Jugeant "décevantes" les annonces formulées par le gouvernement, les agriculteurs reprennent les mobilisations. Ce vendredi 9 janvier, ils bloquent la centrale d'achat de Leclerc, à Beychac-et-Caillau, en Gironde. Au cœur de leurs revendications, de meilleures rémunérations.
"Je suis père de trois enfants, je travaille 70 heures par semaine pour rien, c'est intenable." Un cri de détresse qui résonne sensiblement avec la colère des agriculteurs, entendue sur les barrages ces dernières semaines. Le mouvement est loin de faiblir.
Depuis jeudi 9 février minuit et jusqu'à samedi matin, une soixantaine d'agriculteurs de Gironde, des viticulteurs notamment, se relaient, par groupe de vingt, devant la centrale d'achat Leclerc La Scaso, à Beychac-et-Caillau. À l'appel des syndicats des Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA de Gironde, ils visent la grande distribution qu'ils accusent de faire des marges au détriment des producteurs.
La ligne rouge
Près de 500 camions partent chaque jour de la centrale d'achat de Leclerc pour alimenter les grandes surfaces du département en produits frais. Depuis le blocage impulsé jeudi soir, plus aucun véhicule ne rentre, ni ne sort. "On nous a dit qu'il ne fallait pas que ça dure trop longtemps, car ils ont des commerces à faire tourner, indique Damien Labiche, artisan vigneron présent lors du blocage et membre des Jeunes Agriculteurs. Achetez au bon prix et nous, on ne sera plus là."
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Car les annonces faites par le gouvernement suite au mouvement des agriculteurs sont loin de les satisfaire, particulièrement concernant leurs rémunérations. "On nous annonce des chiffres, mais nous, on veut de vraies mesures pour vivre de notre métier, poursuit le viticulteur. Aujourd'hui, si on ne veut pas perdre de l'argent, on doit vendre un tonneau de vin au minimum à 1300 euros. Ce n'est pas du tout le cas, on travaille à perte."
A chaque incohérence, on bloquera tout et on fixera notre propre ligne rouge.
Damien Labicheartisan vigneron membre des Jeunes Agriculteurs
"On veut vivre de notre métier"
Le blocage de la centrale d'achat entend "faire pression sur les négociants de la grande distribution". "Eux, ils font des marges et les producteurs ne vivent plus", déplore Damien Labiche qui n'exclue pas la mise en place d'actions ponctuelles organisées dans les prochaines semaines en Gironde.
Près de 50 % des agriculteurs vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Damien LabicheArtisan vigneron, membre des Jeunes Agriculteurs
Si la colère agricole gronde depuis des semaines, les agriculteurs ne décolèrent pas et continuent de porter le mouvement. "Ce qu'on a réussi à faire, ce n'était jamais arrivé, on a le soutien de tous les collègues, observe le membre des Jeunes Agriculteurs, lui aussi viticulteur. Ils se relaient pour retourner sur les exploitations, car il y a du travail." Et de conclure : "On croit en notre métier, on aime ce qu'on l'on fait, mais on ne gagne plus notre vie."