Bien moins d'oiseaux migrateurs, c'est le constat de La ligue de Protection des Oiseaux (LPO) L'association organise des journées de comptage avec des écovolontaires pour les observer mais aussi rendre compte d'une diminution de certaines espèces.
C'est un rendez-vous que beaucoup de passionnés attendent, voir passer ces oiseaux. L'occasion pour chacun, même les moins expérimentés, d'observer ce mystère de la Nature, l'instinct et la diversité de ces volatiles qui, chaque année, suivent le même rituel.
Ce jour-là , accompagnée d'écovolontaires, la ligue protectrice des oiseaux effectue un comptage sur un site bien connu des ornithologues, à la Pointe de Grave, tout au bout de la presqu'île médocaine. Il faut dire que cette langue de terre sablonneuse entre l'océan et l'estuaire de la Gironde offre un parcours de choix aux oiseaux migrateurs qui sont assurés du gîte et du couvert.
Des espèces menacées
Compter les oiseaux n'est pas une lubie de ces passionnés de nature. C'est une information régulière qui permet d'alerter notamment en ce moment sur la baisse de ces populations, de leurs passages.
Pou Yohan Meuraillon, chargé suivi de migration : "Notre rôle à nous ce n’est pas d’accompagner les oiseaux, mais de les compter, les identifier de manière précise, voire de faire une analyse fine sur des détails : si c'est un jeune adulte, les caractéristiques du plumage.... Ensuite, les bénévoles accompagnent les oiseaux avec les jumelles pour voir s’ils sont vraiment en migration active ou pas".
Cette pointe du Médoc, beaucoup s'en souviennent, a été le théâtre d'une lutte acharnée de la LPO qui entendait protéger ces oiseaux, et surtout la tourterelle des bois, malgré une tradition de chasse très ancrée dans les habitudes locales. Ce fut l'occasion, chaque 1er mai, d'échanges houleux, voire violents entres les chasseurs médocains et le spécialiste des oiseaux Allain Bougrain-Dubourg.
C'est à peu près à cette période là que les comptages ont été instaurés (depuis 1979 au Pays basque et 1984 sur le site médocain). Car la LPO dit certaines espèces d’oiseaux en déclin, et décide alors d’en recenser les spécimens.
Le rôle primordial des bénévoles
Le comptage et collecte de données s'effectuent sur le terrain du lever du jour au coucher du soleil et suit un protocole bien précis. C'est grâce à la répétition à l’identique de ce protocole chaque année, sur ces dix dernières années, que les spécialistes peuvent mesurer l’évolution de la phénologie migratoire des espèces.
La LPO France a développé un indicateur pour mesurer l’impact du réchauffement climatique sur les dates d’arrivée des migrateurs en France. Il permet d'évaluer l'avancée ou le retard des mouvements migratoires et des différentes espèces par rapport aux autres années. C'est pourquoi, la LPO compte sur le soutien actif sur le terrain de centaines de bénévoles formés à la collecte de données mais également au partage afin de sensibiliser également le grand public au phénomène de migration.
Regardez le reportage de Mathilde Rezki et Delphine Roussel-Sax.
Moins d'hirondelles, de bergeronnettes
Sur ce site, parmi les espèces de migrateurs les plus remarquables, les spécialistes recensent plusieurs espèces de rapaces diurnes (les trois busards, des faucons, bondrées, milans noirs...), des tourterelles des bois, beaucoup d'hirondelles et de martinets, des loriots, mais aussi bien-sûr des oiseaux de mer. Il est même possible d'observer quelques "visites du circaète local", au mois de mai.
Justine Hazera, une bénévole de la LPO, tient de drôle de petits engins dans les mains, des "cliqueurs" pour compter les linottes, chardonneret et autres hirondelles rustiques ou de rivage... Serge Barande, membre historique LPO raconte qu'il a vu disparaitre des espèces : "en particulier des insectivores". L'hirondelle, la bergeronnette printanière mais aussi l'alouette des champs qui seraient menacées et figure sur une liste rouge.
Le comptage des oiseaux sauvages sera quotidien sur ce site de la Pointe de Grave, jusqu’au 31 mai, fin de la période migratoire du printemps.
Mais d'autres comptages auront lieu en Aquitaine portant sur d'autres populations habituelles sur ces sites :
- au col d'Organbidexka : du 15 juillet au 15 novembre
- au Cap Ferret : du 1er septembre au 15 novembre
Découvrez les sites proches de chez vous sur le site Migraction.