Covid-19 : médecins et infirmiers seront rémunérés au forfait dans les centres de vaccination aquitains

La presse avait pointé du doigt des stakhanovistes de la piqûre. Des cas rares mais choquants qui, payés à l'acte, pouvaient empocher de substantielles sommes. Le gouvernement y met fin. Dès le 16 avril, médecins et infirmiers seront payés au forfait dans les centres de vaccination girondins.

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Officiellement, la mesure vise à "simplifier les modalités de rémunération et de facturation des professionnels de santé libéraux intervenant au sein des centres de vaccination". A compter de demain, 16 avril, la CPAM met en place un nouveau système de rémunération et supprime "la possibilité de facturer à l’acte la prise en charge de chaque patient vacciné".

Arnaud Gaunelle président de MG France, principal syndicat chez les médecins généralistes, prend acte : 

Certains ont enchaîné les actes à une cadence assez incroyable mais c’est marginal.  Le but est surtout une simplification et une harmonisation qui pénalisera seulement les stakhanovistes. C’est dommage pour eux mais nous n’y pouvons rien, la CNAM gère de l’argent public et des montants 3000 à 9000€ pour une séance de vaccination cités dans la presse semblaient un peu indécents. 

Seule la rémunération au forfait est désormais possible en centre de vaccination. Les médecins percevront 420 € la demi-journée ou 105 € de l’heure s'ils restent présents moins de quatre heures. Les samedis après-midi, dimanches et jours fériés, la vacation forfaitaire est portée à 460 € la demi-journée (ou 115 € de l’heure pour moins de 4 h).

Une rémunération selon Arnaud Gaunelle qui semble juste, calquée sur le tarif de base d'indemnisation quand un médecin intervient pour une formation par exemple. Médecin généraliste installé à Lormont, en Gironde, il vaccine dans le petit centre de vaccination de la commune et avait opté pour le forfait. Plus simple à ses yeux. Et si dans son entourage, il ne connaît pas de collègues qui préféraient la rémunération à l'acte, il reconnaît qu'à raison de 30 à 40 patients vaccinés par demi-journée, la rémunération à l'acte pouvait être plus intéressante pour "les médecins prêts de leurs sous"

Un besoin de clarification

Le calcul est vite fait. A l'acte, le généraliste était payé 25 € en métropole en cas de consultation ou de visite médicale préalable à la vaccination (tarif comportant la première injection si elle était réalisée dans le même temps). Tarif auquel il faut rajouter 5,40 euros par patient pour l'enregistrer dans le registre national des vaccinations. Soit une rémunération entre 950 et 1200 euros la demi-journée, deux fois plus que le forfait du week-end. 

Arnaud Gaunelle admet que cela peut donner l'idée de "faire de l’argent sur le dos d’une maladie"  mais la CPAM n'avait pas imposé de plafond à la rémunération de l'acte et il ne  "jette pas la pierre" sur les collègues qui avaient opté pour la rémunération à l'acte.

La Gironde a ouvert 30 centres de vaccination. Leur mise en place est très récente. Et le besoin de clarification et de communication était criant.  A ce jour, la CPAM de Bordeaux n'a pas le recul suffisant pour évaluer le pourcentage de médecins payés à l'acte. Pour autant, elle affirme ne pas avoir connaissance d'abus. 

Les infirmiers.ères aussi, tout comme les pharmaciens

Ces nouvelles modalités de facturation s'applique aussi aux infirmiers. Mais pour cette profession, le forfait est limité à  220 € la demi-journée ou 55 € de l’heure en cas de présence inférieure à quatre heures. Soit un peu moins de la moitié du forfait alloué aux médecins. Aurélien Brunet, vice-président de l'Union Régionale des professionnels de la santé et réfèrent du syndicat Convergence Infirmière en Nouvelle-Aquitaine. Il s'étonne tout autant de la rémunération des pharmaciens "qui n'ont pas appris à piquer", 280 € la demi-journée (hors samedi après-midi, dimanche et jours férié). Il concède néanmoins que pour les infirmiers, le tarif forfaitaire est juste et correspond à ce qu'en moyenne, ils peuvent gagner en une demi-journée. 

La CPAM a circonscrit les nouvelles modalités de facturation aux centres de vaccination. Le paiement à l'acte reste donc possible en cas de vaccination dans les Ehpad, les services socio ou médico-socio ou en cabinet médical.

Or selon le Canard Enchaîné du 1e avril dernier, la vaccination en cabinet peut s'avérer extrêmement rentable. Jusqu'à 2000 euros en une demi-journée selon un témoignage recueilli auprès d'un pro de l'aiguille. Un exemple qui reste marginal. 

Pour Arnaud Gaunelle, cet acte médical engage la responsabilité du médecin. Cette rémunération à l'acte compense aussi le temps passer à trouver le bon vaccin pour le bon patient, à appeler les patients, à les décommander quand les doses étaient insuffisantes, à les rappeler pour fixer un nouveau rendez-vous. Le temps passé aussi à tenter de convaincre les récalcitrants. "On parle vaccin, matin, midi et soir" en ce moment rappelle le président de MG France en Gironde. 

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