Benoît Simian s'est longuement expliqué ce jeudi 24 mars 2022 devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Il réfute les accusations portées contre lui : harcèlement, violation de domicile, non présentation d'enfant...
"N'importe quel citoyen ferait 1% de ce qu'il a fait il finirait en garde à vue. Parce qu'il n'a pas fini en garde à vue il a considéré qu'il pouvait se permettre de faire ce qu'il voulait"
Me Ghalima Blal-Zenasni Avocate de la partie civile
Maître Ghalima Blal-Zenasni défend l'épouse de Benoît Simian.
Le couple est en procédure de divorce, une séparation pour le moins tendue.
"Ce monsieur a l'impression qu'il est dans une forme de toute puissance dans son fief du Médoc" fustige l'avocate. "C'est comme ça que madame a eu des soucis administratifs, d'ordre personnel aussi qui ont affecté son état de santé. Elle a perdu presque 15 kilos".
Très sûr de lui devant les juges
Benoît Simian réfute la quasi totalité des éléments qui lui sont reprochés. Il est apparu souriant au tribunal, saluant ça et là ses connaissances.
A la barre, très à l'aise et sûr de lui, le député de la 5e circonscription de Gironde s'est montré bavard. Trop même parfois. Il s'est d'ailleurs fait recadrer par son avocat à plusieurs reprises.
"Je suis un homme de dialogue" a t-il assuré. "Jamais je n'ai cherché à harceler ma femme".
Puis il s'est posé en victime. "Je suis parasité par mon profil de personnage public dans cette affaire. Mon image est abîmée".
"Je vis un enfer" dénonce sa femme
Contrairement à son mari, l'épouse se montre prostrée, repliée, tête basse. Elle ne lève pas les yeux sur Benoît Simian quand il s'exprime.
Interrogée, elle explique être totalement chamboulée par les agissements du prévenu. "Son but est de me faire partir de la maison depuis qu'il a demandé le divorce. Je vis un enfer depuis deux ans".
Son avocate explique qu'il lui a "pourri la vie". "Alors qu'il n'a pas le droit d'approcher le domicile conjugal, il s'est permis de s'installer dans son pseudo bureau installé dans le jardin. Il y est le jour, la nuit, il fait venir des amis, il met de la musique, il embête alors qu'une décision officielle lui interdit d'approcher le domicile conjugal. Il y a eu violation de domicile, vidéo à l'appui mais il piétine les décisions de justice".
18 mois de prison requis et inégibilité de 3 ans
La vice-procureure de la République, Rachel Bray, réclame 18 mois de prison avec un sursis probatoire de 3 ans.
Elle demande que l'élu ait interdiction d'entrer en contact avec son épouse et qu'il soit condamné à 3 ans d'inégibilité. Elle lui reproche des agissements répétés, une quarantaine, "parfois 2 ou 3 fois par jour", entre juillet et novembre 2020 au domicile conjugal de Ludon-Médoc où il ne devait plus se rendre.
"Il est là, il rôde, il gêne, il marque son territoire. Le problème, c'est l'omniprésence
de M. Simian. Il voulait qu'elle parte et il a décidé de lui pourrir la vie", a soutenu la vice-procureure.
L'avocat de l'élu, Me Olivier Couleau, dénonce lui "une mise à mort politique".
Le jugement a été mis en délibéré au 23 juin.
2e plainte pour harcèlement
Benoît Simian est poursuivi pour violation de domicile, menaces, voies de fait, violence, harcèlement. Il risque jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende pour avoir causé une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours pour son épouse.
Son immunité parlementaire, que l'Assemblée Nationale avait refusé de lever pendant la procédure, avait fait polémique. Le député avait déposé dans le cadre d'une audition libre.
"Je ne suis pas au-dessus des lois, mais je ne souhaite pas être en-dessous non plus" avait-il alors justifié.
Benoît Simian fait par ailleurs l'objet d'une autre plainte pour harcèlement de la part d'une ancienne collaboratrice.