Un collectionneur girondin a décroché le gros lot dans une vente aux enchères en ligne de cartes à jouer. Il a découvert une carte de Mickey, unique au monde qui pourrait valoir plusieurs dizaines de milliers d’euros.
C’est une surprise qu’il ne vivra pas une seconde fois. Damien Benard, passionné de carte de jeu à collectionner et gérant d’une boutique à Carbon-Blanc, a mis la main sur un exemplaire unique de carte Mickey. “C’était assez fou. Une carte comme ça, c'est inimaginable. On en sortira qu’une seule fois dans notre vie”, sourit Damien Benard. Le moment a été capturé en direct, lors de la vente aux enchères où était proposé le lot. Personne, jusqu’au déballage, ne connaissait les cartes.
"Des propositions à plusieurs milliers d'euros"
Sur la carte, dessinée à la main par un artiste japonais, la mention “1/1” est inscrite, certification de son unicité. Des critères qui ont permis d’estimer cette carte à plusieurs dizaines de milliers d’euros. “Pour donner une valeur, on regarde l’artiste, la qualité du dessin, l’état de conservation de la carte, mais aussi le personnage représenté”, indique Damien Benard, gérant de la boutique ShopTJeux.
L'événement qui n’est d'ailleurs pas passé inaperçu dans la communauté de collectionneurs. “À peine quelques heures après, j’ai reçu des propositions de Belgique, du Luxembourg à plusieurs milliers d’euros”, se réjouit le collectionneur.
À ces propositions alléchantes, Damien Benard a préféré les États-Unis. “Les Américains, comme les Chinois, sont particulièrement friands de Mickey, bien plus qu’en France”, précise-t-il. Une fois la carte récupérée en main propre à Paris, il l’a envoyée dans une maison de vente américaine. “Elle va noter son état de conservation, certifier son authenticité et s’occuper de la vendre”, explique Damien Benard.
Ce sera au moins 10 000€ mais selon les acheteurs ça peut monter à 40, 60, voire 80 000€.
Damien BenardCollectionneur et gérant d'une boutique
Loin d’être des supports de jeux, pour ces collectionneurs, les cartes doivent être dans un état impeccable. Leur conservation est notée de 1 à 10. “Jusqu’à 8, les prix sont assez raisonnables. Dès que l’état de conservation affiche un 9 ou un 10, les prix s’envolent”, analyse François Thierry, spécialiste carte de collection chez Aguttes, une maison d’enchères parisienne. Comme pour tout objet de collection, l’ancienneté est aussi un critère particulièrement recherché parmi ses adeptes.
Voir cette publication sur Instagram
Jouer sur la rareté
Pour fêter ses 100 ans, Disney a édité plusieurs cartes uniques, comme celle de Mickey. Un procédé marketing dont se sont emparées de nombreuses franchises pour fédérer les fans autour de leurs personnages préférés. “Pendant pas mal d’années, il n’y avait que Panini qui proposait des éditions limitées sur les cartes de sports. Magic l’a aussi fait avec le Seigneur des Anneaux en sortant une carte “anneau unique””, détaille François Thierry.
La rareté est très importante sur ce marché. On a eu des cartes Pikachu spéciales, distribuées gratuitement au musée Van Gogh d’Amsterdam, qui ont été revendues environ 300 €.
François ThierrySpécialiste carte de collection chez Aguttes
Depuis les années 90, ce marché de la carte à collectionner est en expansion. “Les cartes de sports ont fait leur apparition dans les années 60 aux États-Unis. Il y a ensuite eu les cartes Magic dans les années 90, puis les Pokémon en 99 qui dominent aujourd’hui le marché”, explique François Thierry.
Selon le spécialiste, l’intérêt pour ces cartes, qui ont bercé l’enfance des trentenaires actuels, a connu un rebond depuis la covid. “C’est une madeleine de Proust. Ceux qui y jouaient enfant ont aujourd'hui les moyens de s’acheter ces cartes”, détaille-t-il. Même si aucune limite d'âge ne semble imposée. "Mon plus vieux client qui achète du Pokémon pour lui, a 84 ans", lance Damien Benard.
Des investisseurs aux aguets
Dans cet univers, chacun a d’ailleurs son personnage préféré. Mbappé, Pikachu ou encore Gandalf, les prix suivent généralement les tendances mondiales. “Pour Star Wars, on peut par exemple trouver des autographes d’acteurs comme celui d’Anakin”, précise Damien Benard.
Encore peu structuré en France, le marché voit aussi arriver de nouveaux profils, plus intéressés par la valeur que par les souvenirs d’enfance. “Il y a de plus en plus d’investisseurs qui achètent des cartes pour les revendre des années plus tard, avec une plus-value de 20 à 40 %”, indique François Thierry. Nouvelle catégorie sur ce marché, les “scalpeurs”, des acheteurs de gros qui revendent leur trouvaille sur des marchés secondaires. “Les cartes sont vendues plus cher que par les éditeurs. Et il y a aussi le risque de tomber sur des faux”, souligne Damien Benard.
Si le montant peut rapidement faire tourner la tête, la législation sur ces gains est quant à elle très stricte. “Longtemps, ce n’était pas un sujet pour les impôts, mais c’est plus suivi aujourd’hui”, avertit François Thierry. Ne bénéficiant pas du statut d’objet de collection, elles sont imposées à hauteur de 36,2 % sur la plus-value de toute transaction supérieure à 5 000 €. Damien Benard lui, garde le sourire. Achetée 30 €, la transaction reste tout de même particulièrement fructueuse.