Ce mercredi sur les quais de Bordeaux avait lieu le déchargement de la péniche Le Tourmente. A son bord, trente tonnes de denrées alimentaires, venues du Lot-et-Garonne et arrivées par le fleuve pour desservir des clients bordelais.
Et si on remplaçait les camions de transport alimentaire par des péniches ? C'est le projet dans lequel se sont lancés depuis plusieurs mois les acteurs de Garonne fertile. Leur objectif : montrer qu'il est possible d'utiliser la Garonne pour faire le lien entre les terres agricoles du Lot-et-Garonne, et le cœur de Bordeaux, après deux escales à Marmande et Langon.
"Ce mode de transport, plus écologique, était pour nous une évidence"
C'est dans ce cadre que le bateau le Tourmente s'est amarré mardi soit au port de la Lune. A son bord, trente tonnes de denrées alimentaires, dont un camion frigorifique. Un deuxième acte, après un voyage d'essai au printemps .
Parmi les clients de ce périple automnal - 110km parcourus en deux jours- se trouvent 18 magasins Biocoop, situés dans la métropole bordelaise ainsi qu'à Marmande et Langon. "La Garonne n'étant pas très loin de nos magasins, la possibilité de faire voyager un peu plus de marchandises avec un mode de transport plus écologique était pour nous une évidence. C'est pour ça qu'on a travaillé sur ce projet", affirme Christophe Delpino, représentant des Biocoop de Gironde qui envisage déjà de renouveler l'opération.
C'est une expérimentation, mais notre mode de fonctionnement nous permet déjà d'envisager un travail identique sur 2023.
Christophe Delpino, représentant des Biocoop de GirondeFrance 3 Aquitaine
Pour l'heure, la marchandise arrivée par les eaux ce 4 octobre ne représente que l'équivalent du chargement d'un camion. Mais la symbolique est importante pour le représentant de la chaîne de magasins bio. "On pourrait y aller crescendo, avec des voyages une fois par mois, puis tous les quinze jours, ce qui permettrait déjà d'alléger le transport routier et de sensibiliser les autres futurs clients au transport fluvial", espère-t-il.
Dernier kilomètre
A leur arrivée, une partie de la cargaison, à destination de la coopérative Manger bio sud ouest, était ensuite acheminée vers les sites de revente par vélo-cargo. "L'idée est avant tout de réfléchir sur l'approvisionnement local d'un coté, et la distribution via des modes de transport plus doux", explique Benjamin Labelle, directeur de la coopérative. "Après le fluvial, on se devait de réfléchir à ce qu'on appelle le dernier kilomètre, en métropole, pour pouvoir servir nos clients" , poursuit-il, avant de rappeler que "les secteurs du transport et de l'agriculture concentrent près de 50 % des émissions de gaz à effet de serre aujourd'hui en France".
Alléger les camions
"Moi qui suis un enfant du fleuve, j'ai vu cette Garonne avec les péniches, avec l'utilisation du fleuve, s'enthousiasme Jean Touzeau, vice-président de Bordeaux métropole, en charge des infrastructures routières et de la valorisation du fleuve. Aujourd'hui on voit comme tout ça peut se concrétiser, on évalue avant de rentrer dans un schéma beaucoup plus global", assure-il. Enchanté par l'expérimentation, l'élu qualifie la journée d'exceptionnelle
Faire démonstration que ça peut marcher, que l'on peut aller en cœur de ville, qu'on allège la voiture et les camions, c'est ce travail qui est aujourd'hui entrepris.
Jean Touzeau, vice-président de Bordeaux métropoleFrance 3 Aquitaine
Il envisage désormais de l'étendre au transport de déchets ou de matériaux. "On peut donner du temps au temps sur certaines politiques, sur d'autres je pense qu'il faut vraiment accélérer", poursuit Jean Touzeau, sans pour autant donner de calendrier de mise en œuvre.