Comment les jeunes sont-ils formés à la vie affective, relationnelle et sexuelle ? Pas suffisamment, estiment-ils. Les enseignements, obligatoires, ne répondent pas aux attentes des 16-20 ans en Nouvelle-Aquitaine, selon le baromètre de la Fondation Apprentis d'Auteuil.
Qu'attendent les 16-20 ans des cours d'Éducation à la vie affective, sexuelle ou relationnelle ? Autre chose que ce qui est enseigné, semble-t-il, à en croire le baromètre. Dévoilé en octobre par la Fondation Apprentis d'Auteuil, fondation catholique reconnue d'utilité publique, il a été réalisé par Opinionway auprès de 2 148 jeunes, dont 203 Néo-Aquitains.
Tous semblent regretter qu'une trop grande part de ces enseignements est consacrée à des sujets biologiques, portant sur les maladies sexuellement transmissibles, la puberté ou les moyens de contraception, quand eux, auraient voulu aborder la question du respect filles/garçons, l'impact des réseaux sociaux ou encore, la sensibilisation à l'endométriose ou aux troubles de l'érection.
Violences sexistes et sexuelles
Sur les personnes interrogées en Nouvelle-Aquitaine, près de quatre jeunes sur dix déclarent avoir subi une violence sexiste ou sexuelle : harcèlement, sexisme, discrimination... Parmi ces derniers, 20 % confient avoir été victime d'agressions sexuelles, et 9 % d'un viol. "Ce sont des chiffres importants, note Bruno Galy, directeur de cette fondation en Nouvelle-Aquitaine. Ça veut dire qu'il y a quand même des choses qui se passent encore dans notre société aujourd'hui, sur lesquelles il faut qu'on avance".
Le responsable régional de la Fondation Apprentis d'Auteuil s'inquiète d'un autre chiffre, mis en exergue par ce baromètre. Plus de la moitié (57 %) des personnes ayant subi des violences n'en ont pas parlé, ou l'ont fait, mais sans être soutenues par leurs interlocuteurs. "Pourquoi on n'a pas d'espace pour mettre des mots, pourquoi on a le sentiment de ne pas avoir de soutien quand on traverse une difficulté ?", s'interroge-t-il.
En créant des espaces, en apportant du soutien, est-ce qu'on réduirait en fin de compte ce nombre de jeunes qui déclarent vivre des violences sexistes ou sexuelles ?
Bruno Galy, directeur de la Fondation Apprentis d'Auteuil en Nouvelle-Aquitaineà rédaction web France 3 Aquitaine
Pas assez de cours, trop de porno ?
L'éducation à la vie affective, sexuelle ou relationnelle (EARS) ne peut, à elle seule, combler ces lacunes. Et pour cause, les enseignements restent trop peu nombreux : en moyenne, un jeune reçoit 3,2 cours pendant sa scolarité, quand il devrait en bénéficier de 3 par an. Dans le même temps, 43 % des jeunes reconnaissent avoir déjà accepté une relation sexuelle "pour faire plaisir à leur partenaire alors qu'ils n'en avaient pas envie". Et plus d'un tiers des jeunes garçons explique se tourner vers le porno "pour en apprendre plus sur le sexe".
80% des jeunes déclarent finalement que le premier contact avec la sexualité, c'est avec le porno.
Bruno Galy, directeur de la Fondation Apprentis d'Auteuil en Nouvelle-Aquitaineà rédaction web France 3 Aquitaine
"À l'inverse, on a 29 % de filles qui se disent, stressées, à l'idée de ne pas réussir, d'être au niveau de ce qui se fait dans le porno, note Bruno Galy. C'est pour ça qu'il faut agir de façon beaucoup plus volontaire et importante sur ces sujets-là qui ont un impact finalement sur tout".
Travailler avec les familles
Si ce constat peut inquiéter, tout n'est pas "dramatique", poursuit le directeur régional qui relève également des données "moins affolantes" dans ce baromètre. "Quand on demande aux jeunes, c'est quoi la vision pour vous d'une relation amoureuse épanouissante, on s'aperçoit que ça repose à 89 % sur la fidélité et à 71 % sur la confiance", avance-t-il.
"On peut se demander si finalement, les jeunes n'arriveraient pas à dissocier le porno de la réalité, sur les questions de vie affective ou de consentement, par exemple". Pour ce dernier, reste désormais à accentuer la démarche éducative, en formant des professionnels, mais aussi en travaillant avec les familles afin de "lever les questionnements."
"Il faut accentuer des lieux d'accueil pour les parents. Vous avez parfois des jeunes qui vont venir nous dire 'moi, je ne veux pas qu'on en parle à mes parents'. Il faut qu'ils soient accompagnés sur la façon dont tout ça peut être discuté, qu'on définisse ce qu'on va faire de cette parole, et que la famille soit accompagnée, jusqu'au bout", insiste-t-il.