Prisons d'Aquitaine : débrayages des surveillants suite à l'agression terroriste à la prison de Condé-sur-Sarthe

Un appel a été lancé par des syndicats pour une mobilisation nationale dès mercredi. A Gradignan comme devant plusieurs établissements pénitentiaires en France, des surveillants ont débrayé depuis mardi soir.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Ce matin, plus d'une trentaine de surveillants étaient mobilisés dès leur prise de service (alors qu'il faut une quinzaine d'entre eux pour chaque garde).

D'après Hubert Gratraud, Permanent F.O. Centre pénitentiaire Gradignan, ils ont été délogés vers 9h par les pompiers mais comptaient débrayer à nouveau entre 12h45 et 13h20, horaire du changement d'équipes.

Ils sont, une fois encore, touchés par l'agression violente subie par leurs deux collègues.
 


 

Intrusions d'armes et agressions

Déjà en janvier 2018, leur mobilisation avait été importante et il dénonçait alors outre le manque de personnel, l'insécurité et la surpopulation, des problème d'intrusions d'armes, de téléphones portables, par des projections extérieures...
Après ce dernier épisode, ils veulent faire connaître les agressions qu'ils subissent au quotidien (2 à 3 par semaine) et souvent passées sous silence : ils en ont comptabilisées 101 depuis janvier 2018 à Gradignan...

Les surveillants pénitentiaires de Gradignan avaient déjà appelé au débrayage le 12 février dernier, pour dénoncer leurs conditions de travail.
Le plus souvent, c'est le manque de personnel qui est mis en avant, surtout dans un contexte de surpopulation carcérale  (540 détenus pour 400 places).

A Gradignan, la problématique réside aussi sur les "mélanges" de profils et notamment, le fait qu'il n'existe pas de dispositif particulier pour les détenus éventuellement radicalisés...

Les surveillants, qui ont alerté à bien des reprises l'administration, sur leurs conditions de travail, sur la dangerosité, l'isolement parfois, sont une nouvelle fois inquiets face à la détermination de certains détenus, qui semblent n'avoir rien à perdre...

Le détenu interpellé et sa compagne tuée 

Cette agression à la prison de Condé intervient dans un contexte de climat social tendu dans les prisons françaises. Michaël Chiolo, le détenu radicalisé qui a poignardé mardi matin deux surveillants à la prison de haute sécurité de Condé-sur-Sarthe, a été interpellé dans la soirée mardià l'issue d'un assaut des forces de l'ordre au cours duquel sa compagne a été tuée.
    Ce détenu de 27 ans, qui s'est retranché avec elle durant près de dix heures dans l'unité de vie familiale de la prison, a été hospitalisé après avoir été blessé "sans gravité" lors de l'assaut du Raid lancé peu avant 19h, a indiqué le procureur de la République de Paris Rémy Heitz, qui a par ailleurs précisé que trois gardes à vue étaient en cours.
    
Il s'agirait pour deux d'entre eux d'un co-détenu et sa compagne, également présents dans l'unité de vie familiale au moment de l'agression des surveillants, selon des sources concordantes. L'identité de la troisième personne en garde à vue n'était pas certaine mardi soir.

    Une enquête de flagrance a été ouverte pour "tentative d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en vue de préparer des crimes d'atteintes aux personnes", a précisé M. Heitz. 

    L'enquête ne fait que débuter pour établir les circonstances de cette grave agression criminelle.

    L'attaque, qui s'est produite vers 9h45, avait été qualifiée de "terroriste" dès la mi-journée par la ministre de la Justice Nicole Belloubet. Se fondant sur de premiers témoignages, Rémy Heitz a expliqué dans la soirée que le détenu voulait "venger" Chérif Chekatt, l'auteur de l'attentat jihadiste de Strasbourg de décembre, et avait crié "Allah Akbar" au moment de se jeter sur les deux surveillants. 

    Ces derniers ont été grièvement blessés au visage et au thorax, selon une source policière. Âgés d'une trentaine d'années, ils ont été hospitalisés mais leurs jours ne sont pas en danger. 

    D'après Philippe Devique (Ufap), l'un des surveillants, blessé au thorax, "est sorti du bloc opératoire et est maintenant en convalescence, sous le choc à la fois de l'opération et de l'agression sauvage". Quant au deuxième, "il est assez gravement blessé au visage et psychologiquement très perturbé".

Radicalisé en prison

    Détenu de droit commun, Michaël Chiolo, qui purge une peine de 30 ans, se serait "radicalisé en prison", selon une source policière, mais n'était pas détenu dans le quartier pour radicalisés ouvert en septembre. "Je crois savoir que c'est un individu qui était fiché", a précisé la ministre de la Justice.
    
Pour agresser les deux surveillants, il a utilisé un couteau en céramique qui "aurait pu lui être apporté" par sa compagne, avait avancé Mme Belloubet à la mi-journée.
Selon des sources concordantes, la compagne du détenu aurait pu cacher cette arme ainsi que la ceinture d'explosifs factice dans un faux ventre de femme enceinte.

    Nicole Belloubet a annoncé avoir saisi l'Inspection générale de la justice pour comprendre comment ce couteau a été introduit en détention sans être détecté lors des contrôles de sécurité. Un rapport devra lui être remis "dans un mois", a-t-elle précisé.
    "Vous avez des portiques de détection mais la céramique ça ne sonne pas à moins de faire une fouille à corps de la personne extérieure. On n'a pas le droit de fouiller les personnes extérieures comme ça", a expliqué Philippe Devique.
  
 Converti à l'islam en 2010, le détenu purge une peine de réclusion criminelle pour arrestation, enlèvement, séquestration suivie de mort et vol avec arme, et d'un an d'emprisonnement pour apologie publique d'acte de terrorisme. Il est libérable en 2038.
    En novembre 2015, alors qu'il était déjà incarcéré à Mulhouse dans l'attente de son jugement en appel, Michaël Chiolo avait été condamné à un an de prison ferme pour avoir demandé à ses codétenus de "rejouer" l'attaque du Bataclan dans la cour de la maison d'arrêt. 

    La maison centrale de Condé-sur-Sarthe, "l'un des deux établissements français les plus sécuritaires", accueille 110 détenus pour 195 places, selon la ministre de la Justice. 

     
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information
en direct

DIRECT. Qu'est-ce qu'être agriculteur aujourd'hui ? Est-ce une vocation ou un sacerdoce ? comment préparer l’avenir ? La relève est-elle prête ?

regarder