Bordeaux : les soignants partagés sur le vaccin obligatoire pour lutter contre le Covid-19

Le débat se poursuit depuis ce week-end et le gouvernement consulte en ce moment sur le sujet. Dans une tribune dans le JDD, 96 médecins demandent de prendre la décision d'une vaccination obligatoire pour les soignants instamment. A Bordeaux, les professionnels sont très partagés.

Le vaccin ne fait toujours pas l'unanimité. A Bordeaux par exemple, 90% du personnel du centre hospitalier universitaire (CHU) a reçu une dose et 75% les deux.
C'est plutôt un bon chiffre selon Yann Bubien, son directeur général, qui explique qu'un dispositif de communication interne a été mis en place, relayé par les chefs de service pour inciter à la vaccination ainsi que des formations. A propos d'une forme de restriction des libertés, il argumente : " Je rappelle qu'à l'hôpital la vaccination obligatoire existe déjà : la vaccination DDP, contre l'Hépatite B,... Quand on est hospitalier, la première des obligations, c'est de protéger les autres. Notamment les patients de l'hôpital".

Si pour la direction du CHU la ligne semble claire, il resterait entre 10 et 15 % de récalcitrants parmi le personnel. Et certains se sentent montrés du doigt.

Pour les derniers rétifs au vaccin, c'est le caractère obligatoire qui les rebute. Comme cet aide-soignant que notre équipe a rencontré. 
 

Hier, on était applaudi, aujourd'hui, on est montré du doigt. Il y a un manque d'équité aussi : pourquoi nous et pas autres?

Un soignant du CHU de Bordeaux

Il ajoute également que contraindre à la vaccination ne serait pas en accord avec le principes constitutionnels : "chacun est libre de ses choix". 

Dans les EHPAD de Nouvelle-Aquitaine, 49 % des professionnels ont reçu les 2 doses. Mais ce cluster au variant Delta dans un EHPAD des Landes au mois de juin pourrait changer la donne. La contamination potentielle via une soignante non-vaccinée avait été relevée après le décès de deux résidents.

Le premier ministre, Jean Castex, consulte, cette semaine, les élus locaux et les présidents de groupes parlementaires, en vue de l'élaboration d'un projet de loi, qui pourrait entrer en vigueur dès septembre, rendant obligatoire la vaccination des personnels des EHPAD. La campagne de vaccination voudrait, on le sent, passer à la vitesse supérieure mais il ne faudrait pas, dans l'urgence, braquer ces personnels accompagnants ou soignants qui pourraient bien aussi se détourner définitivement de la profession.

Jean-Claude Lacoste et Clémence Rouher ont recueilli la parole des soignants au CHU de Bordeaux > 

Une tribune et un débat grandissant

Le débat sur la vaccination obligatoire des soignants contre le Covid-19 est monté en puissance ces derniers jours. Et si on n'évoque pas une obligation pour toute la population, des voix commencent à s'élever pour demander l'obligation vaccinale pour les soignants, voire pour tout salarié d'un Ehpad ou d'un hôpital "(s')exposant ou exposant les personnes dont elle est chargée à des risques de contamination" au Covid-19.

Les médecins dans cette tribune veulent une mesure "effective avant le début du mois de septembre" pour "éviter une quatrième vague", une crainte renforcée par la progression rapide du variant Delta, très contagieux.
"Demander à un soignant de se vacciner, ce n'est pas le pointer du doigt," a lancé le ministre de la Santé Olivier Véran, qui assistait à une édition spéciale du festival de musique Solidays dédiée... aux soignants.  Il s'agit de "leur demander d'aller au bout de leur engagement", alors que certains vaccins sont déjà obligatoires pour eux, a rappelé Olivier Véran.

Au plan national, le taux de vaccination des soignants plafonne à 57% dans les Ehpad et 64% à l'hôpital, selon la Fédération hospitalière de France (FHF). Un niveau qui "reste clairement insuffisant", a expliqué Alain Fischer, en charge de la stratégie vaccinale auprès du gouvernement. (Journal du dimanche) 

Parmi les arguments des réfractaires, certains évoquent la position du Président du Conseil scientifique, le Pr Defraissy qui était jusque là opposé à cette obligation vaccinale. Mais face à cette situation épidémique ( baisse des contamination mais croissance proportionnelle du variant delta) faussement rassurante qui ressemble à celle d'avant la deuxième vague en juin 2020, il a changé d'avis. Il craint, comme beaucoup de ses confrères, une quatrième vague à la fin de l'été.

 

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