Les pompiers manifestent à la capitale pour un mouvement national inédit : "On veut que l'État reconnaisse notre métier comme dangereux."

Un préavis de grève nationale a été déposé ce jeudi 16 mai par les syndicats. Une quinzaine de pompiers girondins manifesteront à 14 heures à Paris. Ils réclament notamment une meilleure prise en considération des risques de leur profession.

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"Il aura fallu plus de dix ans pour descendre dans la rue." Le mouvement est "unique et historique". Ce jeudi 16 mai, les neuf syndicats représentatifs appellent à une journée de grève et à une manifestation d'ampleur place de la République, à Paris. De nombreux sapeurs-pompiers du territoire convergent vers la capitale pour faire entendre leur colère et porter leurs revendications

Le caporal-chef Sébastien Dephot, également président de la fédération autonome SPP-PATS Gironde, fera le déplacement. Pompier depuis douze ans, il alerte sur une considération des risques professionnels en deçà de la réalité du terrain.

Risques de cancer

"La santé et la sécurité" des sapeurs-pompiers sont insuffisamment considérées. "Un grand nombre de pompiers, exposés à la toxicité des fumées, sont touchés par des maladies et ont une espérance de vie plus faible que la moyenne", alarme Sébastien Dephot. Aujourd'hui, seul un cancer est reconnu comme maladie professionnelle pour les sapeurs-pompiers "contre 28 ans au Canada". "Cette dangerosité n'est pas prise en compte malgré des décennies de demandes sur le sujet, les gouvernements se renvoient la balle", regrette le caporal-chef. 

Plus méconnue, l'exposition aux PFAS. Ces polluants éternels toxiques, omniprésents dans le textile ou les ustensiles de cuisine, imprègnent les équipements des sapeurs-pompiers. En mars, Jérôme Cordoba, ancien pompier professionnel pendant vingt ans, participait aux tests permettant de mesurer leur présence sur la population. Parmi les dix personnes testées, le Bordelais présentait le taux le plus élevé de polluants éternels dans ses analyses, avec des résultats trois fois supérieurs à la moyenne. 

Refonte de la filière

Cet après-midi, une vingtaine de prélèvements capillaires seront réalisés sur des sapeurs-pompiers du territoire à la recherche de PFAS, dans le but de "prouver les effets nocifs de l'exposition aux fumées". "On veut que l'État reconnaisse notre métier comme dangereux", appuie Sébastien Dephot.

Parmi les autres revendications, la demande d'une "filière cohérente" et des "financements à la hauteur des missions". "On est dépendants des contraintes budgétaires. À chaque évolution du nombre d'interventions, les financements du Sdis ne suivent pas", détaille le président du syndicat autonome, Sébastien Dephot.

On se retrouve en sous effectif, à sur utiliser les sapeurs-pompiers volontaires dont ce n'est pas le métier, on les met en danger par rapport à ça." 

Sébastien Dephot

président de la fédération autonome SPP-PATS Gironde

Prime pendant les JO ?

Mobilisés lors des Jeux Olympiques, les sapeurs-pompiers regrettent l'absence de prime à la hauteur de leur implication. Contrairement aux services de police, "le Sdis n'aura rien", insiste Sébastien Dephot.  Dans les communiqués, les syndicats réclament également une meilleure rémunération et la "revalorisation d'une prime de feu", aujourd'hui fixée à 25 %. 

Malgré un mouvement national d'ampleur, les casernes restent ouvertes partout en France et les sapeurs-pompiers assureront la continuité du service public.

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