Ecole Sainte-Monique à Bordeaux: des parents se trouvent désemparés, leur enfant ne pourra pas rentrer le 11 mai

Plusieurs parents d'élèves ont appris hier que leur enfant ne pourra pas reprendre le chemin de l'école dans le quartier Saint-Augustin à Bordeaux. Ils ne font pas partie des professions prioritaires, néanmoins ils exercent une profession libérale ou sont chefs d'entreprise et cela est problématique

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C'est un sentiment de désarroi, certains parlent même de "choc". Leur enfant scolarisé en maternelle ou primaire à l'école Sainte-Monique, dans le quartier Saint-Augustin à Bordeaux, ne pourra pas reprendre l'école comme le gouvernement le laissait entendre à tous les parents de France et de Navarre.

Matthieu Planté, père de famille, témoigne : "Le 11 mai ? Cela se présente mal malheureusement. On a été tenu en apnée jusqu'à jeudi soir, pour apprendre finalement que notre fils en CE1, ne sera pas accepté à la rentrée, après un mois et demi de confinement. C'est vrai qu'on espérait pouvoir le ramener sur les bancs de l'école pour qu'il suive une scolarité et qu'il ait un contact social, c'est important dans l'équilibre d'un enfant, comme le disait d'ailleurs sa maîtresse. Jusqu'ici il avait eu deux visios par semaine organisées par sa maîtresse et c'était génial. Ma femme et moi, nous sommes dirigeants d'entreprise et en responsabilité, nous avons des emplois du temps assez chargés, et c'est difficile de pouvoir consacrer plus de temps à l'éducation de notre enfant...

Là, où nous sommes assez surpris et choqués, d'autant que ma femme est directrice d'école par ailleurs, c'est de ne pas rouvrir a minima 1 jour ou 2 pour accueillir nos enfants. On a l'impression qu'on abandonne nos enfants, même si les visios vont être maintenues. Là, on met à mal toute l'activité économique nécessaire pour que chacun puisse subvenir à ses besoins vitaux."


Une autre mère de famille qui élève sa fille, mais qui souhaite rester anonyme :"il a fallu attendre le début de soirée hier pour avoir le couperet et c'est sans appel". 

C'est très problématique, si je ne peux pas travailler, je ne peux pas subvenir aux besoins alimentaires de ma fille et payer les frais de scolarité..."
Une mère de famille.

Et cette dame de poursuivre : "Nous n'avons pas reçu de sondage pour savoir qui avait envie ou besoin de remettre ses enfants à l'école.  Certains parents ne sont pas emballés de remettre leur enfant à l'école, d'autres en ont besoin comme moi. Même des maîtresses auraient proposé un système de roulement."

LA POSITION DE LA DIRECTION DE L'ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE DE GIRONDE


Depuis la crise du coronavirus, et l'arrêt des cours classiques décrêtés par le Président Macron, les ressources entre les écoles catholiques et privées Sainte-Thérèse et Sainte Monique à Bordeaux ont été mutualisées. Les enseignements se sont poursuivis depuis le début du confinement : "du 16 mars au 17 avril, nous avons accueilli une dizaine d’élèves par jour (enfants de soignants), depuis le 4 mai et jusqu’au 12 mai inclus nous accueillons ou accueillerons une vingtaine d’élèves par jour (enfants de soignants)" précise la direction dans un mail envoyé aux parents.

Alors que la rentrée se fera d'abord pour les enseignants les 11 et 12 mai, où de 9 adultes l'école devrait passer à 22 pour le redémarrage des cours, la reprise des cours devrait être effective pour les élèves à partir du 14 mai.  Une priorité a été donné aux enfants de "personnels soignants, EHPAD, travailleurs sociaux en lien avec l'enfance ou les seniors, enseignants, ATSEM, pompiers, policiers, forces de sécurité intérieure, conducteurs de transport en commun".

Ce n'est pas une reprise ou une rentrée, mais la mise en place d'un accueil civique plus important.
Isabelle des Bourboux, directrice de l'Enseignement Catholique de Gironde.


"Nous avons des éléments qui nous viennent du Ministère de l'Eductation Nationale, en concertration avec les recteurs, et de notre instance nationale le Secrétariat Général à L'Enseignement Catholique. Avec ces éléments, nous accompagnons les chefs d'établissements pour la réouverture".  Jusqu'ici ce sont 38 000 élèves qui ont pu suivre des cours à distance et cela s'est très bien passé, moins de 200 auraient rencontré quelques difficultés. Des cours à distance qui vont se poursusivre pour certains, alors que d'autres vont reprendre le chemin de l'école. Aussi face au questionnement, la directrice tient à préciser comment a été déterminé le nombre d'enfants accueillis :

" Nous avons raisonné en terme déjà de contraintes de personnes: parmi les enseignants et personnels, certains ont été écartés car étant fragiles ou en contact avec des personnes fragiles. Ensuite nous avons eu des contrainte de locaux: 10 élèves maximum en maternelle et 15 au grand maximum en primaire; nous avons pris en compte les salles de classe, les cantines, les accès et cours de récréation pour respecter les protocoles sanitaires." 

C'est ainsi que :

Considérant les critères de personnels enseignants ou encadrants, les critères d'espacement, et prenant en compte les enfants de personnels prioritaires, vous faites en fonction de la capacité d'accueil et vous pouvez vous retrouver dans des conditions où vous allez devoir prioriser".


"En amont vous devez prendre en compte les enfants de personnels prioritaires, et notamment de personnels soignants, et à Sainte-Thérèse et Sainte-Monique il y a beaucoup de parents qui travaillent au CHU de Bordeaux. Ensuite les enfants qui ont de vraies difficultés d'apprentissage, les enfants de parents requis qui ont vraiment besoin d'être disponibles pour qui il n'est pas possible de travailler à distance, enfin vous avez la prise en compte de fratrie."

Pour une autre mère de 2 enfants scolarisés à Sainte-Monique, qui exerce la profession d'avocate, cette reprise est un casse-tête: "mon mari est fonctionnaire et moi-même profession libérale, avocate à mon compte. Les juridictions rouvrent et tous les procès reprennent à partir de lundi et je dois reprendre quoiqu'il arrive....Je vais devoir prendre des nounous, cela va être très problématique".

Il y a une question de principe, je n'accepte pas la discrimination, tous les enfants ont le droit d'être scolarisés à partir du 12 mai, alors que tous les parents doivent reprendre le travail".
Une mère de 2 enfants.

Et de reposer le problème : "la question clé est aussi la fermeture de Sainte-Thérèse, cela me paraît arbitraire de fermer cette école. Il n'y a pas eu de décision indépendante. C'est faire perdre une chance aux élèves d'une école et d'une autre d'être scolarisés. Pour moi, la situation est scandaleuse". Une autre mère complète : "pourquoi Sainte-Thérèse ne règle pas son problème en interne, je regrette qu'il n'y ait pas eu de dialogue." Et Matthieu Planté de souhaiter "que le maire s'implique sur ce dossier et aide la direction qui a pris une décision inappropriée."

Pour Isabelle des Bourboux, directrice de l'Enseignement Catholique de Gironde : "nous avons eu une réunion mardi soir et avec les présidents de l'Apel de ces établisements, ils se sont montrés confiants pour que les choses se passent bien. Sur 73 établissements, il y a un établissement où les relations sont assez compliquées. A Sainte-Thérèse et Sainte-Monique, le chef d'établissement nous a consulté et nous avons travaillé avec elle son plan d'organisation réalisé le mieux possible par rapport aux contraintes d'organisation". 

Notre priorité est de ne mettre personne en danger, ni les adultes, ni les enfants, ni les familles de ces enfants. Si on ne respecte pas les gestes barrières et la distanciation, on pourrait réactiver la transmission du covid-19, ce qui ne peut pas être envisagé" Isabelle des Bourboux

"Si certains enfants ne vont pas à l'école, que leurs parents ne s'inquiétent pas, ils continueront leur apprentissage à la maison".
Quant à l'alternance envisagée ?  "Je n'y suis pas favorable en terme d'apprentissage, mais l'apprentissage continue avec le travail à distance et avec des enseignants très engagés, très volontaires pour accompagner les enfants. On leur demande des efforts importants et je sais que certains sont inquiets de cette reprise. Nous sommes en lien avec la mairie de Bordeaux avec notamment la distribution de masques qui vont arriver, aussi de manière fractionnée. J'attends des parents de la compréhension, les décisions sont prises en considération de ce qui est demandé de faire, c'est le mieux qu'il est possible de faire."

Matthieu Planté, qui a une entreprise qui gère les système d'épuration et de traitements viticoles, se retrouve pénalisé : " Cela va être compliqué à gérer, concrètement je ne vais pas pouvoir reprendre mon activité à 100%, je vais devoir m'occuper de mon fils et le garder, cela va être dur de rester à la maison...

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