Polluants éternels. "Personne ne peut y échapper" : un député fait analyser les cheveux de 10 personnes, 9 sont contaminées aux PFAS

Ce vendredi 29 mars, à Bordeaux, le député girondin EELV Nicolas Thierry concluait son tour de France de tests de cheveux pour détecter les polluants éternels. À Bordeaux, sur 10 personnes testées, dont le maire Pierre Hurmic, 9 étaient contaminées à des degrés divers. La proposition de loi visant à interdire les PFAS dès 2026 sera étudiée par les députés le 4 avril.

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"On est préparé à se blesser, à se brûler, mais pas à être pollué." À 40 ans, Jérôme Cordoba a exercé la profession de pompier professionnel à Bordeaux pendant vingt ans. Comme neuf autres citoyens bordelais, il a souhaité participer aux tests d'analyses visant à détecter des polluants éternels sur des mèches de cheveux préalablement collectées. À la vue des résultats, le pompier est amer. "Je suis le grand gagnant, mais je me serais bien passé de ce trophée." Parmi les dix personnes testées, Jérôme Cordoba est celui qui présente le taux le plus élevé de polluants éternels dans ses analyses, avec des résultats trois fois supérieurs à la moyenne. 

"Personne ne peut y échapper"

En cause, la présence massive de polluants éternels dans les équipements utilisés par les pompiers et les mousses contenues dans les extincteurs."On ne nous en parle jamais, regrette le Bordelais, inquiet. Et pourtant, de mon côté, je fais déjà très attention, j'ai quarante ans et je vois les gens autour de moi qui développent des cancers." 

Pourquoi un député a besoin d'aller arracher les cheveux de ses citoyens pour faire réagir les pouvoirs publics alors qu'aux États-Unis le scandale a déjà explosé il y a 25 ans et les industriels se retrouvent devant les tribunaux ?

Nicolas Thierry

député EELV

À Bordeaux, sur les dix personnes testées, neuf ont été déclarées contaminées par des polluants éternels (PFAS). Ces substances chimiques, résistantes et omniprésentes,  sont très utilisées par les industriels pour leurs effets antitaches ou antiadhésives. Déjà interdits en 2009 et 2020, le PFOS et PFOA, autrefois contenus dans le Téflon, et classés comme cancérogènes avérés par le Centre international de recherche sur le cancer, ont été identifiés comme les polluants les plus présents dans les échantillons.

"On ne peut pas y échapper", tance le député écologiste Nicolas Thierry, à l'origine de l'étude réalisée sur tout le territoire. La Bordelaise Mélanie Gaillard a, elle aussi, participé aux tests. "Ç'aurait été une surprise de pas en avoir, mais on se pose beaucoup de questions de savoir comment on les a ingérés", réagit-elle.

Scandale sanitaire

Les substances sont également présentes dans le fart, ce produit appliqué sur les semelles de ski ou de snowboard afin d'en faciliter son glissement sur la neige. "Mais les polluants éternels se répandent partout et finissent dans les cours d'eau", illustre Nicolas Thierry.
"C'est un enjeu de santé publique. La littérature scientifique est très claire sur le fait qu'il existe un lien très probable entre ces polluants et un certain nombre de maladies, comme les cancers des testicules, des reins, de l'infertilité ou une baisse de la réponse immunitaire aux vaccins" ,
détaille le député écologiste, qui parle de "scandale sanitaire". 

Ces polluants éternels sont massivement présents dans l'habillement domestique, les ustensiles de cuisine ou les produits cosmétiques. La proposition de loi, portée par les écologistes, vise à les supprimer dans l'ensemble de ces secteurs dès 2026. Celle-ci a été votée à l'Assemblée nationale le 27 mars et sera examinée par les députés le 4 avril. 

La réponse ne peut être que politique, on ne peut pas faire reposer ça que sur le citoyen.

Nicolas Thierry

député EELV

Pollueur payeur

La proposition de loi vise de surcroît à rendre obligatoire la détection des polluants éternels dans les eaux potables et à instaurer le principe de pollueur/payeur. "Ce n'est pas aux maires de payer à la place des industriels, affirme le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, lui aussi ayant été déclaré contaminé lors des analyses. Le gouvernement devrait aller chercher de l'argent dans la poche des pollueurs, nous devons prendre nos responsabilités." 

Je me suis rendu compte que la seule dose d'éternité que j'avais en moi, c'étaient des polluants.

Pierre Hurmic

maire de Bordeaux

L'ensemble des analyses réalisées sur tout le territoire, sur 130 personnes au total, montrent que 94 % d'entre elles étaient contaminées. Si l'interdiction des polluants éternels dépend maintenant de l'étude prochaine des députés, Nicolas Thierry se satisfait déjà "d'une petite victoire". "Il y a un an, quand on parlait des polluants éternels, on était ignorés. Il faut mesurer tout le chemin parcouru." 

Selon lui, beaucoup reste encore à faire, notamment concernant les polluants historiques et les conditions de travail des personnes exposées à la pollution. "Dès le 5 avril, on enclenchera la phase 2", avance le député. 

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