La LGV Bordeaux / Espagne épinglée par la Cour des comptes

Prévisions de trafic surestimées, grande vitesse pas toujours pertinente, rentabilité insuffisante ... Le réseau ferroviaire à grande vitesse serait "peu cohérent" et trop coûteux selon le rapport de la Cour des comptes paru ce matin. La LGV Bordeaux / Espagne ferait partie des lignes épinglées.

Selon la Cour, ce "choix systématique de la grande vitesse ferroviaire (...) a abouti à un système peu cohérent, où les rames de TGV desservent 230 destinations et passent 40% de leur temps en moyenne sur les lignes classiques, ce qui nécessite en outre un parc important de rames".

Les TGV doivent desservir moins de gares sur leurs lignes dédiées, et moins circuler sur les lignes classiques, recommandent les sages de la rue Cambon, qui plaident également pour une règlementation plus souple sur les "modes de transport longues distances routiers", l'autocar notamment, qui permettrait de replacer le TGV comme un moyen de transport parmi d'autres.
Mais la Cour des comptes préconise également de "faire prévaloir l'évaluation socio-économique des projets de LGV annoncés", de "concentrer en priorité les moyens financiers sur l'entretien du réseau" existant, et "ne pas financer des projets non rentables". Car, affirment les rédacteurs du rapport, la fréquentation a, à chaque fois, été surestimée.

Résultat aujourd'hui: "sur certaines liaisons, les principales conditions de pertinence d'une ligne à grande vitesse (LGV) ne sont pas remplies" et le modèle est "à bout de souffle", son "coût devenu non soutenable". 
Selon Contexte, le rapport stigmatise aussi "la part de responsabilité de l'Europe dans le dévoiement du rôle conféré à la grande vitesse", en "échafaudant un plan ambitieux de réseau européen de transport (...) quitte à prendre fait et cause pour des projets dont la rentabilité socio-économique est discutée".
A ce titre, la LGV reliant Bordeaux à l'Espagne et le Lyon-Turin sont également épinglés dans le rapport, selon Contexte.

Construction: "30 millions d'euros" au KM 

Quant au "financement des projets de LGV déjà décidés", il n'est "pas assuré", déplore la Cour. En cause, le "haut niveau d'endettement de Réseau Ferré de France (RFF) (qui) l'empêche de financer de nouvelles lignes par emprunt", auquel s'ajoute l'abandon de l'écotaxe, dont le produit devait revenir
à l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf).
Celle-ci "n'a déjà pas été en mesure d'honorer ses engagements budgétaires en 2013", souligne le rapport. Le travail de la Cour des comptes "porte sur les décisions de construction de lignes à grande vitesse. Ca ne concerne pas la SNCF, ça concerne d'abord le gouvernement et les élus", avait affirmé le président de la SNCF, Guillaume Pepy, sur SNCF La radio, faisant état d'un coût de construction de "30 millions d'euros au kilomètre".
"Les TGV aujourd'hui dégagent du bénéfice", avait-il ajouté, déclarant toutefois que la SNCF devrait, "dans les 3 à 5 ans qui viennent, (...) baisser les coûts de production du TGV pour pouvoir toujours baisser les prix".

Car la Cour des comptes le souligne, la fréquentation stagnante du TGV, associée à une rentabilité des lignes en baisse "au fil de nouveaux projets de plus en plus coûteux", ont fait passer sa marge opérationnelle "de 29% du chiffre d'affaires en 2008 à 12% en 2013". La SNCF avait dû procéder en février à une importante dépréciation de la valeur comptable de son parc de TGV, et même le cahier des charges du très attendu TGV du futur, d'Alstom, prévu pour 2018, est passé d'un modèle haut de gamme à un train moins coûteux par passager.

Voyez le reportage de Marie Neuville :


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