L'école est sous tension, les parents aussi. Une grève des enseignants est annoncée pour ce 13 janvier. L'adaptabilité au quotidien atteint ses limites en milieu scolaire, pour les familles comme pour les enseignants, alors que le ministère annonce un assouplissement du protocole.
La coupe est pleine. Trouver un mode de garde au dernier moment pour une classe fermée, chercher des tests ou faire la queue devant les pharmacies pour les uns, gérer les entrées et sorties des élèves malades, des collègues, tout en assurant un suivi pédagogique pour les autres...
C'est peu dire que les enseignants, notamment du primaire, sont à bout. Le syndicat SNUipp-FSU vient de déposer un préavis de grève pour le 13 janvier, " Pour une école sécure sous Omicron", estimant que "par ses propos et ses actes, Jean Michel Blanquer a perdu toute légitimité comme ministre de l’Education nationale".
A Bordeaux, le constat est similaire. "L'école ne fonctionne plus comme une école où les élèves viennent pour des apprentissages. En réalité, ils viennent pour être gardés parce qu'on ne fait que courir après la gestion des cas de covid" explique Marc Vieceli, Co-secrétaire du syndicat SNUipp-FSU de Gironde ce 7 janvier.
Le stress des familles
Les parents aussi subissent cet état de stress, d'inquiétude sur la prise en charge de leurs enfants, tant pédagogique que sanitaire.
Comme cette maman évoquant la situation de son fils Gabin en petite section de maternelle : "mercredi soir, la directrice nous a envoyé un mail comme quoi il y avait deux cas dans la classe et on a dû en urgence trouver une pharmacie pour le faire tester.. On doit le retester aujourd'hui et lundi, pour qu'il puisse aller en classe. C'est compliqué parce que les pharmacies sont saturées. C'est de l'organisation en plus du quotidien ! Pour eux, c'est quand même assez lourd parce qu'il a que trois ans".
Le papa de Gabin ajoute que le site, pour connaître les résultats, était saturé "du coup, ils nous ont fait un document-papier sinon il ne pouvait pas réintégrer la classe le lendemain... On gère, on n'a pas le choix. Mais eux, avec les masques, c'est déjà assez compliqué."
Ce papa rencontré devant l'école primaire témoigne : " c'est le flou surtout qui est compliqué à gérer. Parce qu'il y a un protocole mis en place ce dimanche qui paraît justifié... et trois jours plus tard, il est remis à plat, a priori parce qu'ils anticipent une pénurie de tests..."
Regardez le reportage de Marie-Pierre d'Abrigeon et Sébastien Delalot.
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La situation dans l'académie
Au jeudi 6 janvier à la mi-journée, l'académie comptabilisait (en cumul sur ces 4 jours) :
- 1 727 cas confirmés déclarés d’élèves
- 130 cas confirmés déclarés de personnels
- 320 classes fermées
- mais en revanche, aucune structure scolaire n’est, à cette date, fermée.
Le rectorat explique :
- l'éducation nationale a commandé 55 millions de masques chirurgicaux afin d'équiper les personnels des écoles et des établissements scolaires, avec des premières livraisons dès la mi-janvier
- les conditions d'enseignement présentiel/ distanciel vont être précisées en tenant compte de la variété de situations, sans imposer aux professeurs deux formes d'enseignements parallèles, mais en permettant d'assurer le lien avec les élèves absents en réactivant l'ensemble des dispositifs utilisés pour assurer la continuité pédagogique dans chaque école, collège, lycée.
- Les modalités d'accueil des enfants de soignants, essentiels à la gestion de la crise sanitaire, ont été précisées et la liste détaillée des professions concernées.
Un protocole légèrement assoupli
Le nouveau protocole prévoit que les élèves n'auront plus à réaliser un nouveau parcours complet de dépistage à chaque détection d'un cas de la même classe. Autrement dit, si votre enfant se fait tester le premier jour, à J+2 et J+4 suite à la détection d'un cas positif au Covid-19 dans sa classe, il ne fera qu'une série de ces tests si un autre cas se déclare dans les 7 jours.
Depuis le retour des vacances scolaires, si un cas est détecté dans une classe, tous les élèves doivent faire trois tests en quatre jours.
Le premier test négatif leur permet de revenir en classe. A l'occasion de ce premier test, la famille doit recevoir en pharmacie deux autotests gratuits, pour que les élèves se testent à nouveau à la maison à J + 2 et à J + 4.
Si un élève de la classe accueilli sur présentation d'un test négatif se déclare positif (par exemple suite à autotest réalisé à J2 ou J4), il n'est pas nécessaire de redémarrer immédiatement un cycle de dépistage pour les autres élèves de la classe ou les contacts à risque.
" Le cycle de dépistage ne redémarre que si le second cas confirmé a eu des contacts avec les autres élèves après un délai de 7 jours suite à l'identification du premier cas", précise désormais le protocole, un petit assouplissement.
Le ministre a reconnu que ce protocole était " extrêmement difficile" à vivre pour les familles. " Mais qu'est-ce qu'il y a d'autre à faire ?", a-t-il demandé, jugeant que "fermer les écoles", comme le demandaient certains, auraient été " plus facile", mais que ce n'était pas le choix du gouvernement.
Il a aussi reconnu que " çà et là il peut y avoir des pharmacies en rupture de stocks d'autotests", mais que " normalement elles sont réalimentées".
Selon M. Blanquer, "environ 8%" d'enseignants sont actuellement absents dans les établissements scolaires, durement touchés par l'épidémie de Covid-19. Mais le pic d'absences " ne devrait pas dépasser normalement 15%", avait assuré mercredi le ministre, alors que la rentrée scolaire s'effectue sous tension depuis lundi.