Scénariste pionnier de la bande dessinée, fondateur de l'IUT de journalisme de Bordeaux, l'actuel IJBA, Pierre Christin est décédé ce jeudi 3 octobre. Attaché à démocratiser l'enseignement supérieur, il a été un grand acteur de la promotion sociale au sein de l'établissement.
Pierre Christin était un bâtisseur. "Il a bâti une œuvre et il a bâti une école". Arnaud Schwartz l'actuel directeur de l'IJBA, l'Institut de journalisme de Bordeaux Aquitaine, rend ainsi hommage à ce pionnier décédé à l’âge de 86 ans.
Il était aussi une figure incontournable de la bande dessinée. Auteur de la légendaire série "Valérian et Laureline", il a marqué des générations de lecteurs avec son imagination visionnaire.
"Il a été scénariste de bande dessinée - sans conteste l'un des plus grands - écrivain, universitaire et professeur", a rappelé son éditeur Dargaud dans un communiqué annonçant sa disparition ce jeudi 3 octobre.
Son ancrage à Bordeaux
Pierre Christin est également le créateur de l'école de journalisme de Bordeaux, appelé l'IUT de journalisme de Bordeaux en 1967. IUT qui deviendra par la suite l'IJBA dans les années 2000 en même temps que son déménagement dans le centre-ville de Bordeaux. "C'est lui qui a posé les fondations de l'école. Il a été un pionnier de la démocratisation de l'enseignement supérieur, lui fils de coiffeur", se rappelle émue Edith Rémond, ancienne directrice de l'école et qui a partagé de longues années avec Pierre Christin pour accompagner des générations de journalistes. "Il a toujours tenu à éviter l'entre-soi."
C'est un acteur de la promotion sociale.
Edith RémondAncienne directrice de l'IUT de journalisme de Bordeaux
À l'initiative de l'universitaire Robert Escarpit, qui a repéré le jeune scénariste dans cette fin des années 60, Pierre Christin crée le premier IUT consacré au journalisme, sur le campus. "Pour recruter la première promo, ils sont allés recruter dans les files d'attente des étudiants qui s'inscrivaient en fac de lettres, dans le bâtiment qui accueille l'actuel musée d'Aquitaine."
Ils leur demandaient : vous ne voulez pas devenir journaliste ? Ils regardaient par exemple ceux qui avaient un journal sous le coude...
Edith RémondAncienne directrice de l'école de journalisme de Bordeaux
Un attachement à l'écriture
Les lunettes sur la tête, la gouaille à l'accent fortement parisien, Pierre Christin a toujours défendu "une grande ambition pour l'école" ,appuie Edith Rémond. "Il balayait l'adversité d’un trait d'humour".
Aux jeunes étudiants présents, il a appris les bases. "Il avait un grand attachement à l'écriture, à la qualité de la langue dans la transmission de l'info ainsi qu'à la vérification des faits, la précision de l'information", poursuit Edith Rémond.
"Il avait beaucoup de détermination et de générosité. Il incarne toujours l'ADN de l'école" témoigne Arnaud Schwartz, l'actuel directeur de l'IJBA.
Son esprit demeure toujours.
Arnaud SchwartzDirecteur de l'IJBA
Un pionnier, auteur de la série Valérian
Pionnier dans cette ouverture du métier de journaliste à toutes les catégories sociales, pionnier aussi dans ses choix de scénariste. "Pierre Christin est non seulement considéré comme un scénariste majeur de l'histoire de la bande dessinée, à la fois par la richesse de son œuvre qui ne s'est pas limitée à la série Valérian, mais aussi par sa volonté d'aborder des sujets de société", a souligné Dargaud.
Progressiste, il est l'un des premiers à oser mettre en avant un personnage féminin (Laureline) comme une héroïne forte.
Editions Dargaudcommuniqué
Son nom reste principalement attaché au duo formé par Valérian et Laureline, héros de science-fiction. La collection est née de sa collaboration avec un ami d'enfance, le dessinateur Jean-Claude Mézières. Il fait de Pierre Christin "un pilier" du magazine Pilote, rappelle Dargaud. Le scénariste a écrit pour des légendes de la BD comme Jacques Tardi, François Boucq ou Enki Bilal.
Le prix Goscinny 2019 lui a été remis au Festival international de la BD d'Angoulême, pour l'ensemble de son œuvre.
VIDEO. Il avait répondu à l'invitation de la librairie Mollat à l'occasion d'une exposition qui lui était consacrée au festival de la BD d'Angoulême en 2020 ⇒