Cinq militants du groupuscule d'extrême droite "La Bastide Bordelaise" ont fait irruption pour provoquer et intimider plusieurs étudiants militants de l'UNEF et du Poing levé, le mercredi 4 décembre 2024, sur le campus de l'université Bordeaux-Montaigne à Pessac (Gironde). L'un d'entre eux pris à partie tout en étant filmé, puis insulté, a porté plainte.
"La haine sur nos facs, c'est toujours Non !" lâche l'UNEF (Union nationale des étudiants de France) de l'université Bordeaux- Montaigne à Pessac (Gironde) sur son compte Instagram, en réponse à la tentative de provocation de militants issus du groupuscule d'extrême droite "la Bastide bordelaise".
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Mercredi 4 décembre 2024, suite à une assemblée générale du syndicat étudiant qui a abouti à la création d'un comité d'action contre l'extrême droite, des membres du groupe identitaire ont fait irruption sur le campus. Un étudiant, membre de l'UNEF (Union nationale des étudiants de France) de l'université Montaigne de Bordeaux, a été suivi et filmé à son insu sur le campus, avant d'être insulté. Il en fait le récit sur Instagram :
C'était un peu avant 17 h, je marchais le long du bâtiment H, en direction du parvis quand 5 hommes habillés en noir avec casquettes et caches cous floqués du logo de "la Bastide bordelaise" m'ont pris à partie. Ils m'ont dit que j'étais un gaucho, un antifasciste...
Etudiant de l'UNEF
Insultes homophobes
L'un d'eux sort son téléphone pour filmer la scène. L'étudiant affirme qu'il est ensuite traité de " sale pédé" par Yanis Iva qu'il dit reconnaître. L'ex-candidat aux élections législatives de la 2e circonscription de la Gironde (Bordeaux-centre), condamné en 2023 pour des violences racistes et sexistes, selon France bleu Gironde, est désigné comme étant le fondateur de la "Bastide Bordelaise". Le groupuscule a été fondé en 2023 après la dissolution du groupe identitaire Bordeaux Nationaliste en 2023.
L'étudiant poursuit son récit dans son post Instagram : "D'autres répétaient, on est chez nous ici", en cherchant à l'intimider : "De toute façon, tu ne peux rien faire, on est 5, t'es tout seul."
L'étudiant de l'UNEF a poursuivi son chemin et a averti d'autres étudiants qu'il était suivi par l'extrême droite, qui visiblement cherchait à en découdre. Il est aussi allé prévenir l'administration de l'université avant d'être raccompagné chez lui par la police deux heures plus tard.
Ce dernier a porté plainte.
Série d'altercations
"Ces agissements sont d'une gravité toute particulière puisqu'ils remettent en question notre liberté d'expression mais surtout sur la sécurité des militants des campus", dénonce l'étudiant qui demande une position claire de l'université. Sollicitée, celle-ci ne nous a pas encore transmis sa réaction. Le sujet a depuis été abordé durant le conseil d'administration du vendredi 6 décembre. L'UNEF a demandé un " renforcement de la cellule de veille " de l'établissement et que l'université porte plainte.
Cette tentative de provocation fait suite à une série d'altercations entre militants de l'UNEF et du Poing Levé avec "la Bastide Bordelaise". Il y a quelques jours des tags haineux et des affiches avaient recouvert les murs du même campus, avant d'être effacés. "La Bastide Bordelaise" justifie également cette nouvelle irruption sur le campus en réponse à un tag : "Un FAF , une balle" .
S'il en est resté à la tentative d'intimidation et de provocation, cet épisode du 4 décembre fait également écho aux heurts qui avaient éclaté, en décembre 2022, entre des sympathisants de LFI et "une vingtaine d'individus cagoulés, armés de barres de fer et proférant des slogans racistes".
Un précédent dans l'université
Louis Boyard et Carlos Martens Bilongo donnaient alors une conférence à la même université, sur le thème du pouvoir d'achat étudiant, avant d'être interrompus par l'apparition des membres du groupe fasciste. Cinq membres du service d’ordre LFI ont déposé plainte pour violences volontaires aggravées.
Huit personnes avaient été interpellées et identifiées comme appartenant au groupuscule d'extrême droite « la Bastide bordelaise » avant d'être relâchées. Le parquet de Bordeaux avait décidé de poursuivre l'enquête en préliminaire, toujours en cours, selon nos confrères de Rue89Bordeaux.
L'UNEF s'inquiète du cap franchi avec cette apparition des militants d'extrême droite en plein jour, qui depuis le 4 décembre 2024, se sont multipliées. "Avant ils agissaient en pleine nuit, puis ils sont venus cagoulés en plein jour. Depuis le 4 décembre, ils sont revenus à visage découvert, en se revendiquant du groupuscule et en se baladant de manière totalement décomplexée en journée", certifie le syndicat étudiant.
"Ces idées nauséabondes n'ont pas leur place à l'université. Ces apparitions empêchent les étudiants d'aller en cours en toute sécurité", insiste un des porte-parole. "C'est pourquoi nous demandons à l'université une prise de position publique de l'université", insiste le syndicat.