La ville de Mios, en Gironde, se félicite : sa commune commence à endiguer l’explosion démographique qu’elle connaît depuis une dizaine d’années. Une philosophie à contre-courant qui permettrait, selon le maire, d’améliorer la vie des habitants.
À Mios, en septembre 2023, une classe a fermé, faute d’élèves. D’ordinaire, cette nouvelle inquiète les équipes municipales. Mais pas à Mios. Cette commune girondine, située entre le bassin d’Arcachon et Bordeaux, a particulièrement bien pris la nouvelle. “Je suis peut-être le seul maire à vouloir moins d’enfants et moins d’habitants”, s’amuse Cédric Pain, le maire de Mios.
Classes en préfabriqués
Stopper l’afflux de nouveaux arrivants, c’était la promesse électorale de Cédric Pain. À seulement quarante minutes de Bordeaux, dans les paysages du bassin d’Arcachon, la ville attire, depuis des années, des citadins en mal d’espace qui souhaitent aussi conserver les commodités de la ville.
Samantha a d’ailleurs emménagé en 2021 pour ces raisons. “Il y a tout, les écoles, tout un tas de parcs, de gymnases et on peut profiter du bassin d’Arcachon juste à côté”, sourit l’habitante.
En onze ans, la population de la commune a augmenté de 60 % pour atteindre 11 180 habitants. Si les commerçants s’en réjouissent, les infrastructures, elle, peinent à suivre la cadence. “Le collège a déjà été étendu trois fois”, souligne Cédric Pain. “Certains élèves se retrouvaient dans des classes en préfabriqués, faute de place”, illustre-t-il, malgré la construction de deux écoles supplémentaires et du collège, en dix ans. En moyenne, la commune ouvrait, jusqu’à cette année, entre trois et cinq classes par an.
80 hectares sanctuarisés
Nouvelle mesure de l’édile, la suppression dans le nouveau PLU de 80 hectares de zone constructible, en dépit des rentrées financières que l’espace représente. “Le foncier, ça vaut cher chez nous, mais nous voulions préserver nos espaces et les maintenir en zones naturelles ou agricoles”, précise Cédric Pain.
Plusieurs recours à cette modification du plan local d’urbanisme ont d’ailleurs été déposés par des habitants ou des promoteurs mécontents.
Freiner l’expansion de sa ville permettrait, selon le maire, de “mieux vivre”. “On risquait de devenir une ville-dortoir. On veut conserver notre développement de la culture, du sport et de la nature dans des espaces où on peut circuler et se retrouver”, indique Cédric Pain.
On veut grandir de façon raisonnée, plutôt que grossir.
Cédric PainMaire de Mios
Sur la réserve, les commerçants acceptent tout de même la décision municipale. “Il n’y a pas d’inquiétudes, parce qu’il y a encore beaucoup de choses à faire pour dynamiser le centre-ville. On est quand même déjà 12 000”, souligne Audrey Journet, une commerçante du bourg.
La commune veut désormais mettre l’accent sur les logements sociaux, “pour que tout le monde puisse accéder au logement dans la commune”. Sa stratégie semble doucement payer. Il y a dix ans, les prévisions annonçaient 20 000 habitants à Mios, en 2030. Aujourd’hui, ce chiffre est descendu à 16 472.