Sur la décennie précédente, 24 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été consommés chaque année en moyenne en France, soit près de cinq terrains de football par heure. Pour lutter contre cette artificialisation des sols, la loi 'Climat et Résilience' qui a des conséquences importantes pour les communes. Dans les zones rurales, l'équation est complexe et on vous explique pourquoi.
Avec 780 habitants, Gimel-les-Cascades a vu sa population augmenter de près de 10% en quinze ans.
Pas de nouveau lotissement ?
Pour accueillir ces nouveaux arrivants, la municipalité souhaite étendre le village, mais elle est aujourd’hui empêchée. Alain Sentier, maire sans étiquette de la commune corrézienne, se désole : "nous avions, en effet, eu des contacts pour faire un petit lotissement et nous avions eu en prévision par la suite d'en faire d'autres, et là, c'est mis un peu en péril..."
Mis en péril par la loi climat et résilience... Elle prévoit que les communes réduisent de moitié la consommation d'espaces d'ici à 2031, avant d’atteindre Zéro artificialisation Nette en 2050.
Sur les dix dernières années, la commune s’est étendue sur près de six hectares. Sur la prochaine décennie, elle aura donc moitié moins. Trop peu pour le maire : "2,7 hectares pour tout ce qui est extension, si on veut faire un lotissement même qui ne ferait même pas un hectare, qu'est-ce qu'il resterait pour les petites parcelles privées, à l’échelle de dix ans, ce n'est pas grand-chose.
La moitié de très peu, ce qui est le cas des communes rurales, ça ne fait plus rien du tout.
Philippe BrugèrePrésident de l'association des maires ruraux de la Corrèze
"Injuste", "inadaptée", pour bon nombre de maires ruraux, cette loi met sous cloche les campagnes, déjà peu consommatrices de foncier, au détriment des villes : "C’est elles qui consomment le plus d'espace et la moitié de beaucoup, ça reste beaucoup par contre, la moitié de très peu, ce qui est le cas des communes rurales, ça ne fait plus rien du tout", explique Philippe Brugère, président de l'association des maires ruraux de la Corrèze.
"Il faut qu'on soit plus sobre"
Entre 2011 et 2021, la Corrèze a consommé 2060 hectares de foncier, principalement dans les bassins de Brive et Tulle. Une bétonisation que souhaite aujourd’hui freiner le gouvernement. Car la consommation d’espaces et l’artificialisation sont préjudiciables à la biodiversité, au climat et à la vie terrestre en général.
Si cette loi a été prise, c'est que nous consommons beaucoup trop d'espaces agricoles, naturels et forestiers. Ça pose un problème pour l'avenir de notre agriculture, ça pose un problème pour la biodiversité. Ça pose un problème aussi en termes de risques (risques d'inondations...), il faut qu'on soit plus sobre.
Etienne DesplanquesPréfet de la Corrèze
À Naves, vingt-trois hectares de foncier ont été urbanisés ces dix dernières années. De son propre aveu, la municipalité gourmande va réduire son emprise foncière et s’attaquer aux logements inhabités. Ils sont deux cents sur la commune : "ce que l'on sait, nous à Naves, c'est qu'on a trop de logements vides, détaille Hervé Longy, maire de Naves (EELV). Il faudrait qu'on aide ces bâtiments-là à revenir au goût du jour, c'est-à-dire à être isolés thermiquement, à produire de l'électricité sans doute, mais aussi refaire tous les réseaux intérieurs."
Avec 7% des sols artificialisés, la Corrèze garde une réserve foncière importante. En février dernier, le conseil départemental de Corrèze a voté une motion que les communes de moins de 3500 habitants ne soient pas sous la contrainte de cette mesure. Et pour que la ruralité corrézienne conserve son attractivité.