Un chauffeur de bus scolaire a accroché une camionnette qui lui barrait la route, jeudi 7 décembre, sur fond d'altercation avec un élève et son père. Il a ensuite loupé plusieurs arrêts et emmené une collégienne jusqu'au dépôt. Il dit avoir pris peur.
Ces élèves ne veulent plus remonter dans le bus. "Ce matin, j'ai emmené ma fille et ses amies à l'école, elles pleuraient à l'idée de devoir remonter dans ce car, elles sont complètement traumatisées", témoigne Stéphane Deriau. Sa fille est élève au collège de Saint-Yzan-de-Soudiac, dans le Blayais.
La veille, vers 17h15, alors qu'elle se trouve à bord du car scolaire, un de ses camarades se lève. Le chauffeur, employé par l'entreprise Transhorizon, lui demande alors de se rassoir et s'arrête sur le côté. C'est à ce moment-là que la fille de Stéphane Deriau l'appelle pour lui dire que quelque chose ne va pas. "Au téléphone, elle me dit qu'il est très en colère, qu'il menace les gamins", témoigne le parent d'élève.
Le bus fini par repartir. Selon le maire de Saint-Yzan-de-Soudiac, également en charge du transport scolaire par délégation de la région, c'est là que le chauffeur dit avoir subi une agression. "L'élève qui ne voulait pas s'asseoir l'insulte. Sa sœur, également dans le car, débarque et elle gifle le conducteur à trois reprises", détaille Didier Bernard, qui rapporte la version du conducteur.
Camionnette enfoncée et vitre brisée
A ce moment-là, un homme arrive, appelé par ses enfants. "Le père de l'élève turbulent", selon le maire. Il se gare avec sa camionnette devant le bus, qui était à l'arrêt, afin de le bloquer. C'est alors que le bus démarre et accroche le véhicule. La vitre de la porte arrière latérale du bus se brise sous le choc.
"J'étais au téléphone avec ma fille, j'ai entendu le fracas du choc, tous les gamins ont crié", raconte Stéphane Deriau. Le maire de Saint-Yzan-de-Soudiac, qui tient à apporter un soutien total au chauffeur, assure que ce dernier a pris peur. "Il a vu arriver un homme costaud, qui a tapé à la vitre, visiblement menaçant, il a voulu fuir et a éraflé le véhicule."
Conduite au dépôt
Après cet épisode, le bus repart avec une vitre cassée et loupe plusieurs arrêts. Il finit par déposer les enfants à un arrêt à Saugon. Ici, les versions diffèrent. "Les élèves étaient seulement à 300 ou 400 mètres de chez eux", assure Didier Bernard. A l'inverse, Stéphane Deriau affirme que "les gamines étaient très loin de chez elles, il faisait nuit, elles ont dû se réfugier dans une épicerie".
Après ces péripéties, tous les enfants sont descendus, sauf une. Elle est emmenée jusqu'au dépôt de bus, avant d'être raccompagnée chez elle par le chauffeur avec un autre véhicule. "La jeune fille trainait des pieds pour sortir du bus et le chauffeur a vu arriver le père menaçant, il a pris peur alors il a roulé jusqu'au dépôt, avant de la raccompagner chez elle", dit simplement le maire.
Stéphane Deriau, de son côté, est scandalisé : "Il a dit que ceux qui ne descendaient pas assez vite, tant pis pour eux, et il a fermé la porte. Il a emmené la petite, elle était terrorisée, elle ne savait pas où il allait l'emmener."
Chacun annonce vouloir porter plainte
Selon Stéphane Deriau, sa fille "complétement choquée" ne veut plus prendre le bus, et n'a pas pu retourner au collège aujourd'hui. "Quoi qu'il se soit passé, un chauffeur de car scolaire n'a pas à avoir ce genre de réaction."
Le père d'élève a rencontré la principale du collège, le maire et le chauffeur du bus vendredi matin. Il a fait part de sa volonté de se rassembler avec les autres parents d'élève afin de déposer une plainte commune contre le chauffeur.
Le maire de Saint-Yzan-de-Soudiac, de son côté, dénonce le comportement de certains adolescents. La société Transhorizon, qui défend son salarié, veut également déposer plainte. Contacté ce matin, elle n'a pas encore répondu à nos sollicitations.