Opposés à une "école à deux vitesses", parents d'élèves et syndicats enseignants mobilisés contre les groupes de niveau

Des syndicats d'enseignants et parents d'élèves ont mené des opérations "Collège mort" ce matin dans neuf établissements de la métropole de Bordeaux. Ils dénoncent l'instauration des groupes de niveaux à la rentrée prochaine. Une réforme inefficace et injuste selon eux.

Des barrages filtrants se sont formés à l'entrée de neuf établissements de la métropole bordelaise ce jeudi matin. À Cenon, Lormont, Floirac, Bordeaux ou encore Villenave-d’Ornon. Pas de blocage de l'entrée en classe, l'action des syndicats FSU, FO,CGT Educ’Action et Sud et de représentants parents d’élèves, se veut symbolique.

Elle vise à manifester leur opposition commune à l'instauration des groupes de niveau en français et en mathématiques en 6e et 5e à la rentrée 2024, puis en 4e et 3e un an plus tard. Le gouvernement vante un "choc des savoirs" destiné à élever le niveau des élèves. Faux, répond la FCPE. "Depuis trente ans, les études scientifiques montrent que ces groupes favorisent surtout les excellents élèves et pénalisent les autres", argumente Magali Della Sudda, représentante locale de la fédération. 

"On ne donne pas du temps aux élèves pour grandir"

Inefficace, la réforme risque d'aggraver les inégalités selon Magali Della Sudda : "Si vous concentrez les élèves en difficulté ensemble, le risque, c'est qu'ils perdent confiance en eux et en leurs capacités"."La volonté c’est de mettre en place une école à deux vitesses", prolonge Corrine Devaux, présidente de la FCPE 33. "On va séparer les élèves performants de ceux qu’on estime ne pas l’être dès dix ans. On ne donne pas du temps aux élèves pour grandir".

Avec l'instauration de groupes, l'organisation anticipe une détérioration du climat au sein des établissements. "Ça va créer de la pression et de l'insécurité dès l’entrée au collège", s'inquiète Corrine Devaux. 

Les collégiens ne sont pas toujours tendres entre eux. Il va y avoir une montée inexorable de la rivalité. Ça peut donner lieu à du harcèlement et généraliser une sorte de mal-être

Corrine Devaux

présidente de la FCPE 33

Autre sujet de préoccupation : l'impact de la réforme sur les emplois du temps des élèves.  "Ils vont avoir des journées décousues. Certains vont devoir rester plus longtemps dans l’établissement sans avoir de cours, alors qu’il manque déjà des salles de permanence dans beaucoup d’établissements". 

Une souplesse décriée

Le ministère de l'Education nationale a publié lundi une note détaillant les contours de la future réforme. Elle préconise notamment de limiter à quinze élèves les groupes qui comportent "un nombre important d'élèves en difficulté". Le document confirme qu'une certaine souplesse sera accordée aux équipes pédagogiques dans l'application de la mesure. 

"C’est une rupture d’égalité", commente la FCPE. "Si l’établissement est en centre-ville, il va réagir différemment d'un établissement rural dans lequel on a du mal à recruter des professeurs et où il y a un turn-over permanent".

De nombreuses zones d'ombre nécessitent encore des précisions estime Corinne Devaux. "On ne sait pas quels critères de modalités de passage d’un groupe à l’autre. C’est donné à la discrétion des équipes pédagogiques et des chefs d’établissements".

La fédération de parents d'élèves exige le retrait de la réforme, davantage d'embauches d'enseignants par collège et des revalorisations de salaire. Elle a exposé ses revendications au rectorat de Bordeaux au cours d'une rencontre au mois de février. Contacté à la mi-journée, ce dernier n'a pas pu répondre favorablement à nos demandes d'interview.

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