"Dans cinq ans, il n'y aura plus de généralistes." À Sainte-Foy-la-Grande, les médecins libéraux dans la rue pour alerter

Entre 400 et 500 personnes, médecins et habitants, se sont rassemblées à Sainte-Foy-la-Grande samedi matin. Ils s'inquiètent du manque de médecins généralistes dans le pays foyen.

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Henri Garra a 64 ans. Dans trois ans, ce médecin généraliste pourra prendre sa retraite. Mais cette perspective l'inquiète. Il sait qu'il laissera des patients sur le carreau. Dans le pays foyen, tous ses collègues sont peu ou prou dans la même situation. "Nous avons tous entre 62 et 64 ans, détaille le docteur Garra. Si on ne fait pas venir plus de médecins, dans trois à cinq ans, il n'y aura plus un généraliste pour soigner la population."

"Si on ne fait rien, il y aura des défauts de soins, il va y avoir des morts. Le mot est peut-être un peu dur, mais c'est la réalité des choses."

Henri Garra, médecin généraliste

France 3 Aquitaine rédaction web

Ce samedi matin, entre 400 et 500 personnes (selon les organisateurs) se sont réunies à Sainte-Foy-la-Grande pour alerter sur cette situation "catastrophique". Jusqu'à présent, treize généralistes libéraux officiaient sur ce territoire de près de 17 000 personnes à cheval entre la Gironde et la Dordogne. "À cause de plusieurs départs, on ne sera plus que neuf l'année prochaine, ce seront entre 3 000 et 4 000 patients qui se retrouveront sans médecin", prévient Henri Garra.

"Entre 1 800 et 2 000 patients chacun"

Et les médecins restants ne pourront pas absorber cette nouvelle patientèle, assure Henri Garra, qui officie à Pineuilh. "On est déjà au maximum de ce qu'on peut faire, s'exclame le généraliste. On gère entre 1 800 et 2 000 patients chacun, alors que la moyenne nationale est de 1 000."

"On fait des heures, des heures, des heures, on est au bord de l'épuisement." 

Henri Garra, médecin généraliste

France 3 Aquitaine rédaction web

Les médecins libéraux du pays foyen réclament donc le passage de leur territoire en "désert médical". C'est déjà la demande qu'ils avaient formulée dans une lettre envoyée à l'Agence Régionale de Santé (ARS), à la préfecture, et à l'ordre des médecins. Ils affirment n'avoir reçu aucune réponse. Le passage en "zone d'intervention prioritaire" permettrait de mettre en place des exonérations fiscales pour les nouveaux médecins qui viendraient s'installer, et ainsi de les attirer sur le territoire.

"On a l'impression qu'on nous laisse crever."

Henri Garra, médecin généraliste

France 3 Aquitaine rédaction web

Réguler l'installation des médecins ? 

Au-delà de cette demande, Henri Garra s'interroge sur les solutions à mettre en place pour palier les déserts médicaux. En janvier dernier, une quarantaine de députés ont déposé une proposition de loi qui obligerait les médecins libéraux à s'installer dans les territoires les moins bien dotés. Elle n'a pas été votée. En juin, un amendement proposait cette fois non pas d'obliger les jeunes médecins à s'installer quelque part, mais de les empêcher d'aller dans des zones déjà saturées. La proposition a, elle aussi, été rejetée.  

Le débat sur la liberté d'installation des médecins est épineux. Le Conseil national de l'ordre des médecins et l'Union française pour une médecine libre (UFML) s'oppose fermement à toute régulation. Henri Garra aussi, "d'un point de vue philosophique".

Mais face à l'urgence, celui qui se dit "attaché à l'indépendance des médecins libéraux" appelle néanmoins à "revoir les positions". "De base, je suis contre, mais si c'est une question vitale, il faut se poser la question."

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