Premier jour houleux lors du procès, à Bordeaux, de Moufide Bouchibi, le roi de la drogue en France

Neuf suspensions en une journée. Un premier jour à rebondissements lors du procès de Moufide Bouchibi, à l'image de l'arrestation de celui qui est considéré comme le plus gros trafiquant de drogue en France, en cavale pendant dix ans, interpellé à Dubaï, en mars dernier puis incarcéré à Gradignan.

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Toute la journée ses avocats n'ont eu de cesse d'obtenir la nullité de l'extradition de Moufide Bouchibi des Emirats Arabes Unis et donc de son procès qui doit se tenir pendant deux jours devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. 

Leur client comparaît pour une dizaine de go fasts, cette pratique qui consiste à convoyer la drogue dans des grosses cylindrées lancées sur autoroute. Des faits pour lesquels Moufide Bouchibi a déjà été condamné à 20 ans de prison et un million d'euros d'amende, le 22 septembre 2015. Mais à l'époque, il n'assiste pas au procès. Il est en cavale, voulant éviter une machine judiciaire, qu'il connaît bien.
Avant cette dernière condamnation, il en avait déjà dix à son actif, dont une de huit ans de détention. Car, de petit trafiquant de drogue dans l'Essonne où il réside, il a gravi les échelons en s'associant au début des années 2000 avec un Alsacien, Sophiane Hambli, dit "la Chimère". 

Du petit trafiquant de l'Essonne au baron de la drogue en France

Ensemble, ils importaient du cannabis en grande quantité qu'ils dispatchaient dans toute la France par go fast. Mais en 2011, l'une des voitures est accidentée, en Tarn-et-Garonne, lors d'un contrôle de gendarmerie. C'est le début d'une longue enquête menée par la section de recherche de Toulouse. Quatorze personnes, impliquées dans le réseau, seront condamnées.

Moufide Bouchibi, lui, est en fuite, hors de portée, croit-il de la justice française. Pourtant, en mars dernier, il est arrêté à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis puis remis aux autorités françaises le 12 mai. Son avocat, Me Thomas Bidnic avait alors contesté ce qu'il qualifie d'"extradition déguisée", visant à éluder les règles d'une telle procédure, souvent longue,  et en "méconnaissance" d'une convention d'extradition liant la France aux Emirats Arabes Unis.

Le 23 juillet, la cour d'appel de Bordeaux avait décidé son maintien en détention à la prison de Gradignan, confirmant un jugement du 6 juillet du tribunal correctionnel, qui évoquait notamment un "risque de fuite à l'étranger".

Premier jour houleux

Le calendrier judiciaire maintenu, le procès de "Mouf" devait se tenir ces mercredi 1 er et jeudi 2 septembre. Mais le premier jour est allé de rebondissements en rebondissements.

Invité surprise, la santé du prévenu. Moufide Bouchibi doit passer un test antigénique pour éviter tout risque de contamination alors qu'un cluster a été identifié à la prison de Gradignan où il est incarcéré.

Les débats commencent avec un quart d'heure de retard et seront interrompus une demi-heure plus tard. Le prévenu, âgé de 41 ans, déclare "qu'il ne se sentait pas bien" et se plaint de maux de tête depuis quatre jours. Le président du tribunal ordonne donc une suspension afin de laisser un médecin l'examiner. 

Pour l'un de ses avocats, Me Bidnic, "juridiquement, cette décision aurait dû être prise tôt ce matin par le procureur de la République" regrettant qu'il soit "traité comme du bétail par le procureur de la République pas par le tribunal". 

 

Le prévenu ayant été juge apte à comparaître, l'audience reprend, comme annoncé, à 12h15. Mais elle est, de nouveau, suspendue pour 45 minutes, le temps de vérifier que Moufide Bouchibi a bien donné son accord pour être sorti de sa cellule ce matin. 

Le reste de la journée sera ponctuée de nouvelles suspensions, neuf en tout, Me Bidnic continuant d'avancer, devant la presse, une multitude d'"erreurs graves commises par l'autorité judiciaire en particulier par le procureur de la République". Pour lui, son client ne peut pas être jugé par le tribunal correctionnel de Bordeaux puisqu'il ne devrait pas être à Bordeaux. 

 S'il avait été acté qu'il acceptait de rentrer en France, pour être jugé des faits dont a été saisi le tribunal de Bordeaux, pas de problème, on ne discute pas. Il n'y a pas ça. Il n'y a pas d'extradition. Ça s'appelle, par définition de la Cour de cassation, une extradition déguisée. C'est radicalement impossible. Il ne peut pas être jugé aujourd’hui. 

Des arguments qu'il défendra âprement devant le tribunal. Sans obtenir gain de cause. Les débats reprendront demain, jeudi 2 septembre.

Voyez le résumé de cette journée avec Fabien Farge-Champion et Jean-Michel Litvine : 

 

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