Pour cette 4e édition du loto du patrimoine, le gagnant pour la Nouvelle-Aquitaine est la poterie de Gradignan. Ses fours-bouteilles, derniers vestiges d’un modèle industriel et technique de chauffe très répandus en Gironde du XIXe siècle, ont été sélectionnés parmi 18 sites en France.
Ils sont 18 cette année. 18 projets emblématiques retenus en France par la mission patrimoine pour la sauvegarde du patrimoine en péril. Une mission confiée à l'animateur Stéphane Bern et soutenue par la Fondation du patrimoine.
Parmi eux, les deux fours-bouteilles de la poterie de Gradignan, situés dans la métropole bordelaise en Gironde.
Vestiges d'un savoir-faire industriel, ils sont inscrits à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 2012. Michel Labardin, Maire de Gradignan résume leur intérêt patrimonial :
C'est le vestige d'une activité potière du XIXe siècle qui a été extrêmement importante pour la ville. C'est un patrimoine remarquable, unique en France.
L'un des deux est visible de l'extérieur, imposante silhouette de 10 mètres de haut, et 5 de large. Le second est abrité à l'intérieur d'un bâtiment. Ils pouvaient chauffer jusqu'à 1300 degrés pour les pièces émaillées dans la partie basse, jusqu’à 900 degrés dans la partie haute, appelée «globe».
Construits entre 1841 et 18553, ils étaient à la pointe de la technique à l’époque. La poterie de Gradignan disposait d'argile et de sable à proximité. D'abord tuilerie, elle a ensuite fabriqué des poteries de ménages, des tuiles et des pots pour la Gironde essentiellement. Elle comptait alors 3 fours. Deux seulement ont traversé le temps et font partie des 6 derniers "fours-bouteilles" en France. L'entreprise familiale employait encore 44 ouvriers avant la seconde guerre mondiale. Mais le manque de combustibles pendant le conflit et la concurrence de nouveaux produits l'ont obligée à arrêter sa production en 1950.
Trente-deux plus tard, en 1982, la commune de Gradignan rachète les deux fours-bouteilles restants et sécurise le lieu pour le mettre à disposition d'un potier. L’association Terre d’Art et d’Argile prolonge la vie de ce site industriel et propose des cours de sculpture, de modelage et de porcelaine. Elle organise également des ateliers de tournage et stages d’émaillage. Chaque été, une exposition fait découvrir les oeuvres d'un artiste de renom.
Selon la Mission patrimoine, le site est dans un état de ruine avancé. Sa "restauration est urgente et essentielle pour la préservation du patrimoine industriel girondin du XIX siècle".
La mairie pourra bénéficier du soutien financier du loto du patrimoine 2021, de la collecte de dons lancée par la Fondation du patrimoine, de mécénats et de subventions du ministère de la Culture pour poursuivre son programme de rénovation.
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— Ministère de la Culture (@MinistereCC) April 5, 2021
« Cette initiative est devenue […] un rendez-vous incontournable pour tous les amoureux du patrimoine. » pic.twitter.com/MgtcMMQcmN
Une aubaine financière pour la commune de Gradignan. Les travaux sont colossaux. Le four extérieur est, en effet, très endommagé. Il a subi les assauts de la météo, les attaques des oiseaux et est envahi par la végétation.
Le second four est certes protégé par un édifice. Mais l’ensemble a souffert. Les fers du four ont rouillé, les scellements ont éclaté. Les murs sont fissurés, abîmés par le ruissellement de l’eau en l’absence de gouttières.
Trois phases de travaux sont prévus. D'abord la restauration du four extérieur et la mise en place d'une couverture de protection dès spetembre 2021, puis le traitement des façades et couvertures, enfin, l'aménagement intérieur et de l’esplanade extérieure.
Une fois la restauration achevée, la municipalité a pour projet d'y organiser des biennales internationales alternant la céramique, le verre et le bronze, en partenariat avec les châteaux des vignobles locaux.
Un pont entre le passé de la poterie et l'avenir que résume Michel Labardin, Maire de Gradignan :
Pour nous, c'est un témoin non seulement de l'histoire mais c'est aussi un avenir. C'est un hommage aux artisans du passé qui ont permis à la population d'avoir des objets usuels dans leur cuisine. Et nous nous projetons vers un avenir culturel très prometteur.