Dans l'esprit collectif, un produit local est synonyme de produit favorable à la protection de l'environnement, puisque la distance à parcourir entre le lieu de production, le point de vente et le consommateur est réduite. Dans la logique, consommer local, ce serait "écolo". Cependant, ce n'est pas tout à fait vrai. Explications en moins de 3 minutes avec Delphine Roux dans T'as la soluce ?!
Un locavore consomme uniquement des produits locaux et de saison dans le but d'une part de se régaler avec des fruits et légumes gorgés de vitamines, et surtout dans un objectif précis : contribuer au développement durable.
Alors la logique se tient : si la distance à parcourir entre le lieu de production, le point de vente et le consommateur est réduite, l'impact sur l'environnement est également plus faible.
Puisque les transports émettent des gaz à effet de serre, limiter la distance entre les aliments et les consommateurs (on parle de kilomètre alimentaire), cela revient à limiter notre impact sur le réchauffement climatique.
Mais en réalité, ce n’est pas aussi simple que ça.
Des modes de production pas toujours écologiques
Il faut savoir qu’une grande partie des impacts environnementaux de notre alimentation ne provient pas du transport des aliments, mais plutôt de leur mode de production.
En effet, la phase de production engendre de nombreux désagréments tels que la pollution de l’air, de la terre et de l’eau. Et c'est notamment l'utilisation d’engrais et de pesticides qui dégradent considérablement les sols et les réserves en eau.
De plus, de nos jours, il n'est plus surprenant de trouver les mêmes fruits et légumes sur les étals, quelle que soit la saison.
Sauf que pour cela, il faut cultiver ces fruits et légumes sous serres chauffées – c’est 10 à 20 fois plus de gaz à effet de serre qu’une culture en plein champ.
Sans oublier que pour un même aliment, les façons de produire ne sont pas équivalentes.
À titre d’exemple, une tomate française hors saison qui pousse sous serre chauffée aura un impact carbone près de 10 fois supérieur à une tomate de saison venant d’Espagne.
Pour l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) : les étapes suivantes ne sont pas en reste.
La transformation des aliments consomme aussi beaucoup d’eau (...) Et puis il faut ensuite stocker et conserver tous ces produits. Dans les grandes surfaces alimentaires, la réfrigération représente à elle seule 40 % des consommations d’énergie.
ADEME
Cependant, il reste toujours la question du transport.
Quel est le mode de transport le plus polluant ?
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, transporter des aliments sur de longues distances ne provoque pas tant d’émissions de CO2.
En dehors du transport en avion, les quantités d’aliments transportées sont si grandes, que les émissions de GES sont très bien réparties sur l’ensemble, et l’impact se retrouve limité.
En revanche, le transport des aliments reste très polluant sur d’autres aspects, notamment lorsqu'ils voyagent en bateau, par exemple.
Les effets néfastes sur l'environnement et la biodiversité sont nombreux :
- les émissions de particules fines qui polluent l’atmosphère : il faut savoir que les carburants des bateaux sont beaucoup plus polluants que ceux des voitures.
- les risques de marées noires
- la pollution sonore qui impacte les animaux
Et puis, il faut aussi se dire que transporter des produits sur de grandes distances, c’est augmenter le risque d'endommager les aliments.
Et donc de générer de plus grandes quantités gaspillées.
Du bon sens
D’un côté, consommer local, ce n’est pas synonyme de réduction des impacts négatifs sur l’environnement, par ailleurs le transport de bananes par avion ou bateau, engendrent de graves conséquences pour la planète. Alors que faire ?
La solution, finalement, ce serait de faire preuve de bon sens, notamment en modifiant notre mode de consommation.
Un aliment qui nécessite beaucoup plus d’énergie pour être produit localement que s’il était importé, n’en vaut peut-être pas la peine.
Enfin, n'oublions pas que privilégier la consommation de fruits et de légumes de saison contribue :
- au soutien de l'économie locale
- au maintien d'un lien entre consommateurs et producteurs
- et à une meilleure santé pour tous
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