Selon la préfecture, « la mosquée, gérée par l’association « Rassemblement des musulmans de Pessac », promeut un islam radical et véhicule une idéologie salafiste ». Celle-ci annonce qu’elle va lancer un recours devant le tribunal administratif.
Une procédure avait été lancée par la préfecture le 24 février dernier. L’association avait dix jours pour apporter des éléments contradictoires. Visiblement, ils n’ont pas convaincu les autorités.
« Islam radical » et « idéologue salafiste »
C’est dans un communiqué que la préfecture a annoncé la nouvelle de lundi 14 mars en fin de journée. « Des prêches et des propos ont régulièrement incité à ne pas respecter les lois de la République, justifié les attentats et valorisé la mort en martyr », indique-t-elle. « Elle diffuse des publications haineuses à l’encontre d’Israël. Elle incite au repli identitaire et condamne les musulmans qui ne partagent pas leur vision rigoriste de l’Islam".
"Elle accueille régulièrement des imams connus pour leur proximité avec l’islam radical et leur idéologie salafiste, et apporte son soutien à des organisations terroristes ou des entités ou des personnes promouvant un islam radical », poursuit la prefecture. Fabienne BUCCIO, préfète de Gironde, a donc prononcé ce jour par arrêté préfectoral, la fermeture de la mosquée Al Farouk à Pessac pour une durée de 6 mois.
« Nous avons tout supprimé »
En février dernier la préfecture ne donnait pas de détails sur les propos qu’elle estimait condamnables, la procédure étant en cours. Mais elle affirmait : « la mosquée est sous surveillance depuis plusieurs années et que des faits contraires à la loi y ont été constatés ». Ce lundi 14 mars, c’est par la voix de son avocat Stefen Guez Guez que l’association gestionnaire de la Mosquée Al Farouk de Pessac s’est exprimée. Celle-ci avait dix jours pour apporter des éléments contradictoires aux accusations portées par la préfecture depuis plusieurs semaines.
«Nous sommes surpris par cette décision »,
Me Stefen Guez Guez
« L’association a retiré l’ensemble des posts publiés sur les réseaux et montrés du doigts par la préfecture sans même débattre sur le fond", poursuit l'avocat. "Nous avons eu une position radicale en supprimant tout. L’association a changé l’animateur de sa page Facebook, et a désigné un modérateur pour suivre les publications. On voit que cela ne suffit pas. La préfecture considère que la suppression est récente et donc que les publications sont toujours d’actualité. C’est un non-sens. La communauté musulmane de Pessac la ressent comme une punition pour des mots qui ont été tenus par des tiers (des internautes anonymes) tenus il y a longtemps et retirés depuis ».
« Il n’y a eu aucune enquête judiciaire ouverte par le parquet »
Mais ce que dénonce le plus férocement l’avocat de l’association c’est l’absence de judiciarisation de cette affaire. « Il faut souligner le décalage entre les accusations de la préfecture, comme la promotion du terrorisme, et la situation judiciaire », dénonce Stefen Guez Guez. « Il n’y a eu aucune enquête ouverte par le parquet, aucune garde à vue, et aucune audition d’aucun membre de la mosquée. C’est incroyable. Dans la réalité, il n’y a rien d’un point de vue judiciaire car il n’y a rien à reprocher à l’association ». L’avocat de l’association "Rassemblement des musulmans de Pessac" annonce que celle-ci va déposer un recours devant le tribunal administratif de Bordeaux.