L'ordre régional des pharmaciens constate une augmentation des demandes de comprimés d'iode face à la menace nucléaire que le dirigeant russe Vladimir Poutine laisse planer. Pourtant, les pharmacies ne peuvent pas délivrer les pastilles. Tant que le préfet ne l'aura pas décidé. On vous explique pourquoi.
L'inquiétude se fait sentir partout en Europe, et la Nouvelle-Aquitaine n'y échappe pas depuis ces derniers jours.
Lors de son dernier échange avec le Président de la République hier soir, Vladimir Poutine a assuré à Emmanuel Macron, qu'il "n'était pas dans son intention de procéder à des attaques des centrales nucléaires" en Ukraine et s'est dit "prêt à respecter les normes de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) pour la protection des centrales". Mais l'attaque vendredi 4 mars de la centrale nucléaire de Zaporojie, la plus grande d'Europe, dont les troupes russes ont pris le contrôle, a fait craindre le pire.
Signe d'inquiétude, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a confirmé que la France avait envoyé "différents produits médicaux" dont de l'iode en Ukraine. L'ambassadeur de France en Ukraine a fait état, sur la chaîne BFMTV, de la fourniture dans les prochains jours de "2,5 millions de doses d'iode pour pouvoir parer à tout danger nucléaire".
A la recherche de pastilles d'iode
L'ordre régional des pharmaciens en Nouvelle-Aquitaine constate une hausse des demandes de comprimés d'iode dans les officines. Or, pour l'instant, elles ne peuvent pas en délivrer. Elles n'en ont pas en stock explique Pierre Beguerie, président central et régional de l'ordre des pharmaciens :
Actuellement, il n'y a pas de comprimés d'iode en officine. Tous les comprimés sont positionnés chez les grossistes répartiteurs qui les stockent en cas d'intervention d'urgence et de distribution selon les besoins et les actualités.
Pierre Beguerie - Président de l'ordre des pharmaciens de Nouvelle-AquitaineFrance 3 Aquitaine
Car il existe deux dispositifs de distribution. Le premier, préventif, est organisé autour des centrales nucléaires. Celle de Braud-et-Saint-Louis dans le Blayais et celle de Golfech, en Tarn-et-Garonne, à la frontière du Lot-et-Garonne en Nouvelle-Aquitaine.
Le plan particulier d'intervention ( PPI) élaboré par le préfet du département prévoit une campagne de distribution annuelle de comprimés d'iode dans un rayon de 20 km. Des exercices d'évacuation de la population en situation réelle sont régulièrement organisés. Le dernier remonte au 22 octobre 2021. Un accident à la centrale du Blayais avait été simulé. Quatre-vingt communes étaient concernées, soient 86 000 personnes.
Nous y avions consacré ce reportage >
Au delà des PPI, le préfet peut déclencher le plan Orsec iode qui organise la distribution en urgence à l'ensemble de la population du département avertie via les médias. Ce plan prévoit les moyens d'acheminement, les lieux d'approvisionnement....
Pierre Beguerie se veut rassurant : il n'y aura pas de problème de stock. La pharmacie de l'Armée est le fabricant historique des comprimés d'iode. Des stocks sont pré-positionnés dans chaque département, chez les grossistes répartiteurs, pour être distribués dans des délais très courts affirme le ministère des Solidarités et de la santé.
Pour l'instant, bien que préoccupante, la dégradation constatée à proximité immédiate des sites nucléaires en Ukraine n'appelle pas de mesure sur le territoire national rassure le ministère des Solidarités et de la santé.
Il serait d'ailleurs inutile, voire dangereux, de prendre ces comprimés met en garde Pierre Beguerie.
L'iode radioactif qui se diffuse dans l'air en cas d'incident nucléaire se fixe sur la thyroïde et peut augmenter le risque de cancer. Absorber un comprimé d'iode stable permet de saturer la thyroïde et de limiter la fixation d'iode radioactif. Cette ingestion doit se faire dans les six à douze heures après l'accident. Et selon les recommandations médicales. Certaines personnes peuvent avoir des contre- indications.
Il ne faut surtout pas anticiper. Ca pourrait être pire que le mal.
Pierre BéguerieFrance 3 Aquitaine
Le président de l'ordre des pharmaciens rappelle que les comprimés d'iode ne sont pas la panacée en cas d'incident nucléaire. Ils viennent en complément d'autres actions comme la mise à l'abri ou l'évacuation.