Il aurait détourné 1,5 million d’euros en organisant des lotos caritatifs. “Jojo le roi du loto” a été condamné, ce vendredi 9 août, à 36 mois de prison avec sursis.
Il n’aura pas de prison ferme. Ce vendredi 9 août, après plusieurs mois de délibération, le tribunal correctionnel de Bordeaux a condamné Jonathan L., surnommé “Jojo le loto”, à 36 mois de prison avec sursis, une peine plus légère que les réquisitions du 24 juin dernier : le procureur avait alors requis un an de prison ferme à son encontre.
Sa peine est assortie d’un sursis probatoire d’une durée de trois ans. Il a également interdiction d'organiser des lotos. "On ne se satisfait jamais d'une condamnation. Mais le tribunal a été à l'écoute, ce qui a permis de comprendre la physionomie de ce dossier, les circonstances exactes et surtout la personnalité de mon client", indique Me Arnaud Dupin, l'avocat de Jonathan L.
Des centaines de lotos caritatifs
C’est du côté financier que le Girondin de 34 ans perd beaucoup. Le tribunal l’a condamné à une condamnation douanière d’1,5 million d’euros, soit l’équivalent des gains qu'il aurait amassés en organisant des lotos caritatifs frauduleux. Une peine assortie de 50 000 euros de pénalité. "Il fallait distinguer les infractions qui existent et ce tsunami médiatique lié à un montage artificiel qui laissait croire qu'il avait floué les associations", insiste Me Arnaud Dupin.
Ses lotos, organisés dans la métropole bordelaise durant une dizaine d’années, avaient rassemblé des centaines de personnes. Sur le papier, les bénéfices de ces lotos caritatifs devaient être reversés à des associations, comme les sapeurs-pompiers de Gironde, d'aide aux enfants malades ou encore des projets locaux de courses de BMX. Certains instituts comme le CHU de Bordeaux ou l’institut Bergonié avaient également été destinataires de ces lotos."Il a servi des associations qui n'ont plus aujourd'hui les moyens d'organiser des lotos et avoir de la visibilité et qui sont donc passées par un professionnel pour générer un plus grand bénéfice possible. Ces lotos ont, in fine, bénéficié à ces associations", argumente Me Arnaud Dupin.
Organisés depuis 2013, Jonathan L. et sa femme auraient récolté plus de 4,8 millions d’euros. En effet, si 500 000 euros avaient réellement servi de dons aux associations (sur les 4,8 millions de recettes), 1,7 million avait été détourné sur son compte en banque et celui de sa compagne. Cette dernière a d'ailleurs été condamnée, de son côté, à vingt-quatre mois de prison avec un sursis probatoire de trois ans.
Pour le préjudice d’image et de la perte de chance, "Jojo le Loto" devra également verser 12 500€ au CHU de Bordeaux et à l’Institut Bergonié pour atteinte à l'image et perte de chance. "La perte de chance est évaluée à 10 000€, bien moins que les 350 000€ requis", rappelle Me Arnaud Dupin. Cette somme correspondrait aux dons que les deux organismes auraient dû percevoir à la suite de ces lotos.
Contacté par téléphone, l'avocat ne nous a pas précisé si son client ferait appel de cette décision.