Les overdoses liées à des soirées Chemsex se multiplient à Bordeaux en quelques jours. Deux morts dans le quartier central Saint-Michel à Bordeaux, deux autres personnes hospitalisées. Toutes ont un dénominateur commun : des rapports sexuels sous l'influence de la drogue.
Y aurait-il des surconsommations de drogues ou des stupéfiants frelatés qui circulent à Bordeaux ?
La question se pose ce mercredi 20 mars dans la capitale girondine. Deux quarantenaires ont été retrouvés mort chez eux le 12 mars dans le quartier Saint-Michel. Le parquet de Bordeaux précise que les deux hommes seraient décédés à la suite d'actes sexuels sous l'influence de drogues, une pratique appelée "Chemsex".
Homicide involontaire
L'enquête, initialement ouverte du chef de recherches des causes de la mort, est désormais menée du chef d'homicide involontaire. Les deux décès seraient manifestement liés à des overdoses, ajoute le parquet de Bordeaux.
"Les deux victimes entretenaient une relation depuis plus de trois ans et consommaient des produits stupéfiants de type GHB et 3-MMC", indique le parquet. "Les autopsies concluaient à une cause médicale indéterminée, mais excluait toute intervention d'un tiers. Les résultats des analyses toxicologiques et anatomo-pathologiques sont toujours en attente.
Des drogues achetées sur Internet ou dans Bordeaux
Autre affaire le 15 mars, un homme est découvert seul et inconscient par un personnel de ménage dans un appartement de Bordeaux. L'homme, né en 1984, est évacué à l'hôpital Saint-André de Bordeaux. Divers produits stupéfiants sont découverts sur place.
Dès sa sortie de l'hôpital le lendemain, le quadragénaire est placé en garde à vue, dans les locaux de la police nationale. Il a déclaré "se fournir sur internet en commandant des produits illicites sur un site néerlandais ou en s'approvisionnant sur Bordeaux. Adepte de "Chemsex", il a reconnu organiser à cette fin des soirées et vendre des stupéfiants depuis 2021".
Déféré aujourd'hui au parquet de Bordeaux en vue d'une comparution à délai différé, le parquet a requis son placement en détention provisoire jusqu'à la date de son jugement des chefs suivants : importation, acquisition, transport, offre ou cession de manière illicite de substances ou plantes classées comme stupéfiants.
En l'espèce, il s'agit de la 3-MMC, du GBL, de la cocaïne, de l'ectasy et de la MMDA. L'audience au fond est programmée le 22 avril devant la 7e chambre correctionnelle.
Une victime hospitalisée
Troisième affaire. Le 16 mars, un habitant de Bordeaux fait un malaise à son domicile alors qu'il était en compagnie de deux hommes. Ces derniers contactent les secours, qui transportent la victime au CHU.
Les deux individus ont été entendus et ont déclaré avoir consommé de la 3-MMC avec la victime. Sur place, la présence de produits stupéfiants type 3-MMC, kétamine et poppers confirme la thèse d'une consommation de produits toxiques.
L'ensemble des produits est "actuellement en cours d'analyse. La victime, hors de danger et sortante du CHU, doit être entendue", ajoute Frédérique Porterie, procureur de la République de Bordeaux. Une enquête pour trafic de stupéfiants et blessures involontaires a été ouverte.
Aucun lien entre les trois procédures
Selon une de nos sources, connaisseuse du milieu, il serait très facile aujourd'hui de commander de la drogue sur internet. Celle-ci proviendrait des Pays-Bas principalement et serait envoyé directement par la poste ou par des sites de livraison. "La drogue est dissimulée de façon à ce que les chiens des douanes ne les reniflent pas".
Cette drogue, souvent de la 3-MMC, serait "moins cher que la cocaïne". Elle coûte entre "20 et 30 euros le gramme", selon notre source, contre 65 euros en moyenne en France pour la cocaïne.
Ce qu'on sait aujourd'hui dans ces trois affaires concernant la place bordelaise, c'est qu'il y a un dénominateur commun : des actes sexuels sous l'influence de drogues, et que ces pratiques du Chemsex se sont déroulés à Bordeaux.
Du côté du parquet de Bordeaux, on nous précise qu"aucun lien n'a pu être fait à ce stade entre ces trois procédures, qui sont toutes confiées au même service d'enquête, la DCT-33. En l'état de ces dernières, seuls deux morts sont donc à déplorer".