pour autant, à la jeunesse sur des rythmes endiablés. Cela non plus, ça ne peut s'inventer.
 

 


Entre humour et émotion

Le film dresse un portrait aussi burlesque que touchant d'un homme confronté à lui-même dans sa nouvelle vie. Des situations drôles, cocasses dans une comédie aux airs de «fait maison».

Il en découle un documentaire hors du commun fait de bribes d'un quotidien peu spectaculaire et extra ordinaire à la fois. 
Et c'est bien là tout le talent de Pauline Horovitz qui réussit à faire un film, pour la plupart du temps, entre une cuisine et une salle à manger plutôt que sur les planches d'un théâtre ou dans un studio de cinéma.

Il en résulte des émotions mêlées entre rire, tendresse et gravité.

Artiste, une affaire de famille ?

Pauline Horovitz est une artiste, diplômée de l’École nationale des chartes, de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, et ancienne pensionnaire de la Casa Velázquez (Madrid). Dans son travail,  elle cherche à construire des récits teintés à la fois d’humour et de gravité. Elle a à son actif une vingtaine de films courts.

 


Dans la famille, il y a aussi Vladimir Horowitz, dont Jacques et Pauline sont les descendants. Pianiste d'origine ukrainienne, naturalisé américain, il fait partie des plus grands virtuoses de l'histoire du piano. Une représentation en son honneur à Arcachon avait d'ailleurs permis à Jacques et à Pauline de voir, justement, Francis Huster sur scène.
 

 

Un film distingué


Le film Papa s’en va  a de toute évidence déjà été apprécié puisqu'il a été primé le 31 octobre dernier en Suisse, recevant le Prix du public et le grand prix du jury au VIFFF (Vevey International Funny Film Festival) avec fictions et documentaires confondus, qui compte parmi l'un des plus grands festivals internationaux de films d’auteurs. Il est également au palmarès des étoiles de la SCAM 2021; un festival dédié à la création numérique.

 


Un père et une fille réunis sur scène pour l'occasion !


Au cours du film, le père dit à sa fille, telle une devise familiale : "Pour survivre, il ne faut pas se faire remarquer".



Pour avoir une idée du ton du film, voici la bande-annonce.
 

 


Ni hagiographie, ni film de famille, Papa s’en va est une ode à l’aventure, à l’émancipation et à la liberté, même sur le tard. L’aventure du passage de la vie d’adulte à la vie de bohême.

Pauline Horovitz

Un film dédié à la mémoire de Suzanne, la soeur de Jacques, disparue entre le tournage et la diffusion du film.


Papa s'en va (52 mn)
Diffusion :

  • Lundi 23 novembre à 23.05
  • Vendredi 27 novembre à 9.15
  • en replay sur na.france3.fr

Un film de : Pauline Horovitz 
Prodcucteurs : Juliette Guigon et Patrick Winocour
Coproduction : Squaw Productions / France Télévisions


Avec le soutien de :

  • Image/mouvement du CNAP – Centre National des Arts Plastiques
  • la PROCIREP & l’ANGOA
  • la Région Nouvelle-Aquitaine en partenariat avec le CNC
  • Brouillon d’un rêve de la Scam
  • le Centre National du Cinéma et de l’Image Animée
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