"Je n’étais pas d’accord avec le 49.3, mais il est hors de question que je vote une motion de censure", assure le député de Gironde Pascal Lavergne

Conséquence de l'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution par le gouvernement sur la réforme des retraites, l’exécutif doit affronter ce lundi deux motions de censure. Pascal Lavergne, le député Renaissance de Gironde, l’avait prédit : la balle est désormais dans le camp de l’incertitude

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Il n’en voulait pas. Le choix de recourir au 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites est celui du gouvernement, pas de Pascal Lavergne, député de la majorité de l’Entre-deux-Mers en Gironde. L’élu l’avait très vite fait savoir sur Twitter. "Je ne comprends pas et je regrette ce 49-3. Un vote, on le gagne ou on le perd, mais on l'assume. Maintenant, la balle est dans le camp de l'incertitude."

Un avis qui résonne comme un présage à la veille d’une journée cruciale pour Emmanuel Macron. En ce premier jour du printemps, le chef de l’État va devoir affronter une tempête et deux motions de censure. "Moi, je n’aurais pas pris ce risque. Il fallait aller au vote, quitte à perdre pour que la représentation nationale puisse s’exprimer. On était majoritaires, voire unanimes dans le groupe Renaissance. C'était aussi le cas des députés Modem et Horizon et au dernier moment, on a eu la crainte que l'on ne puisse pas y aller. Maintenant, quand j’entends que c’est un passage en force, je veux tout de même rappeler que cette procédure est dans la constitution depuis 1958. 

Si le gouvernement a très peu de chances d’être renversé (Selon le comptage de Franceinfo, il manque au moins vingt voix pour faire tomber Élisabeth Borne) il n’empêche, l’exécutif doit naviguer par gros temps.

Quand on s’appuie sur la loi suprême, on ne peut pas parler de passage en force ! "

Pascal Lavergne, député Renaissance de Gironde

Rédaction Web France3 Aquitaine

Malgré ce désaccord, l’ancien maire de Monségur reste fidèle à ses convictions.  "Il est hors de question que je vote une motion de censure. Je me suis engagé dans une majorité par rapport à un programme. La réforme des retraites faisait partie du programme. J’aurais préféré que l’on se situe à 63 ans. Mais on est aujourd’hui au pied du mur pour réformer un système."

Pression des oppositions

La motion déposée par le groupe parlementaire Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot) est celle qui aurait le plus de chance d'aboutir : les députés de la Nupes ont annoncé qu’ils la voteraient et ceux du Rassemblement national ont assuré qu'ils soutiendraient chaque motion déposée. Les quelques votes manquants viendraient alors des députés Les Républicains. À ces derniers qui s’interrogent encore, Pascal Lavergne est catégorique.

"Ils font comme ils veulent, moi, je ne suis pas là pour les convaincre. Je pense qu’ils font une erreur en ne votant pas pour un projet qu’ils ont pourtant dans leurs gènes. Qu’ils soient cohérents avec les gènes qui sont les leurs, et qu’ils soient aussi cohérents avec la candidate qu’ils ont voulu défendre lors de la présidentielle, Valérie Pécresse qui revendiquait une retraite à 65 ans dans son programme".

Une affirmation que ne partage pas la députée du Rassemblement National du nord Gironde, rencontrée ce dimanche sur le marché de Saint-Seurin-sur-l'Isle. 

"Demain est un grand jour, c’est un peu l’heure de vérité. Tout va dépendre des Républicains

Edwige Diaz , vice présidente du RN et députée de Gironde

France 3 Aquitaine

Son parti se dit prêt à repartir en campagne en cas de dissolution. "Si les Républicains sont réellement dans l’opposition d’Emmanuel Macron, alors ils doivent voter cette motion de censure pour renverser ce gouvernement et provoquer sa démission".

De son côté, Pascal Lavergne, ne mâche pas ses mots et fustige ceux qui souhaitent renverser le gouvernement. "À ceux qui nous disent que nous n’avons pas de majorité, j’ai envie de leur dire, mais en avez-vous une ? Vous n’êtes même pas capable de proposer une motion de censure commune. Ça veut dire que vous n’êtes pas capable de vous entendre pour gouverner demain si vous renversez le gouvernement". 

Climat tendu

Difficile dans ces conditions de continuer de défendre la réforme des retraites pour les membres de la majorité. "Évidemment, on n’est pas très à l’aise quand on rentre dans nos circonscriptions, reconnaît Pascal Lavergne. On préférerait revenir en annonçant de bonnes nouvelles. Moi, je suis allé sur le terrain hier, et personne n’a refusé de me serrer la main. Des gens m’ont dit : ce n’est pas facile. Vous êtes courageux. Pour le moment, je n’ai pas eu de soucis, on a certes des messages peu agréables sur Internet, mais c’est tout".

Depuis l'utilisation de l'article 49.3, la contestation est montée d’un cran avec parfois des actes de violences. Des permanences de parlementaires ont été dégradées ces derniers jours. 

Dans la nuit de samedi à dimanche, celle de la députée Renaissance Sophie Panonacle sur le bassin d’Arcachon, a été visée par des "actes de vandalisme" indique la préfecture de Gironde. Une enquête a été ouverte pour que les auteurs puissent être identifiés et traduits en justice, peut-on lire sur Twitter sans donner plus de détails.

Quelques jours auparavant, la sénatrice girondine (les Républicains) Florence Lassarade a porté plainte après avoir vu sa permanence taguée à Langon après le vote des sénateurs qui avaient approuvé le texte final.

Sur France Inter, Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, a confirmé que si la motion de censure était adoptée, le président de la République dissoudrait l'Assemblée nationale (ce qui n'est pas obligatoire). "Le président a été assez clair, et il faut assumer cette clarté-là. Si demain le gouvernement était renversé, il faudrait assumer et dire, on y retourne". Ce qui signifierait l'organisation de nouvelles élections législatives.

"On verra ce que sera le résultat demain soir" conclut avec philosophie Pascal Lavergne. Après un week-end passé sur ses terres, le député de l’Entre-deux-Mers qui est toujours éleveur de blondes d’Aquitaine s’apprête à remonter à Paris. Il ne peut être ailleurs "en de telles circonstances".

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