La cour d'appel de Paris a confirmé le renvoi devant la cour criminelle départementale de la capitale de l'avocat Alex Ursulet. Il est accusé par une jeune femme de 23 ans au moment des faits de l'avoir violée lors d’un stage en janvier 2018.
Son nom n’a jamais été divulgué, ni son prénom. On sait tout au plus qu’elle est originaire du Pays basque, où elle exerce aujourd’hui son métier d’avocate. L’affaire est délicate et concerne ce qui a été l’un des plus gros bureaux d’avocats parisiens. L’ancien associé de Jacques Vergès et avocat du tueur en série Guy Georges, Me Ursulet est accusé par une jeune avocate, âgée alors de 23 ans, de lui avoir imposé des pénétrations digitales vaginales alors qu'ils se trouvaient seuls à son cabinet. Les faits auraient eu lieu après un déjeuner en janvier 2018.
La jeune femme, qui était à l’école des avocats de Bordeaux, effectuait à l’époque un stage dans le cadre de sa formation. Ils s’étaient rencontrés peu de temps auparavant lors d’un procès d’assises. Découverte en état de choc par un collaborateur, la plaignante avait mis fin à son stage dès le lendemain et avait porté plainte un an plus tard après être tombée en dépression.
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Il "a fini par la contraindre à un acte sexuel non consenti"
Le professionnel, à la notoriété bien établie et de 36 ans son aîné, a toujours contesté ces affirmations. Dans son ordonnance d'octobre 2023, que l’AFP a pu consulter, la juge d'instruction soulignait que l'avocat, "conscient du pouvoir que lui confère sa fonction de maître de stage et sa réputation d'avocat pénaliste reconnu par ses pairs", avait mis en place avec sa stagiaire "une relation alternant proximité, réprimandes et compliments", échangé des messages évoquant "la domination" et "s'est insinué dans (sa) vie intime".
Selon la magistrate, "ce qui semble être apparu pour la partie civile comme un jeu ou une connivence maîtrisable, n'apparaît en fait que comme un stratagème mis en place par le mis en examen afin de la surprendre". Il "a fini par la contraindre à un acte sexuel non consenti", une scène de viol décrite de "façon circonstanciée et constante" par la jeune femme", soulignait la juge d'instruction.
"C’est vraiment un soulagement pour elle"
"C'est un sentiment de grande satisfaction" explique l’avocat de la jeune femme aujourd’hui âgée de 29 ans, Me Thibault Laforcade. "La chambre de l’instruction est venue confirmer le travail très précis, étayé de la juge d’instruction, qui a estimé que les faits qui avaient été subis pouvaient s’apparenter à des faits criminels. L’attente de ce procès va désormais être beaucoup plus sereine maintenant qu’elle se sent écoutée". Dans ce type de dossier, la peur de ne pas être entendu, de ne pas être cru est importante pour les victimes.
Pour ma cliente, c’est vraiment un soulagement, car elle est reconnue dans ce qu’elle explique avoir subi et ça, c'est très important dans une reconstruction.
Me Thibault LaforcadeAvocat
D'abord témoin assisté, Alex Ursulet avait finalement été mis en examen en novembre 2021. L'avocat avait fait appel de sa radiation fin 2019 du barreau de Paris, ce qui lui a permis de continuer à exercer. La cour d'appel de Paris a décidé en avril 2022 d'attendre l'issue de la procédure pénale avant de se prononcer sur cette radiation.
La date du procès n’est pas encore connue. Probablement pas avant l’automne 2025 estime Me Thibault Laforcade.
