Il sillonne les rues à vélo pour affûter des couteaux : le changement de vie d'un ancien cadre à Bordeaux

Ancien cadre dans l’agroalimentaire, Laurent Vallantin Dulac est devenu affûteur de couteau itinérant. Un métier qu'il réinvente en offrant un service rapide aux particuliers comme aux professionnels grâce à son vélo-atelier.

Il se souvient de ce jour, comme si c'était hier.  C’est en septembre 2023, lors du salon Exp’hôtel de Bordeaux, où il cherchait du travail que l’idée lui est venue.  Sans emploi après des années de bons et loyaux services dans une entreprise, Laurent Vallentin Dullac s'arrête devant le stand d'une entreprise d'affûtage de couteaux allemands et là, c'est : " la révélation !"

Le Bordelais, devenu affûteur, n'aime pas le terme de reconversion, il préfère présenter cette découverte comme la remise au goût du jour d'un ancien métier avec des machines actuelles. Un voyage dans le temps qui lui permet désormais de travailler avec plus d'une centaine de restaurateurs de la métropole bordelaise et presque autant de particuliers.

Avant de monter son business plan et de vérifier la viabilité de son idée, il l'a tout simplement testée auprès de son boucher : " Je lui ai demandé s'il avait des besoins particuliers et son enthousiasme m'a confirmé que l'affûtage n'était pas aussi régulier que l'on pouvait l'imaginer, même chez les professionnels."

Affûtage sur place en quelques heures

Le principe est simple :  dans son vélo-cargo se trouve tout le matériel nécessaire à l'affûtage de couteaux. A savoir, une petite machine qui se branche sur l'électricité de son client et qui sert à remettre à neuf les lames les plus usées.

On repère l'artisan de loin : sourire aux lèvres, lunettes fixées sur le nez, au guidon de son vélo-cargo supplanté d'un drapeau portant le nom de sa société, il arpente les rues de Bordeaux. Quand il fait mauvais ou que les restaurateurs se trouvent trop loin pour ses capacités de cycliste, il prend son camion, lui aussi griffé de son nom et de son numéro de téléphone, avec à l'arrière un atelier aménagé. Mais le principe reste dans tous les cas, le même, le client ne bouge pas, c'est l'affûteur qui se déplace.

Le métier qu'a réinventé Laurent Vallantin Dullac permet à ses clients :"de gagner en temps et en efficacité". "Là où une entreprise mettrait 15 jours à s'occuper des couteaux d'un restaurateur, je mets quelques heures dans un coin de l'établissement. Il me suffit d'avoir de quoi brancher ma machine à affûter et je me lance ! ", s'amuse-t-il.

"Ne fermer aucune porte"

Le sourire dans la voix et le regard malicieux, le Bordelais de 57 ans est passé par beaucoup d'emplois avant de faire revivre ce métier d'autrefois : " je pense que dans la vie, il ne faut se fermer aucune porte. Je me suis habitué à changer de projets", explique l'artisan. "Il y a cinq ans, mon restaurant faisait faillite. Aujourd’hui, je ne le regrette pas, car cette expérience m’a appris énormément", poursuit-il. 

Quand on croit en quelque chose, il faut se donner les moyens de ses ambitions.

Laurent Vallantin Dulac

Affûteur de couteaux

L'entourage est primordial, estime le travailleur indépendant.  "Tout le monde n'osera pas vous dire si votre projet est viable ou non. Pourtant, c'est un critère essentiel', note-t-il.  

Un nouveau marché s'offre à lui

Depuis peu, l'artisan s'est lancé dans l'affûtage de matériel médical, et ne manque pas d'en informer ses éventuels clients sur les réseaux sociaux.

Dès qu'un salon est susceptible de correspondre à ses services, le quinquagénaire s’y présente. Fin août début septembre, l'autoentrepreneur s'est donc présenté au Salon Terre de Chasse de Sauternes, où il a pu rencontrer de nouveaux clients potentiels. Plusieurs sociétés l'ont alors sollicité pour qu'il se déplace dans leurs locaux et s'occupe de refaire le tranchant des couteaux des chasseurs.

En moins d'un an, le bouche-à-oreille a fait son œuvre. Pour le plus grand bonheur du reconverti, qui veut garder sa lucidité. "Ça peut devenir un flop à long terme, mais je n'ai pas envie de penser à ça. Je me concentre sur le présent et pour le moment les choses se déroulent bien comme ça", résume-t-il.