"Parfois la maison tremble par le bruit" : excédés par les nuisances sonores d'une entreprise, des riverains portent plainte

À Carbon-Blanc, près de Bordeaux, les riverains d’une entreprise d’engins de levage sont excédés. En dépit d’un arrêté préfectoral, leur voisin multiplie les nuisances et la pollution. Deux plaintes ont été déposées.

Ils sont à bout. Depuis près de huit mois, les riverains de l’entreprise Mediaco, à Carbon-Blanc, dans l'agglomération bordelaise, vivent au rythme du balai de camions. “C’est tous les matins, du lundi au samedi, dès 3 h 30. parfois la maison tremble, les objets tombent”, indique Julie Berne, une des riveraines. Pourtant, dans le secteur, un arrêté préfectoral interdit les nuisances sonores avant 7 h.

Baptême de grue avec DJ

Elle et ses filles ont vu leur petit paradis se transformer en enfer en quelques mois. “C’est du stress, il y a le bruit, la pollution. On se demande si le terrain est suffisamment solide”, explique-t-elle.

Nous avons deux petites filles de 4 et 6 ans qui vivent ça tous les jours.

Julie Berne

riveraine de l'entreprise Mediaco

Car au bruit s’ajoute la pollution, jusqu’ici quasi absente de ce quartier en bordure de forêt. “Quand nos enfants jouent dans le jardin à 17 h, ils se prennent la pollution des camions”, illustre Cynthia Piquet, une autre riveraine.

Des nuisances, jusqu’à l’invasion de leur vie privée. “Certains soirs, ils organisent des baptêmes de grues avec leurs clients. Ils filment dans nos jardins avec leurs téléphones portables”, explique la riveraine.

Des soirées professionnelles ou personnelles avec DJ qui ont déjà poussé la mairie à se déplacer pour faire arrêter les nuisances. Sans succès. “Ils ont recommencé juste après le départ du maire”.

"On n'aurait eu aucun motif"

Leur voisin, l’entreprise d’engin de levage Mediaco, a installé ses locaux il y a près de deux ans à quelques mètres de leur maison. Sans expliquer l’activité qu’ils allaient implanter. “On a eu une conversation entre voisins. On pensait vraiment avoir une réaction en leur parlant de nos nuisances. Mais en octobre, on a été très déçus quand on a compris qu’il n’y aurait aucune réaction”, regrette Cynthia Piquet.

Seule réaction connue de la part de l’entreprise, une circulaire qu’ils auraient “fait passer au sein des salariés pour qu’ils fassent plus attention”. 

En 2022, une demande préalable est pourtant déposée par Mediaco, lorsqu’elle rachète les locaux d’une ancienne laverie de verre. “Il n’y avait pas de permis de construire, seulement une demande préalable pour l’aménagement des bureaux, donc la métropole a validé”, indique le maire de Carbon-Blanc, Patrick Labesse.

On ne pouvait pas savoir les nuisances. Et même si cela avait été le cas, on n'aurait eu aucun motif pour les empêcher de s’installer.

Patrick Labesse

maire (DVG) de Carbon-Blanc

Impuissants et “en colère”, les riverains se sont rassemblés dans un collectif. Ils sont 17 à dénoncer les nuisances sonores et de pollutions, 29 pour atteinte à la vie privée. “Nous demandons simplement des aménagements, et une adaptation de leur activité à la loi”, explique Cynthia Piquet, qui reconnaît cependant “une très belle entreprise qui crée des emplois”. 

Plaintes et verbalisation

Suite aux multiples alertes des riverains, la mairie établit un diagnostic sonore sans appel. “Les nuisances sont largement au-delà des seuils réglementaires, en particulier entre 20 h et 7 h du matin”, indique Patrick Labesse, maire (DVG) de Carbon-Blanc.

Jouer les “intermédiaires” plus que les policiers, c’est la stratégie que veut aujourd'hui conserver la mairie. “On a fait une mise en demeure à laquelle ils n’ont pas répondu. Je les ai donc convoqués mardi 16 janvier pour évoquer ces questions”. Pour autant, si aucune avancée n’est constatée, la mairie pourrait durcir le ton. “Il y a une possibilité de verbalisation en fonction des textes à notre disposition”, indique Patrick Labesse. 

Les riverains, eux, ont déjà perdu patience. Deux plaintes vont être déposées, par deux riverains différents. “J’aimerais ne pas engorger les tribunaux avec ce genre d’affaire qui pourrait se régler entre adultes responsables, mais là, nous sommes face à un mur”, soupire Cynthia Piquet.

L'entreprise contactée par notre équipe de reportage n'a pas souhaité répondre.

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